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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Charles.
    — Méchant ? Je suis son geôlier, pas sa nourrice.
    — Et lui est un génie. Il pense qu’il est en train de
réaliser un calice de messe pour moi. Il n’a aucune idée de l’importance de son
travail. Il ne craint rien d’autre que toi. Alors fais en sorte qu’il conserve
sa gaieté et son entrain.
    Le balafré s’éloigna de la porte.
    — Mais suppose qu’ils trouvent le vrai Graal ?
    — Qui ? L’archer anglais a disparu et cet idiot de
moine ne le trouvera pas à Bérat. Il va simplement agiter un peu de poussière.
    — Alors pourquoi l’avoir envoyé ?
    — Parce que notre Graal doit avoir un passé. Le
frère Jérôme va découvrir des histoires du Graal en Gascogne, et elles
constitueront notre preuve. Une fois qu’il aura annoncé que les documents sur
le Graal existent, nous emporterons notre coupe à Bérat et nous rendrons
publique sa découverte.
    Charles continuait de penser au vrai Graal.
    — J’avais cru comprendre que le père de l’Anglais avait
laissé un livre…
    — C’est vrai, mais nous ne pouvons rien en tirer. Ce
sont les gribouillis d’un fou.
    — Alors retrouve l’archer et brûle-le, en brûlant par
là même la vérité qu’il détient.
    — Nous le trouverons, promit le cardinal d’un ton
lugubre. La prochaine fois, c’est toi que je lâcherai sur lui, Charles. Alors
il parlera. En attendant, nous devons continuer d’observer, et par-dessus tout
nous devons continuer de… créer. Donc, protège Gaspard.
    — Je le protège maintenant et je le tue plus tard.
    Le jeune orfèvre génial allait fournir aux frères le moyen
d’atteindre le palais des Papes en Avignon. En remontant vers la cour, le
prélat pouvait déjà humer le parfum du pouvoir. Oui, il deviendrait pape.
     
    À l’aube de ce même jour, loin au sud de la tour solitaire
du Soissonnais, l’ombre du château de Castillon d’Arbizon avait recouvert les
rondins du bûcher préparé pour l’exécution de l’hérétique. Le bois avait été
soigneusement empilé, conformément aux instructions précises de frère Roubert.
Autour du petit bois, de la paille et du gros pieu auquel était fixée une
chaîne, on avait dressé quatre couches de fagots. Ils devaient bien brûler,
mais pas trop fort et sans fumée, afin que la population voie Geneviève se
tordre dans les flammes et constate que l’hérétique passait sous l’emprise de
Satan.
    L’ombre du château envahissait la rue principale presque
jusqu’à la porte occidentale où les sergents de ville, déjà déroutés par la
découverte du corps du guetteur mort sur le rempart, levaient les yeux vers la
masse du donjon que profilait le soleil levant. Un nouvel étendard flottait au
sommet. Au lieu d’arborer le léopard orange sur champ blanc de Bérat, il
exhibait un champ bleu, barré par une diagonale blanche ornée de trois étoiles
rouges. Trois lions jaunes occupaient le fond bleu, et ces bêtes farouches
apparaissaient et disparaissaient au gré des mouvements de la bannière dans le
vent paresseux.
    Lorsque les quatre consuls de la ville rejoignirent en hâte
les sergents près de la porte, ceux-ci purent enfin observer du mouvement sur
les remparts du château. Des hommes venaient d’apparaître au sommet de l’un des
bastions protégeant la porte de la forteresse. Ils basculèrent dans le vide
deux lourdes formes qui s’immobilisèrent brutalement au bout de leurs cordes.
Les observateurs pensèrent d’abord que la garnison faisait prendre l’air à sa
literie, mais ils comprirent rapidement que les masses étaient des cadavres. Et
ils ne tardèrent pas à reconnaître le châtelain et l’un de ses gardes. Leurs
corps suspendus près de la porte appuyaient le message délivré par la bannière
du comte de Northampton. Castillon d’Arbizon venait de changer de maître.
    Le premier à reprendre ses esprits fut Galat Lorret, le plus
vieux et le plus riche des consuls, celui-là même qui avait interrogé le
dominicain dans l’église la nuit précédente.
    — Un messager doit immédiatement partir pour Bérat,
gronda-t-il.
    Il demanda au greffier de la ville de rédiger une missive
pour le véritable seigneur de Castillon d’Arbizon.
    — Signale-lui que les troupes anglaises ont planté les
couleurs du comte de Northampton sur le château.
    — Tu les reconnais ? s’étonna un autre consul.
    — Elles ont flotté ici assez longtemps, répondit Lorret
amèrement.
    Effectivement, Castillon

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