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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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avait jadis appartenu aux Anglais
et payait alors des taxes à la lointaine Bordeaux. Mais la vague britannique
s’était retirée et le vieux marchand n’avait jamais imaginé revoir flotter la
bannière du comte sur sa ville. Il ordonna aux quatre rescapés de la garnison
de se préparer à porter le message du greffier jusqu’à Bérat. Trop saouls pour
quitter la taverne la nuit précédente, ils avaient ainsi échappé aux
assaillants. Lorret leur donna une paire de pièces d’or pour hâter leur
chevauchée. Puis, le visage décomposé, il remonta la rue en compagnie de ses
trois collègues consuls. Au passage, le père Médous et le prêtre de l’église Saint-Callic
voisine se joignirent à eux. Anxieux, voire paniqué, le petit peuple de la
ville se pressait derrière la délégation.
    Galat Lorret cogna du poing à la porte du château. Il avait
décidé d’affronter de face ces impudents envahisseurs. Il allait leur faire
peur, les menacer de siège et de famine, les sommer de quitter Castillon
d’Arbizon séance tenante. Au moment même où il passait en revue dans sa tête
tout ce qu’il allait leur dire, les deux battants de la grande porte
s’ouvrirent en grinçant et il se retrouva face à une dizaine d’archers anglais
coiffés d’acier et recouverts de mailles. À la vue des grands arcs et des
longues flèches, le premier consul recula involontairement d’un pas.
    Le jeune « dominicain » s’avança vers lui.
Cependant, ce n’était plus un moine vêtu de bure, mais un grand soldat en
haubergeon [15] de mailles. Il était tête nue et sa courte
chevelure noire donnait l’impression d’avoir été coupée au couteau. Il portait
des hauts-de-chausses noirs, de longues bottes de même couleur et une ceinture
en cuir pareillement teintée, dans laquelle étaient glissées une courte dague
et une grande épée. Autour du cou, il arborait une chaîne d’argent, signe de
son autorité. Après avoir dévisagé un à un les sergents et les consuls alignés,
il adressa un signe de tête à Lorret.
    — Nous n’avons pas été correctement présentés la nuit
dernière, sourit-il sarcastiquement, mais, assurément, vous vous souvenez de
mon nom. Maintenant, c’est votre tour de me révéler le vôtre.
    — Vous n’avez rien à faire ici ! aboya presque le
premier consul.
    Thomas leva les yeux vers le ciel. Il était pâle, presque
délavé, laissant penser qu’un temps froid pour la saison s’annonçait.
    — Mon père, reprit l’archer en s’adressant cette fois
au curé de Saint-Sardos, auriez-vous la bonté de traduire mes paroles pour que
tout le monde comprenne ce que je vais dire ?
    Puis il revint sur Lorret.
    — Si vous refusez de vous montrer sensé, je devrai ordonner
à mes hommes de vous tuer, et je discuterai alors avec vos compagnons. Quel est
votre nom ?
    — Vous êtes un dominicain ! s’exclama Lorret sur
un ton semi-accusateur.
    — Non, dit Thomas, je n’en suis pas un. Vous avez
simplement cru que je l’étais parce que je portais leur habit et que je savais
lire. Je suis le fils d’un prêtre, et c’est mon père qui m’a appris les
lettres. Maintenant, je répète une dernière fois : quel est votre
nom ?
    — Je suis Galat Lorret.
    Thomas fit un geste en direction des vêtements à bords
fourrés du marchand.
    — À votre habit, je déduis que vous détenez quelque
autorité ici…
    — Nous sommes les consuls de Castillon d’Arbizon,
précisa Lorret aussi dignement qu’il put.
    Ses trois autres collègues, tous ses cadets, essayaient de
ne pas montrer leur peur, un exercice délicat lorsqu’on fait face à une rangée
de flèches pointées droit sur soi.
    — Merci, répondit courtoisement Thomas. Et maintenant,
vous allez dire à vos concitoyens qu’ils ont l’heureuse fortune de repasser
sous l’autorité du comte de Northampton, et que Sa Seigneurie ne souhaite pas
que ses gens traînent dans la rue quand il y a du travail…
    Il fit un signe de tête au père Médous, qui gratifia la
foule attentive d’une traduction bégayante. Quelques protestations s’élevèrent ;
les présents devinaient sans peine que le changement d’autorité allait
inévitablement signifier plus de taxes.
    — Notre travail de ce matin, indiqua le premier consul,
c’est de brûler une hérétique…
    — Est-ce vraiment du travail ?
    — C’est le service de Dieu, considéra Lorret.
    Il haussa la voix pour continuer dans la langue

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