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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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as tout de même reçu un carreau d’arbalète dans le crâne et tu vis pour le raconter. C’est déjà beaucoup. Ne tentons pas le diable. Tu dois te reposer. Nous aurons tout le temps de discuter. Et puis, sieur de Rossal ou pas, tu n’es pas mon seul patient. Il n’y a pas assez de chirurgiens pour soigner tous les blessés que tes coreligionnaires nous envoient.
    Je notai le reproche à peine voilé de ses propos et l’allusion à ma religion, qu’elle ne paraissait plus considérer comme la sienne. Je décidai de ne pas le relever dans l’immédiat. J’avalai docilement la décoction amère et grimaçai, ce qui la fit glousser comme le faisait la fillette de mon enfance.
    Les jours suivants, Pernelle, sans doute occupée auprès d’autres patients, fut remplacée par un homme. Il passait périodiquement me servir un bouillon clair, du pain et de l’eau. Il m’aidait à faire mes besoins et me donnait ce liquide amer qui me faisait dormir.
    Un matin, il m’annonça que mon état était désormais jugé assez bon pour que je sois autorisé à me lever. Je m’empressai de tester cette liberté nouvelle, mais constatai vite que mes jambes étaient aussi faibles que celles d’un vieillard. Après quelques pas, je revins à mon grabat, haletant et envahi de sueurs froides. Mes muscles avaient fondu comme neige au soleil et je me retrouvais amaigri, presque émacié. Mes cuisses, mes bras et mes épaules, modelés par l’entraînement quotidien, n’étaient plus que ruines tremblotantes. Moi, dont le corps avait été façonné pour le combat, je n’aurais pas pu tenir l’épée si ma vie avait été en jeu.
    Durant l’absence de ma vieille amie retrouvée, je me surprenais à tourner la tête au moindre bruit comme un damoiseau transi, espérant la voir apparaître, le cœur battant, assoiffé de sa compagnie. Ce noble sentiment me fit concevoir un embryon d’espoir. Métatron n’avait-il pas dit qu’il restait en moi quelque chose qui méritait d’être sauvé ? Mais je me résonnai bien vite. Mon improbable salut tenait à l’accomplissement d’une mission. Par l’intermédiaire d’un de ses archanges, Dieu, tel un vulgaire commerçant, avait conclu un marché avec moi. Cette transaction, car c’était bien ce dont il s’agissait, était ma seule chance de rédemption, sans égard pour ce que je devenais. Que je sois bon ou mauvais, que je fasse le Bien ou le Mal, tout cela n’y changeait rien. Si ma conscience me semblait renaître, c’était pour me torturer, pas pour m’aider.
    Quand Pernelle reparut enfin, elle me trouva debout, appuyé contre le mur, en train de faire quelques pas chancelants. Dès que je la vis, par orgueil, je lâchai mon support et me tins de mon mieux sur mes jambes flageolantes. Elle ne fut pas dupe et se contenta de m’adresser un sourire.
    —    Tu te portes mieux, on dirait, dit-elle.
    —    Comme tu vois. Je le dois à une guérisseuse de grand talent.
    Une moue dubitative se forma sur ses lèvres, mais elle se contenta d’incliner la tête sans rien dire. Toujours vêtue de noir, elle avait retiré son foulard, révélant sa chevelure blonde de jadis. Elle portait une écuelle fumante dans laquelle trempait un bout de pain. Elle s’avança vers moi en boitant. Je ressentis aussitôt l’envie instinctive de la protéger.
    —    Au lit, maintenant, ordonna-t-elle d’un ton badin. Tu dois commencer à manger quelque chose de plus soutenant et je dois t’examiner.
    J’obéis et me rendis à mon grabat sans me tenir. Je m’y laissai choir avec un soulagement plus visible que je ne l’aurais voulu. Pernelle attendit que je sois bien installé et me tendit l’écuelle. J’y découvris avec ravissement un bouilli de légumes dont le fumet fit crier mon ventre.
    —    On dirait que tu as faim, dit-elle en riant de bon cœur.
    Pour toute réponse, je saisis la cuillère de bois qui se trouvait
    dans l’écuelle et me mis à manger avec appétit. Elle s’assit près de moi et me regarda m’empiffrer, visiblement satisfaite, sans rien dire. J’interprétai son silence comme une invitation à la discussion.
    —    Dis-moi, Pernelle, comment me suis-je retrouvé ici ? demandai-je, la bouche pleine.
    Elle semblait s’attendre à ma question et haussa les épaules.
    —    Par hasard. Après la bataille, lorsque la plupart des croisés étaient trop ivres pour représenter une menace, quelques autres Parfaits et moi avons arpenté

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