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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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SALUE SON CHER COLONUS.
    La douleur partagée.
     
    J’approuve vivement la profonde douleur dont vous afflige la mort de Pompéius Quintianus, et qui prolonge par vos regrets votre affection pour l’ami perdu ; vous ne ressemblez pas à la plupart des hommes, qui n’aiment que les vivants, ou plutôt qui feignent de les aimer et même ne feignent cet amour qu’à l’égard de ceux qu’ils voient en pleine prospérité. Car ils confondent dans le même oubli les malheureux et les morts. Mais vous, votre fidélité est à l’épreuve du temps et votre constance en amitié est telle qu’elle ne peut finir que par votre propre mort. D’ailleurs Quintianus méritait cette affection dont il donnait le premier l’exemple. Il aimait les heureux, soutenait les malheureux, regrettait les disparus. Quel air de dignité sur son visage ! Quelle réserve dans la conversation ! Quel juste équilibre de gravité et d’affabilité, quelle passion pour les lettres ! quel goût ! Avec quelle piété filiale il vivait auprès d’un père qui lui ressemblait si peu ! Comme sa conduite d’excellent fils ne nuisait en rien à sa réputation d’homme excellent ! Mais pourquoi aviver votre chagrin ? Pourtant vous l’aimiez assez de son vivant pour préférer à son sujet l’éloge au silence, surtout de ma part, puisque vous jugez ma louange capable d’embellir sa vie, de prolonger sa mémoire, et de lui rendre même cette fleur de jeunesse à laquelle il vient d’être enlevé. Adieu.
     
    X. – C. PLINE SALUE SON CHER TACITE.
    Occupations de Pline à la campagne.
     
    Je désirerais obéir à vos prescriptions. Mais il y a une telle pénurie de sangliers, qu’il n’est pas possible que Minerve et Diane, qui, selon vous, doivent être honorées toutes deux ensemble, arrivent à s’entendre {67} . Il faut donc se contenter de servir Minerve, avec ménagement toutefois, comme il sied à la campagne et en été. En chemin j’ai lâché la bride à quelques bagatelles, bonnes à effacer aussitôt, avec le laisser-aller des conversations que l’on tient en voiture. J’y ai un peu ajouté une fois dans ma villa, n’ayant rien de mieux à faire. Aussi ai-je laissé dormir les poèmes, qui, dites-vous, ne peuvent s’achever nulle part plus heureusement que parmi les forêts et les bois sacrés. J’ai retouché un ou deux menus discours ; mais ce genre de travail, sans agrément, sans charme, tient plus des fatigues que des plaisirs de la campagne. Adieu.
     
    XI – C. PLINE SALUE SON CHER GEMINUS.
    Les libraires de Lyon.
     
    J’ai reçu votre lettre avec d’autant plus de plaisir que vous y exprimez le désir de recevoir quelque chose de moi, pour l’insérer dans vos ouvrages. Je trouverai un sujet, soit celui que vous m’indiquez, soit quelqu’autre qui sera préférable. Il y a dans le vôtre quelques dangers d’offense ; regardez bien de tous côtés, et ils vous frapperont.
    Je ne pensais pas qu’il y eût des libraires à Lyon {68} , aussi ai-je été d’autant plus heureux d’apprendre par votre lettre que mes ouvrages y sont mis en vente ; je suis charmé qu’ils gardent dans ces pays étrangers la faveur qu’ils ont acquise à Rome. Je commence à croire assez parfaits des ouvrages, sur lesquels des hommes de contrées si éloignées les unes des autres portent le même jugement. Adieu.
     
    XII. – C. PLINE SALUE SON CHER JUNIOR.
    Sévérité d’un père.
     
    Un père réprimandait vivement son fils parce qu’il dépensait un peu trop en achats de chevaux et de chiens. Après le départ du jeune homme je lui dis : « Eh quoi ! vous même, n’avez-vous jamais rien fait qui pût être repris par votre père ? Avez-vous fait, ou plutôt ne faites-vous pas parfois des actions que votre fils, si lui devenait tout à coup le père et vous le fils, pourrait blâmer avec une égale sévérité {69} . Tous les hommes n’ont-ils, pas leur faible ? N’est-ce pas que l’un se pardonne telle fantaisie, l’autre telle autre ? » Je vous fais part de ces réflexions, que m’a inspirées cet exemple de sévérité excessive, au nom de notre mutuel attachement, pour que vous-même par hasard vous ne traitiez pas aussi votre propre fils avec trop de rigueur et de dureté. Pensez que c’est un enfant, que vous l’avez été et usez de votre qualité de père, en vous souvenant que vous êtes un homme et le père d’un homme. Adieu.
     
    XIII. – C. PLINE SALUE SON CHER QUADRATUS.
    La

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