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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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maîtrisé l’assassin.
    —    Qui es-tu ? demanda Pierrepont.
    —    Gontier, sire, répondis-je en adoptant un air soumis.
    —    Mais encore ?
    —    J’étais à Castelnaudary, ajoutai-je, sachant que le mensonge le plus crédible était celui qui s’approchait de la réalité. Je suis descendu dans le Sud au printemps dernier à la tête d’une dizaine d’hommes. Ma quarantaine est terminée et je retourne chez moi.
    —    Et où sont-ils, ces hommes ?
    —    Morts, tous autant qu’ils sont.
    Il toisa ma senestre gantée et releva le sourcil.
    —    Une épée me l’a fendue, expliquai-je en devançant sa question. Je crois bien que je ne pourrai plus jamais combattre.
    —    Dommage, tu sembles savoir y faire. Même si tu ne portes qu’une dague, comme l’autre. Ne serais-tu pas de mèche avec lui ?
    —    Non, sire, répondis-je, le mensonge me venant tout naturellement. J’étais en train de lutiner une godinette non loin de là quand j’ai vu cet homme se diriger vers votre camp, dague au poing. Je savais que les gens de votre délégation étaient importants. Alors je l’ai suivi, soupçonnant quelque manigance. Dans mon empressement, j’ai dû laisser tomber mon épée sans m’en rendre compte. À cette heure, la puterelle l’aura sans doute déjà vendue.
    Pierrepont me toisa longuement, l’air suspicieux, puis il sembla se décider à me faire confiance. Son visage s’éclaira d’un large sourire et il se mit à rire à gorge déployée.
    —    Renoncer à un entrejambe par devoir ! Ventre-Dieu ! Voilà un homme qui mérite le respect ! Lâchez-le !
    On me libéra et je fis rouler mes épaules pour chasser les crampes causées par la torsion dont elles avaient été victimes. Je notai que les gardes demeuraient tout près de moi, prêts à intervenir à la moindre alerte. Pierrepont me passa le bras autour du cou et me secoua avec enthousiasme.
    —    Désormais, tu voyageras avec nous. Le petit délicat n’a plus de gardes. Puisque sa vie t’est si précieuse, je te le confie.
    —    C’est. trop d’honneur, sire.
    —    Nenni ! Tu es un véritable donum dei 4 . J’espère seulement que tu apprécies la musique et la poésie !
    Cette fois, ses hommes éclatèrent franchement de rire.
    —    Je vais aller chercher mon cheval et mes effets, dis-je.
    —    Attends !
    Je m’immobilisai. Il rentra dans sa tente et en ressortit avec, en main, une livrée rouge et blanche.
    —    Tu porteras ceci.
    En essayant de masquer mon dégoût, j’acceptai les couleurs de Simon de Montfort.
    3
    Émasculé.
    4
    Don de Dieu.

Chapitre 9 Confiance
    Hébété par la tournure des événements, je retournai auprès de Pernelle et d’Ugolin. J’entendis à peine les propositions que m’adressèrent les marchands et les putains. J’enjambai les gens endormis sans vraiment les voir. Tout s’était passé si vite. J’étais parti avec l’idée d’éliminer les témoins gênants pour pouvoir observer librement le jeune Montfort et en apprendre un peu plus sur les raisons de sa présence. Et non seulement revenais-je porteur de la livrée de la famille honnie et chargé de veiller sur la progéniture de mon ennemi, mais j’étais aussi rentré dans les bonnes grâces d’Alain de Pierrepont. Tout cela dépassait mes espérances. En quelques minutes, j’avais également retrouvé puis perdu Jaume de Montdidier, que je ne croyais jamais revoir. Pire encore, j’avais dû l’empêcher de mener à bien une mission avec laquelle j’aurais été en parfait accord la veille.
    Lorsque j’arrivai enfin auprès de mes camarades, ils parurent soulagés de me revoir.
    —    Alors ? s’enquit anxieusement le Minervois lorsqu’il me vit apparaître.
    Je me laissai tomber lourdement sur le sol près du feu et me frottai le visage pour chasser ma torpeur.
    —    Ugolin m’a raconté pour Jaume, dit Pernelle.
    —    Foutre de Dieu. soupirai-je, las. Les choses vont trop vite pour le pauvre d’esprit que je suis.
    Je leur relatai le retournement de situation en retirant mon surcot en lambeaux. Puis je passai la livrée de notre ennemi par-dessus ma cotte de mailles, ce qui ne manqua pas de leur faire écarquiller les yeux.
    —    Alors, tu vas vraiment voyager avec le fils Montfort ? demanda mon amie, dégoûtée.
    —    N’est-ce pas risqué ? renchérit Ugolin.
    —    Ce sera délicat, assurément, mais s’il a sans

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