L'Héritage des Templiers

nécessaire, destinée à rassurer le sénéchal.
    — Où vous êtes-vous procuré ce téléphone ?
    — Le défunt maître me l’avait donné. Il devait nous être utile au cours de notre périple hors des murs de l’abbaye. Mais j’ai décidé d’en faire un autre usage.
    — Le maître et vous n’avez rien laissé au hasard.
    — Notre réussite lui tenait à cœur. D’où l’envoi du journal à Stéphanie Nelle. Il voulait l’impliquer dans cette affaire.
    — Ce journal ne vaut rien.
    — C’est ce que j’ai cru comprendre. Mais je ne l’ai découvert qu’hier. »
    De Rochefort posa la question qui lui brûlait les lèvres.
    « Ont-ils déchiffré le cryptogramme ? Celui qui se trouve dans le compte rendu du maréchal ?
    — Oui, en effet.
    — Dites-moi, frère, où êtes-vous ?
    — À Saint-Agulous, dans les ruines de l’abbaye, juste au nord du village. Pas loin de là où vous vous trouvez.
    — Et c’est là qu’est caché le legs des Templiers ?
    — Tous les indices convergent vers cet endroit. Au moment où je vous parle, ils essaient de localiser la cache. On m’a envoyé faire des provisions à Elne. »
    De Rochefort commençait à croire son interlocuteur. Mais était-ce le désespoir ou le bon sens qui l’y poussait ? « Mon frère, prévint-il, je vous tuerai si vous mentez.
    — Je n’en doute pas. Vous êtes capable de tout.
    — De quoi voulez-vous parler ? demanda-t-il tout en sachant qu’il n’aurait pas dû le faire.
    — Vous êtes certainement responsable de la mort d’Ernst Scoville. Quant à celle de Lars Nelle, il est plus difficile de l’affirmer, du moins d’après ce que m’a dit le défunt maître. »
    Il aurait voulu en apprendre davantage, mais il savait que montrer de l’intérêt équivaudrait à admettre tacitement son implication, aussi se contenta-t-il de dire « Frère, vous êtes un rêveur.
    — J’ai entendu pire insulte.
    — Pourquoi faites-vous ça ?
    — Je veux devenir chevalier. Vous décidez de qui sera promu. Dans la chapelle, il y a quelques jours, lorsque vous avez arrêté le sénéchal, vous m’avez assuré que cela n’arriverait jamais. C’est là que j’ai décidé de changer de voie – une voie qui aurait déplu au défunt maître. Alors, j’ai accompagné le sénéchal en essayant de glaner ce que je pouvais. Et j’ai attendu de pouvoir vous fournir ce que vous vouliez vraiment. En retour, je ne réclame que le pardon.
    — Si ce que vous dites est vrai, vous l’obtiendrez.
    — Je serai de retour aux ruines dans peu de temps. Ils ont prévu d’y passer la nuit. Ils vous ont déjà prouvé à quel point ils pouvaient se montrer ingénieux, à la fois individuellement et collectivement. Je ne me permettrais pas de substituer mon jugement au vôtre, cependant je vous conseille de frapper vite et fort.
    — Je vous assure, cher frère, que telle est bien mon intention. »

59
     
    Malone se releva et se dirigea vers l’autel. À la lumière de sa lampe torche, il venait de remarquer qu’il n’y avait pas de joint de mortier sous le plateau supérieur. L’agencement des blocs formant le support lui avait permis de remarquer ce détail et, en s’agenouillant, il avait aperçu la brèche.
    Il se pencha sur l’autel qu’il éclaira de sa torche. « Le plateau n’est pas scellé.
    — Le contraire m’aurait étonné, dit Mark. La gravité lui permet de rester en place. Combien mesure ce bloc de pierre ? Six centimètres d’épaisseur sur environ un mètre quatre-vingts de long ?
    — Bigou a caché son cryptogramme dans la colonne de l’autel dans l’église de Rennes-le-Château. Je me demandais pourquoi il avait choisi cette cachette. Original, vous ne trouvez pas ? Il a dû soulever le plateau pour pouvoir libérer le goujon de fixation avant de glisser la fiole en verre dans le trou. Replacez le plateau et vous obtenez une excellente cachette. Mais ce n’est pas tout : ce choix permettait à Bigou d’envoyer un message. Aidez-moi à bouger ce plateau. » Il posa sa lampe torche sur le sol.
    Mark se plaça à un bout de l’autel et Malone à l’autre. Il essaya de faire bouger la pierre.
    Elle glissa de manière presque imperceptible.
    « Vous avez raison, convint Mark, elle n’est pas fixée au support. Je ne vois aucune raison de la ménager. Faisons-la tomber. »
    Ils firent glisser le plateau de droite à gauche et le soulevèrent suffisamment pour que la