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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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l’autre côté de la
rivière.
    — Est-ce que je peux m’occuper du dîner ?
    — D’abord les flèches, Jake, répondit son chef. Le
dîner ensuite.
    Thomas se pencha sur un cheval mort et tailla dans sa chair
pour essayer de récupérer un barbillon. De son côté, messire Guillaume glanait
des pièces d’armure et prenait grèves, épaulières et cuissards [23] sur les morts. Un homme d’armes s’arrogea la cotte de mailles d’un cadavre. Les
archers avaient les bras pleins d’épées. Dix chevaux ennemis étaient soit
indemnes soit légèrement blessés et donc dignes d’être gardés. Tous les autres
étaient morts ou inutilisables. Sam s’occupait de ces derniers : il les
achevait d’un coup de hache de combat au milieu du front.
    La victoire était complète, comme Thomas l’avait souhaité.
Mieux encore, Robbie avait capturé celui qui était apparemment le chef du
groupe, un homme de grande taille, avec un visage rond et colérique luisant de
sueur.
    — C’est l’héritier de Bérat ! cria l’Écossais à
Thomas qui venait vers lui. Le neveu du comte, mais son oncle n’était pas ici.
    Joscelyn dévisagea Thomas. En voyant ses mains
ensanglantées, son arc et son carquois, il se dit que l’homme n’était pas noble
et il se tourna plutôt vers messire Guillaume, qui arrivait à son tour.
    — Commandez-vous ici ? lui demanda-t-il.
    Le Normand désigna Thomas du doigt.
    — Non, c’est lui.
    Joscelyn resta muet de stupéfaction, incapable de formuler
le moindre mot. Consterné, il se contenta de regarder ses hommes se faire dépouiller.
Seul vague réconfort au milieu de ce désastre, ses deux fidèles, Villesisle et
son compagnon, étaient l’un comme l’autre vivants, mais aucun des deux n’avait
été en mesure de se battre avec sa férocité coutumière, les flèches ayant très
vite abattu leurs montures sous eux. L’un des hommes du comte avait perdu sa
main droite. Un autre se mourait, une flèche plantée dans le ventre. Joscelyn
essaya de dénombrer les vivants et les morts. Apparemment, au regard de ce
décompte, il estima que six ou sept hommes étaient parvenus à s’échapper en
retraversant le gué.
    La bégharde pillait les morts avec ses compagnons d’armes.
Quand il comprit qui elle était, Joscelyn cracha par terre et se signa. Mais, à
son esprit défendant, il se révéla incapable de détacher ses yeux de la jeune
femme dans sa cotte de mailles argentée. Elle était, lui sembla-t-il, la plus
belle créature qu’il eût jamais vue.
    — Elle a déjà quelqu’un, ironisa sarcastiquement
Guillaume d’Evecque en remarquant le regard fixe du prisonnier.
    — Combien valez-vous ? lui demanda Thomas sans
ambages.
    — Mon oncle vous paiera une forte somme, répondit
froidement le jeune homme.
    S’il n’arrivait toujours pas à se convaincre que Thomas
était le commandant ennemi, il doutait surtout de l’envie de son oncle de payer
sa rançon. Mais il ne fallait assurément pas que ses ravisseurs le sachent, ni
qu’ils devinent que Sa Seigneurie de Béziers aurait beaucoup de mal à
rassembler plus d’une poignée d’écus. Son Béziers n’était pas la grande cité du
sud de la France, mais un pauvre ensemble de masures misérables en Picardie, et
ses gens auraient été bien en peine de payer même la rançon d’une chèvre
capturée. Les yeux toujours accrochés à Geneviève, il se prit à s’extasier sur
ses longues jambes et ses cheveux blonds.
    — Le diable était avec vous, pour nous battre, dit-il
amèrement.
    — Au combat, riposta Thomas, il est bon d’avoir des
alliés puissants.
    Le jeune archer se tourna vers le terrain jonché de
cadavres.
    — Dépêchez-vous ! lança-t-il à ses hommes. Il faut
que nous soyons rentrés à Castillon avant minuit !
    Ses soldats étaient de belle humeur. Tous se partageraient
une partie de la rançon de Joscelyn, même si Robbie s’adjugerait la plus grosse
part pour l’avoir capturé. Même les prisonniers de moindre importance rapporteraient
quelques pièces. En outre, ils avaient mis la main sur des heaumes, des armes,
des écus, des épées et des chevaux. Seuls deux Anglais avaient été blessés et
encore s’agissait-il de simples égratignures. On pouvait parler d’un après-midi
richement rempli. Les hommes allèrent récupérer leurs montures en riant. Ils
riaient encore en chargeant de butin les bêtes capturées, et les rires
continuaient de fuser tandis qu’ils

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