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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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sauter de son propre chef vers la mort ? Mais pourquoi ?
    —    Pour protéger le secret, évidemment, suggéra Jaume. À part Robert de Sablé, il était sans doute le seul à savoir où se trouvaient les documents. Un mort ne parle pas.
    —    Ce qui m’étonne, dis-je, c’est que l’on n’ait pas exigé la même chose de Montbard. Sa mission était pourtant identique. On lui a ordonné de quitter le Temple puis de disparaître dès qu’il aurait remis la première part à dame Esclarmonde, mais pas de se suicider.
    —    Et tu es certain qu’il n’y avait nulle part où cacher les documents dans la fosse ? insista le Magister.
    —    J’ai cherché partout. Pas la plus petite crevasse. Rien. Il les a mis quelque part ailleurs puis est revenu dans le temple pour s’emmurer vivant.
    —    Bigre, fit Ugolin en grimaçant, il faut une satanée paire de couilles.
    —    Ou une peur terrible, compléta Guiburge.
    —    Surtout, de solides convictions. Je crains que nous devions poursuivre nos recherches à la pelle et à la pioche, soupirai-je.
    Sur le visage de Pierrepont, la déception était aussi visible que son nez. Tout comme moi, il avait cru toucher au but. Le fait de ne pas pouvoir remettre la seconde part au Lucifer pesait lourd sur son orgueil, lui dont toute la vie avait été marquée par le courage et la réussite. Il secoua sèchement la tête pour chasser ses idées noires.
    —    Alors, pardieu, c’est ce que nous ferons, répondit-il d’un ton déterminé en frappant son poing dans sa main ouverte. S’il le faut, nous creuserons jusqu’à ne plus avoir d’ongles.
    Il retira l’écu templier et l’autel reprit brusquement sa place, scellant à nouveau le frère Baroche dans son ultime repos. Puis il conclut le conseil selon les formes traditionnelles et nous quittâmes tous le temple sans trop savoir où nous en étions.
    D’une part, le cadavre du templier confirmait que la Vérité avait bien été livrée à Gisors et qu’elle s’y trouvait toujours. D’autre part, nous n’avions aucune idée de l’endroit où il l’avait cachée. Si elles n’avaient pas régressé, mes recherches n’avaient guère avancé.
    Nous eûmes beau creuser, racler, sarcler, filtrer, palper et gratter, jouer de la pelle et de la pioche jusqu’à avoir les bras et le dos en feu, au bout de deux semaines supplémentaires, personne n’avait identifié la moindre trace d’une cache, qu’elle soit souterraine ou non. J’étais si épuisé par le manque de sommeil et la dureté des travaux que même la pensée de Guiburge et de son entrecuisse chaud et accueillant ne suffisait pas à me rendre un peu d’énergie. Cela faisait d’ailleurs mon affaire puisque je pouvais ainsi penser à Cécile sans éprouver trop de culpabilité.
    Le découragement et une certaine résignation finirent inévitablement par s’installer parmi nous, comme le confirmèrent les quelques conseils tenus dans le temple. Nous devions nous rendre à l’évidence : si la chapelle n’ayant jamais vu la Lumière existait, son entrée était introuvable. Pourtant, aucun de nous n’était prêt à déposer les armes. Nul n’en avait le droit. Pierrepont faisait preuve d’une admirable obstination et refusait tout simplement d’abandonner. Lors d’une assemblée, il entra dans une colère noire.
    —    Je suis Magister de cet Ordre, éclata-t-il en ponctuant ses paroles de coups de poing sur le bras de son fauteuil, et je refuse de croire que nous soyons trop bêtes pour retrouver la Vérité alors même que le Lucifer se présente pour que nous la lui remettions ! Pardieu, pas de mon vivant !
    —    Sire Alain, dit prudemment Thury, familier avec la furie que l’homme pouvait déployer, le moindre recoin de la forteresse a été fouillé deux fois plutôt qu’une et nous n’avons pas trouvé la plus petite trace d’une cache. Ni sous le donjon, ni sous la muraille, ni sous la résidence de sire Jehan. Les fondations de toutes les tours de garde ont été inspectées, elles aussi, sans plus de succès. Peut-être devons-nous nous rendre à l’évidence et accepter que la seconde part soit perdue.
    —    Alors, c’est que nous regardons au mauvais endroit ! tonna Pierrepont. Le message de Baroche dit bien qu’il a laissé les documents ici, à Gisors ! Et nous savons maintenant que lui-même n’a jamais quitté la forteresse ! Alors, par le foutre du diable, c’est qu’elle

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