Lettres - Tome II
suite, après avoir passé le cap Malée. Quoique je sois retenu par des vents contraires, je me dispose maintenant à regagner mon gouvernement, tantôt par bateaux côtiers, tantôt par voitures. Car, si le voyage par terre est rendu pénible par les chaleurs, les vents étésiens empêchent de faire tout le trajet par mer.
XVI. – TRAJAN À PLINE.
Approbation.
Vous avez bien fait de me donner de vos nouvelles, mon cher Pline. Car il importe à mon affection de savoir par quelle voie vous vous rendez dans votre gouvernement. Et c’est une sage décision d’user tantôt de vaisseaux, tantôt de voitures, selon que les lieux vous y invitent.
XVII a. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Il lui mande son arrivée en Bithynie et en quel état il a trouvé cette province.
Si ma navigation, seigneur, avait été excellente jusqu’à Éphèse, en revanche, dès que j’ai voulu voyager en voiture, les chaleurs excessives et même des accès de fièvre m’ont fatigué et j’ai dû m’arrêter à Pergame. Je n’ai guère été plus heureux, quand je suis passé sur les bateaux côtiers ; car, retenu par des vents contraires, je suis entré en Bithynie un peu plus tard que je ne l’avais espéré, c’est-à-dire le quinzième jour avant les calendes d’octobre {97} . Je ne puis pas pourtant me plaindre de retard, puisqu’il m’a été donné, ce qui était mon vœu le plus ardent, de célébrer votre anniversaire dans ma province. Je scrute en ce moment les affaires de l’état des Prusiens, ses dépenses, ses revenus, ses débiteurs. Plus je les examine, plus j’en comprends la nécessité. En effet des sommes nombreuses sont, sous divers prétextes, indûment retenues par des particuliers ; d’autres sortent du trésor pour des dépenses qui n’ont rien de régulier. Je vous écris cela, seigneur, dès mon arrivée.
XVII b. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Premières mesures à prendre.
C’est le quinzième jour avant les calendes d’octobre que je suis entré dans la province, et je l’ai trouvée dans les sentiments de soumission et de fidélité envers vous, que vous méritez de tout le genre humain. Voyez, seigneur, si vous jugez nécessaire d’envoyer ici un ingénieur. Il semble que l’on peut faire restituer des sommes importantes par les entrepreneurs, si l’on contrôle exactement leurs travaux. Voilà du moins mon avis d’après l’examen des finances des Prusiens que je poursuis avec Maxime.
XVIII. – TRAJAN À PLINE.
Encouragement flatteur.
J’aurais souhaité que vous fussiez arrivé en Bithynie sans ennui pour votre constitution délicate, ni pour vos gens, et que votre voyage à partir d’Éphèse eût été aussi heureux que votre navigation jusque-là. J’ai appris par votre lettre, mon bien cher Secundus, le jour de votre arrivée en Bithynie. Les habitants de votre province comprendront bientôt, je pense, que je me suis préoccupé de leur bonheur. Car vous vous appliquerez, je suis sûr, à rendre évident à leurs yeux, que je vous ai choisi pour me remplacer auprès d’eux {98} . Vous aurez avant tout à éplucher les comptes de ces états : car il est clair qu’ils sont lésés. Quant aux ingénieurs j’en ai à peine assez pour les travaux qui s’exécutent à Rome ou dans les environs. Mais dans toute la province on trouve des hommes à qui l’on peut se fier ; vous n’en manquerez donc pas, si vous vous donnez bien la peine d’en chercher.
XIX. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Difficulté à résoudre.
Je vous prie, seigneur, de m’éclairer de vos conseils dans un doute : dois-je faire garder les prisons dans chaque ville par ses esclaves publics, comme on l’a pratiqué jusqu’ici, ou par des soldats ? Je crains en effet que les esclaves publics ne fassent une garde peu sûre, que d’autre part ce soin ne distraie un nombre important de soldats. En attendant une décision, j’ai ajouté quelques soldats aux esclaves. Mais j’y vois un danger, c’est que cette précaution même ne devienne une cause de négligence pour tous, en leur fournissant l’espérance de pouvoir rejeter les uns sur les autres une faute commune.
XX. – TRAJAN À PLINE.
Solution.
Il n’est pas nécessaire, mon très cher Secundus, de transformer de nombreux soldats en gardiens de prisons. Tenons-nous en à la coutume, observée dans la province où vous êtes, d’en confier la garde à des esclaves
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