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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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d’art qu’il ramena à Rome. Des statues inestimables
arrivèrent en morceaux. L’or des vases avait été enlevé, les bijoux des
coffrets arrachés. Les objets précieux en verre étaient en miettes.
    Fabius
secoua la tête de dégoût. Pour un patricien, un scandale vieux d’un siècle
avait la même importance qu’un scandale du jour.
    — Le
vieux Mummius est devenu Mummius le Fou, le Barbare, vu qu’il était aussi
triste qu’un Thrace ou un Gaulois. La famille ne s’est jamais vraiment débarrassée
de cette souillure.
    — Et
Crassus reconnaît la valeur de Marcus Mummius ?
    — C’est
son bras droit, je te l’ai dit.
    J’acquiesçai
de la tête.
    — Et
toi ? Qui es-tu, Faustus Fabius ?
    Je
le fixai, essayant de déchiffrer sa physionomie féline. Il répondit à mon
inspection par une expression mi-sourire, mi-rictus.
    — Disons
le bras gauche de Crassus, répondit-il.
    Nous
venions d’atteindre la crête. La route continuait en terrain plat. À travers
les arbres, j’apercevais par instants la mer et, au loin, les toits d’argile de
Pouzzoles, rutilant comme de minuscules perles rouges. Apparemment, nous
traversions une immense propriété. Nous longions des tonnelles et des champs
cultivés. Mais je ne repérai aucun esclave au travail.
    Nous
atteignîmes un chemin plus petit qui obliquait vers la droite. Deux colonnes se
dressaient de chaque côté. Peintes en rouge, elles étaient surmontées d’une
tête de taureau en bronze avec un anneau dans les naseaux. De part et d’autre,
le terrain était boisé, mais relativement sauvage. Le chemin redescendait en
pente douce vers la côte. Puis la route vira brusquement en contournant un gros
rocher. Les arbres et les fourrés s’effacèrent soudain pour révéler l’imposante
façade d’une villa.
    Le
toit était constitué de tuiles d’argile. Elles étaient d’un rouge flamboyant
sous l’effet du soleil. Les murs étaient couleur safran. La partie centrale de
la maison s’élevait sur deux étages. Deux ailes la prolongeaient : l’une
vers le nord et l’autre vers le sud. Nous arrêtâmes nos montures dans la cour.
Deux esclaves se précipitèrent pour nous aider à mettre pied à terre et
conduire les chevaux vers les écuries proches. Eco épousseta sa tunique, puis
regarda tout autour de lui, les yeux ébahis. Faustus Fabius nous entraîna vers
le portail. Des couronnes funéraires de cyprès et de pin ornaient les hautes
portes en chêne.
    Fabius
frappa. La porte s’entrouvrit à peine. Un œil regarda qui arrivait. Alors elle
s’ouvrit largement. L’esclave qui venait de tirer le battant ne se montra pas
et resta tapi dans l’ombre du portail. D’un geste, Fabius nous invita à le
suivre en silence. Pour mes yeux habitués au soleil, le corridor semblait assez
sombre. De chaque côté du couloir, je vis les masques de cire des ancêtres de
la maison dans leurs niches.
    Le
corridor sombre déboucha dans l’atrium. Un portique à colonnade entourait la
pièce carrée. Des allées pavées serpentaient dans un jardinet, légèrement en
contrebas. Au centre se dressait une petite fontaine. Un faune de bronze
rejetait la tête en arrière alors que de minuscules jets d’eau jaillissaient de
son corps. L’ouvrage était admirable. La créature semblait vivante, prête à
bondir et à danser. Quant au bruit de l’eau, on aurait dit un rire. A notre
approche, deux oiseaux jaunes qui se baignaient dans le petit bassin s’envolèrent.
Ils volèrent en cercles autour des sabots du faune, puis se perchèrent un
instant sur la balustrade du balcon.
    Je
les regardai s’évanouir dans l’azur, avant de baisser les yeux vers le jardin.
C’est alors que je l’aperçus : à l’autre extrémité de l’atrium, un corps
reposait sur une grande bière funéraire.
    Fabius
traversa le jardin. Il s’arrêta juste pour plonger ses doigts dans le bassin du
faune. Puis il les porta à son front. Eco et moi suivîmes son exemple. Puis
nous le rejoignîmes près du corps.
    — Lucius
Licinius, dit Fabius à voix basse.
    Le
défunt avait dû être très riche. Ou bien un homme à la bourse bien fournie
organisait ses funérailles. Même les familles les plus fortunées étaient déjà
bien heureuses lorsqu’elles pouvaient allonger leurs morts sur des lits de bois
à pieds d’ivoire et peut-être à motifs décoratifs également en ivoire. Mais ce
lit était entièrement en ivoire, de la tête au pied. J’avais entendu parler

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