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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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chien galeux et tu n’as plus voulu m’adresser la parole, dis-je en regrettant aussitôt le ton de reproche qui m’avait échappé.
    —    Je sais que je t’ai fait du mal, dit-elle. Je t’en demande pardon. Mais à l’époque, j’étais incapable d’autre chose. Je n’arrivais pas à supporter ce qu’on m’avait fait - d’abord mon père, puis ces hommes. Je me sentais sale. J’avais l’impression qu’on m’avait souillée jusqu’aux tréfonds de l’âme. Et tu avais tout vu. Dans ma tête d’enfant, je croyais avoir perdu ton respect. Et puis, tu étais un homme. comme les autres. Une partie de moi avait peur de toi et t’en voulait. Tu ne peux sans doute pas comprendre. Le regard des autres me faisait mal. La pitié et le dégoût des femmes. Le désir des hommes, qui voyaient en moi de la chair sans valeur dans laquelle ils pouvaient se soulager quand l’envie les en prenait. La compassion impuissante de ma mère et de mes sœurs. Tout cela était trop lourd à porter.
    Un soupir tremblant sortit de sa bouche. Elle interrompit le rasage et posa les yeux sur le sol, cherchant à rassembler son courage.
    —    Le pire était ton regard, à toi. Chaque fois que je te voyais, même de loin, il y avait dans tes yeux une telle douleur, une telle incompréhension. J’avais si envie de te tendre la main, de me blottir dans tes bras et de pleurer toutes les larmes de mon corps.
    —    Alors pourquoi me rejetais-tu ? m’enquis-je, troublé. Tu es partie sans même me dire au revoir. Même après toutes ces années, je t’aurais aidée si tu me l’avais demandé, tu le sais.
    —    Tu avais beaucoup changé, Gondemar. Tu étais devenu si cruel, si. froid. De toute façon, tu ne pouvais rien pour moi, mon pauvre ami. Personne ne le pouvait. Je ne voulais pas devenir ton fardeau. Je pouvais voir dans tes yeux à quel point tu te sentais coupable de. ce qu’ils m’ont fait. Pourquoi aurais-tu perdu ton temps avec une petite boiteuse souillée qui n’était même plus bonne à marier ? Je devais m’en aller. C’était mieux ainsi. Pour tout le monde.
    Je toussai et pris un moment pour retrouver le souffle.
    —    Et tu es venue ici, dans le Sud ?
    Elle hocha la tête, affirmative, puis me caressa la joue droite. Satisfaite, elle tourna doucement ma tête et s’attaqua à la gauche.
    —    Je rêvais d’un endroit où personne ne me connaîtrait. Quelque part où je pourrais devenir utile au lieu d’être un poids pour les autres. J’ai chevauché pendant des semaines. Dieu avait un plan pour moi. Je cherchais la paix intérieure et il a guidé mes pas jusqu’à Béziers.
    —    Cette paix, l’as-tu trouvée ?
    Elle m’adressa un sourire si resplendissant qu’il illumina son visage tout entier. Ses yeux étaient graves et sereins. Il émanait d’elle un bonheur palpable alors que moi, je ne connaissais plus que le tourment.
    —    Plus que tu ne peux l’imaginer. J’ai été accueillie par des gens simples et sincères qui m’ont acceptée telle que j’étais. Auprès d’eux, j’ai trouvé la sérénité. Je n’ai jamais oublié ce qui m’avait conduit ici, mais le souvenir en est devenu. supportable. On m’a enseigné à soigner les autres et plus je soulageais ceux qui souffraient, plus mon propre mal s’estompait. L’amour de mon prochain a été ma planche de salut. Cela et la Vérité.
    —    La Vérité ? demandai-je en raidissant le dos au son de ce mot.
    Elle donna son dernier coup de rasoir puis m’essuya les joues avec le linge.
    —    Te voilà la face lisse comme les fesses d’un nourrisson ! J’hésitai avant de parler, mais je n’avais guère le choix. Son
    passé la rattrapait de plus d’une manière et elle avait le droit de savoir.
    —    Pernelle. Onfroi est parmi les croisés. Avec ses hommes. C’est lui qui m’a laissé dans l’état où tu m’as trouvé.
    Mon amie ne dit rien, mais pâlit tellement que je crus un moment qu’elle allait s’évanouir. Ses mains se mirent à trembler. Elle fit un effort sensible pour se reprendre et força un sourire.
    —    Dieu prend soin des siens, se contenta-t-elle de déclarer. Elle enfouit ensuite la main dans une poche de sa longue robe noire et en sortit une petite fiole. Elle en versa quelques gouttes dans mon eau. Elle mélangea le tout puis me le tendit.
    —    La Vérité ? m’enquis-je de nouveau.
    —    Assez de questions pour aujourd’hui. Tu

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