Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Lettres

Titel: Lettres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frida Kahlo
Vom Netzwerk:
continué, quoiqu’un peu moins fort   ; après, on m’a donné de la cocaïne et ça m’a un peu passé, mais j’ai eu des nosées (je sais pas comment ça s’écrit) toute la journée, j’ai vomi du vert, rien que de la bile, parce que figure-toi que le lendemain du jour où Mati est venue me voir, c’est-à-dire samedi soir, maman a fait une crise, c’est moi la première qui l’ai entendue hurler et, comme je dormais, j’ai oublié un instant que j’étais malade et j’ai voulu me lever, mais j’ai senti une douleur atroce au niveau des reins et une angoisse tellement abominable que tu ne peux même pas l’imaginer, Alex, je voulais me mettre debout mais j’en étais incapable, alors j’ai crié pour appeler Kity, ça m’a fait du mal et maintenant je suis sur les nerfs. Je te disais donc que j’ai passé la nuit dernière à vomir, je me sentais horriblement malade. Villa est venu me voir mais on ne l’a pas laissé entrer dans ma chambre car je souffrais trop. Verastigué aussi est venu, mais lui non plus je ne l’ai pas vu. Ce matin, au réveil, j’avais une inflammation là où je me suis fracturé le pelvis (je déteste ce mot), je ne savais plus quoi faire, dès que je buvais de l’eau, je la vomissais, parce que j’avais l’estomac en feu d’avoir tant hurlé hier. Maintenant, j’ai seulement mal à la tête mais, tu peux me croire, j’en ai marre de passer tout ce temps au lit et toujours dans la même position   ; j’aimerais arriver à m’asseoir, petit à petit, mais c’est peine perdue.
    Les gens qui me rendent visite sont plutôt nombreux, mais ça ne représente même pas un tiers de ceux que j’aime le plus   ; un tas de vieilles et de jeunes filles qui viennent plus par curiosité que par amitié   ; quant aux garçons, tu peux imaginer qui ils sont… Mais même quand je suis avec eux je m’ennuie   ; ils fouillent dans tous les tiroirs, ils veulent m’apporter un tourne-disque   ; figure-toi que la blonde Olaguíbel m’a apporté le sien et samedi, Lalo Ordóñez est rentré du Canada, il a ramené des disques vraiment chouettes des États-Unis, mais je ne supporte pas plus d’un morceau, au deuxième, j’ai mal au crâne   ; les Galán viennent presque tous les jours, ainsi que les Campos, les Italiens, les Canet, et cetera, tout Coyoacán   ; parmi les plus sérieux, il y a Patiño et Chava, qui m’apporte des livres comme Les trois Mousquetaires , et cetera, tu imagines comme ça me fait plaisir   ; j’ai déjà dit à ma mère et à Adriana que je veux que vous veniez, vous, c’est-à-dire toi et la bande (j’oubliais)… Écoute-moi bien, Alex, je veux que tu me dises quand tu vas venir, pour mettre à la porte toutes les emmerdeuses qui voudront débarquer ce jour-là, parce que c’est avec toi que je veux parler, avec toi et personne d’autre. S’il te plaît, dis à Chong Lee (le prince de Mandchourie) et à Salas que j’ai très envie de les voir, eux aussi, alors qu’ils arrêtent de se faire prier   ; pareil pour Reyna, sauf que je ne voudrais pas qu’elle se pointe le même jour que toi, parce que devant elle je ne me sentirais pas libre de vous parler, à toi et aux garçons   ; mais si c’est plus facile de venir avec elle, tu sais que pour te voir je suis même prête à recevoir la puper Dolores Angela…
    Alex, viens vite, le plus vite possible, ne sois pas méchant avec ta petite qui t’aime tant.
    Frieda
    *
    5 novembre 1925
     
    Alex,
    Tu vas dire que je ne t’ai pas écrit parce que je t’ai oublié, mais pas du tout   ; la dernière fois que tu es venu, tu m’as dit que tu reviendrais très vite, un de ces jours, n’est-ce pas   ? Depuis, je n’ai fait qu’attendre ce jour qui n’est toujours pas venu…
    Pancho Villa est passé dimanche, mais F. Lune n’arrive toujours pas et je suis en train de perdre espoir. Je suis enfin assise dans un fauteuil et le 18 on va probablement me mettre debout, mais je n’ai la force de rien, alors va savoir ce qui va m’arriver   ; mon bras n’a pas bougé (ni en avant ni en arrière), je suis bougrement désespérée avec un d comme dentiste.
    Viens me voir, allez, sois gentil, c’est à peine croyable   : maintenant que j’ai le plus besoin de toi, voilà monsieur qui joue la fille de l’air. Dis à Chong Lee de se souvenir de Jacobo Valdés, qui a si joliment dit que c’est au lit et en prison qu’on reconnaît ses amis. Quant à toi, je t’attends et

Weitere Kostenlose Bücher