Lettres - Tome II
votre affranchi et votre intendant, seigneur, m’affirme qu’outre les dix gardes du corps que j’ai donnés, sur votre ordre, à l’excellent Gemellinus, il lui faut pour lui aussi des soldats. J’ai cru devoir lui en laisser de ceux que j’avais déjà trouvés attachés à son service, surtout le voyant partir pour s’approvisionner de blé en Paphlagonie. Et même j’y ai ajouté pour sa garde, deux cavaliers, selon son désir. Pour l’avenir je vous prie de me dire quelle conduite je dois tenir.
XXVIII. – TRAJAN À PLINE.
Approbation de l’empereur.
Pour le présent, comme Maxime, mon affranchi, partait pour faire des provisions de blé, vous avez eu raison de lui donner des soldats ; car il accomplissait justement une mission extraordinaire. Quand il sera revenu à ses premières fonctions, il aura assez des deux soldats que vous lui avez donnés, et des deux qu’il a reçus de Virdius Gemellinus, mon intendant, dont il est le collaborateur.
XXIX. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Consultation.
Sempronius Celianus, jeune homme plein de distinction, ayant trouvé deux esclaves parmi les recrues, me les a envoyés. Mais j’ai différé leur supplice, pour vous consulter, vous le fondateur et le soutien de la discipline militaire, sur la nature de la peine. J’hésite en effet surtout parce que, s’ils avaient déjà prêté le serment militaire, ils n’étaient cependant encore versés dans aucun corps de troupes. Je vous prie donc, seigneur, de m’indi-quer le parti à prendre, surtout qu’il y va de l’exemple.
XXX. – TRAJAN À PLINE.
Éclaircissement donné par le prince.
C’est sur mon ordre que Sempronius Celianus vous a envoyé les hommes au sujet desquels il faudra décider s’ils paraissent avoir mérité la peine de mort. Or il importe de savoir s’ils se sont présentés volontairement, s’ils ont été choisis, ou s’ils ont été donnés comme remplaçants. Si on les a choisis, la faute retombe sur le service de recrutement ; s’ils ont été donnés en remplacement, les coupables sont ceux qui les ont donnés ; s’ils sont venus d’eux-mêmes, avec la pleine connaissance de leur condition, c’est contre eux qu’il faudra sévir. Il importe peu en effet qu’ils n’aient encore été versés dans aucun corps : car du jour où ils ont été agréés, ils devaient la vérité sur leur origine {103} .
XXXI. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Consultation au sujet de certains condamnés.
Sans déroger à votre grandeur, il faut, seigneur, que vous descendiez jusqu’à mes inquiétudes, puisque vous m’avez donné le droit de vous consulter sur mes doutes. Dans la plupart des villes, en particulier à Nicomédie et à Nicée, des hommes condamnés soit aux travaux forcés, soit aux jeux du cirque, soit à d’autres peines du même genre, remplissent le rôle et la fonction d’esclaves publics, et même, à ce titre, reçoivent un salaire. Quand je l’ai appris, j’ai beaucoup hésité sur ce que je devais faire. Car les rendre au supplice après un long temps, alors que la plupart sont arrivés à la vieillesse, et que leur conduite, m’assure-t-on, est rangée et honnête, m’a paru bien sévère ; maintenir dans des emplois publics des hommes condamnés, m’a semblé peu convenable ; en revanche les nourrir aux frais de l’état dans l’oisiveté, était inutile ; et ne pas les nourrir, était même dangereux. J’ai donc, par force, en attendant de vous consulter, laissé toute l’affaire en suspens. Vous allez peut-être demander comment ils ont pu échapper aux peines auxquelles ils avaient été condamnés. Moi aussi je l’ai recherché ; mais je n’ai rien trouvé que j’ose vous assurer. On m’a bien présenté les sentences de leur condamnation, mais aucun document qui prouvât leur libération. Cependant certains m’ont dit que, sur leurs pressantes supplications, les proconsuls ou les légats avaient ordonné de les relâcher. Ce qui donnait créance à ce bruit, c’est que, vraisemblablement, personne n’eût osé agir ainsi sans en avoir reçu l’ordre.
XXXII. – TRAJAN À PLINE.
Éclaircissement.
Souvenons-nous que vous avez été envoyé dans la province où vous êtes, parce qu’il y est apparu beaucoup d’abus à réformer. L’un des premiers à réprimer, c’est que des hommes condamnés à la peine capitale, non seulement en aient été libérés, sans ordre
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