L'Héritage des Templiers
s’étonna Stéphanie.
— Il en avait besoin, alors je la lui ai donnée. Je lui faisais confiance.
— D’après le curé, le nouveau propriétaire a acheté les ruines à la région qui cherchait à s’en débarrasser ; les preneurs étaient rares du fait de leur situation et de leur vétusté. Une vente aux enchères s’est tenue ici, à Saint-Agulous. C’est à vous que les ruines ont été adjugées, fit Mark en s’adressant à Henrik. Le curé connaissait mon père et m’a assuré qu’il n’avait pas participé à la vente.
— Alors, Lars avait engagé quelqu’un pour le faire à sa place, parce que je n’y étais pas. Il a ensuite mis le titre à mon nom pour se couvrir. Il était plutôt paranoïaque. Si j’avais su que la propriété m’appartenait, j’en aurais parlé la nuit dernière.
— Pas forcément, lança Stéphanie.
— Écoutez, Stéphanie. Ni vous ni les autres ne m’impressionnez. Je n’ai pas à me justifier. Mais je vous considère tous comme des amis et si j’avais été au courant, je vous l’aurais dit.
— Partons du principe que Henrik nous dit la vérité, intervint Cassiopée, restée étonnamment silencieuse pendant cet échange, et rendons-nous sur place. La nuit tombe vite à cette altitude. Pour ma part, j’ai envie de voir ce qui se trouve là-haut.
— Cassiopée a raison, allons-y, admit Malone. Nous nous chamaillerons plus tard. »
Il leur fallut un quart d’heure pour atteindre le sommet ; il fallait avoir les nerfs solides et de bons freins pour y accéder. Ils suivirent les indications de l’abbé et finirent par distinguer les ruines du prieuré, véritable nid d’aigle construit sur un rocher escarpé, dont la tour carrée effondrée était flanquée d’un abîme insondable. La route s’arrêtait à environ huit cents mètres du site et ils mirent dix minutes de plus pour y accéder en empruntant le chemin qui courait sous une voûte de pins majestueux entre les rochers découpés couverts de thym.
L’endroit avait manifestement été laissé à l’abandon. Rien ne recouvrait les murs épais et Malone caressa le schiste vert-de-gris ; chaque pierre devait certainement avoir été extraite de la montagne et taillée par des mains patientes il y avait bien longtemps. Ce qui avait dû être un cloître de belles proportions s’ouvrait à présent sur le ciel, les colonnes et les chapiteaux rendus méconnaissables par des siècles d’intempéries et d’exposition au soleil. De la mousse, du lichen orange et des herbes grisâtres et rêches couvraient le sol puisque le dallage était redevenu sable depuis longtemps. Les sauterelles faisaient un bruit de castagnettes.
La disposition des pièces était difficile à deviner car le toit et la plupart des murs s’étaient effondrés, mais on repérait immédiatement les cellules des moines, un vaste hall ainsi qu’une autre pièce de belles proportions qui avait dû abriter la bibliothèque ou le scriptorium. La vie en ce lieu devait être frugale, industrieuse et austère, songeait Malone.
« C’est pas mal, chez vous, lança-t-il à Henrik.
— J’admirais justement ce que l’on pouvait se payer avec cent quarante mille dollars il y a douze ans.
— Les récoltes devaient être maigres si j’en juge par le minuscule lopin de terre fertile dont disposaient les moines, remarqua Cassiopée qui avait l’air captivée. Les étés sont brefs ici, les journées aussi. J’ai presque l’impression d’entendre les moines psalmodier.
— Cet endroit devait être complètement isolé, ajouta Thorvaldsen. Complètement oublié du monde.
— Lars devait avoir une bonne raison de mettre cette propriété à votre nom, intervint Stéphanie. Il devait avoir une bonne raison de venir ici. Cet endroit cache quelque chose.
— C’est possible, dit Cassiopée, mais, d’après le curé, Lars n’a rien trouvé. C’est peut-être l’une des nombreuses pistes qu’il explorait.
— Le cryptogramme nous a menés jusqu’ici, fit Mark, perplexe. Mon père est venu sur ce site. Il n’a rien trouvé, mais l’a jugé suffisamment important pour en faire l’acquisition. Cet endroit est le bon. »
Malone s’assit sur un bloc de pierre pour contempler le ciel. « Il nous reste entre cinq et six heures avant que le jour ne baisse, dit-il. Essayons d’en profiter au mieux. Je suis sûr qu’il doit faire plutôt froid ici la nuit, et nos vestes en laine polaire ne suffiront pas
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