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Lettres

Titel: Lettres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frida Kahlo
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l’ont été toutes les autres, et je refuse de n’être pour lui qu’un problème d’argent. Voilà donc ce qu’est ma vie à l’heure actuelle. J’ignore de quoi demain sera fait, mais je sens que le seul remède est de me séparer de Diego, car je ne vois pas de raison à vivre ensemble si c’est pour l’embêter et le priver de la totale liberté qu’il exige. Je ne veux pas non plus lui rendre la vie impossible, comme Lupe l’avait fait, à coups de procès, alors je le laisse vivre et moi, avec tous mes préjugés bourgeois sur la fidélité, etc. etc., je m’en irai voir ailleurs. Vous ne trouvez pas que c’est ce qu’il y a de mieux à faire   ?
    Je vous supplie de ne rien dire à Malú   ; si elle est déjà au courant, comme je l’imagine car Diego a tout déballé sur la place publique, laissez-la ruminer ses propres commentaires. Je veux que personne ne sache rien et que chacun s’imagine ce qu’il veut.
    J’ignore ce que vous allez penser de moi, mais tout ce que je vous ai raconté là, je l’ai fait avec la main sur le cœur.
    Vous ne prendrez parti ni pour moi ni pour Diego, vous comprendrez juste pourquoi j’ai tant souffert et, si vous avez un petit moment, vous m’écrirez, n’est-ce pas   ? Vos lettres seront un immense réconfort et je me sentirai moins seule.
    Je vous envoie mille baisers, et surtout ne me prenez pas pour une enquiquineuse sentimentale, idiote par-dessus le marché, car vous savez à quel point j’aime Diego et ce que cela signifie pour moi de le perdre.
    Frieda
     
    Mon adresse   : Insurgentes 432. Mexico City.

Lettres au docteur Leo Eloesser
    Mexico, 24 octobre 1934
     
    (…) J’ai tellement souffert ces derniers mois qu’il va me falloir du temps pour m’en remettre, mais j’ai fait tout mon possible pour oublier ce qui s’est passé entre Diego et moi et pour vivre à nouveau comme avant…
    (…) J’ai toujours mal au pied, mais c’est sans espoir et il faudra bien que je me décide un jour à me le faire couper pour qu’il arrête de m’en faire voir de toutes les couleurs (…)
    *
    13 novembre 1934
     
    (…) Je crois qu’en travaillant j’oublierai mes peines et je pourrai être un peu plus heureuse (…) Si seulement je pouvais me débarrasser au plus vite de cette neurasthénie stupide et avoir une vie un peu plus normale, mais vous savez à quel point c’est difficile pour moi. Il va me falloir de la volonté pour retrouver ne serait-ce que l’enthousiasme de peindre ou de faire n’importe quoi d’autre. Aujourd’hui, c’était la Saint-Diego, nous étions contents. Pourvu qu’il y ait des tas d’autres jours semblables dans ma vie (…)
    *
    Mexico, 26 novembre 1934
     
    (…) je suis dans un tel état de tristesse, d’ennui, et cetera, et cetera, que je ne peux même pas faire un dessin. Avec Diego, la situation empire de jour en jour (…) Après avoir sombré durant des mois dans le tourment, j’ai pardonné à ma sœur. J’avais cru qu’ainsi les choses allaient changer un peu, mais c’est tout le contraire.

Lettre à Diego Rivera
    23 juillet 1935
     
    (…) Une certaine lettre que j’ai trouvée par hasard dans une certaine veste d’un certain monsieur et qui lui avait été adressée par une certaine demoiselle de la lointaine et fichue Allemagne, que j’imagine être la dame que Willi Valentiner a eu la bonne idée d’envoyer ici pour qu’elle puisse s’amuser sous des prétextes « scientifiques », « artistiques » et « archéologiques », m’a mise hors de moi et a déchaîné, pour être franche, ma jalousie (…)
    Faut-il que je sois une vraie tête de mule pour ne pas comprendre que les lettres, les histoires de jupons, les maîtresses… d’anglais, les Gitanes qui jouent les modèles, les assistantes de « bonne volonté », les disciples intéressées par « l’art de la peinture » et les « envoyées plénipotentiaires de lointaines contrées » ne sont qu’un amusement et que dans le fond toi et moi nous nous aimons largement , et que nous avons beau enchaîner les aventures, les claquements de porte, les insultes et les plaintes internationales, nous nous aimerons toujours. Je crois qu’en fait je suis un peu bête et chienne sur les bords, car toutes ces choses sont arrivées et se sont répétées durant les sept ans où nous avons vécu ensemble, et toutes mes colères ne m’ont conduite qu’à mieux comprendre que je t’aime plus que ma propre peau, et bien

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