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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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de Durbec avait échoué…
    Tandis que les soldats de Condé fouillaient l’auberge, et que l’hôte, éveillé, levait les bras au ciel et gémissait en prenant à témoin tous les saints du paradis, les trois Gascons galopaient ventre à terre, contournant la capitale investie pour regagner Saint-Germain, où Castel-Rajac raconta cette agression à la duchesse de Chevreuse.
    Celle-ci ne s’y trompa pas.
    – C’est encore un coup de Durbec ! s’écria-t-elle. Il a profité des temps troublés que nous vivons pour lancer contre vous et vos amis les sbires des frondeurs…
    – Malheur à lui si je me trouve un jour face à face avec ce fantoche malfaisant ! gronda Gaëtan. Je l’écraserai sans pitié !
    Mais les événements subirent un tel revirement que bientôt, la Fronde devait se calmer d’elle-même, comme une mer agitée après la tempête.
    L’injuste exécution des bourgeois et des partisans de Mazarin avait soulevé l’opinion publique. Le régime tyrannique, la période de terreur que le prince de Condé avait instituée à Paris ne tarda pas à lui aliéner les sympathies des habitants. Et ce furent les Parisiens eux-mêmes, ceux qui avaient crié le plus fort : « À bas Mazarin ! » et « Vive la Fronde ! » qui adressèrent une supplique à la Régente, afin de faire revenir la Cour à Paris.
    Au reçu de cette délégation, Mazarin adressa à la Reine un sourire.
    – Que vous disais-je. Madame ? murmura-t-il. Chacun son tour de chanter la canzonnetta !
    Le régiment des mousquetaires revint donc, parmi les premiers, dans la capitale, escortant les carrosses de la Cour, au milieu des acclamations et des vivats. La Régente et Mazarin triomphaient.
    La paix et l’ordre une fois rétablis, Castel-Rajac s’empressa de solliciter un congé auprès du capitaine de Guissancourt afin d’aller jusqu’à la gentilhommière où sous la garde d’une gouvernante, d’un intendant, et sous la surveillance d’un précepteur, le digne abbé Vertot, Henry était en train de devenir le plus charmant des garçonnets.
    Ces jours de détente étaient pour le chevalier une halte délicieuse au milieu de la rude vie qu’il menait. L’enfant avait pour lui une vive tendresse, et c’était fête au logis lorsque le lieutenant des mousquetaires du Roi venait y passer quelques jours !
    Cette fois-ci, comme les précédentes, il galopait allègrement sur la route blanche de poussière, en songeant qu’il allait revoir à la fois l’enfant de son cœur et la femme à laquelle il n’avait pas cessé de porter la tendresse la plus vive.
    Bientôt, il vit se dessiner, à travers les hautes branches de la futaie, une grille qu’il connaissait bien. Celle-ci était ouverte. Probablement, l’attendait-on déjà.
    Sans se faire annoncer, il entra, suivit l’allée sablée qui conduisait au perron.
    Tout à coup, il s’arrêta, saisi, devant un tableau pour le moins imprévu !
    Deux femmes étaient assises dans de grands fauteuils, sur la pelouse. L’une d’elles lui tournait presque le dos, et tenait le petit Henry sur ses genoux, en lui prodiguant mille baisers. Ce n’était pas la duchesse de Chevreuse, puisque celle-ci était la seconde personne qui regardait cette scène en souriant.
    – Sangdiou ! murmura notre Gascon, interloqué, qui est cette femme ?
    Juste à cet instant, celle-ci tourna la tête, sans voir le cavalier, toujours immobile. Gaëtan eut un haut-le-corps : il venait de reconnaître la reine Anne d’Autriche en personne !
    L’exclamation de stupeur qu’il allait pousser s’étrangla dans sa gorge.
    Fut-ce prescience ? À cet instant, la duchesse de Chevreuse aperçut le nouveau venu, que la surprise clouait sur place. Sans affectation, après avoirs échangé quelques mots avec sa royale amie, elle se dirigea vers le Gascon.
    – On ne vous a pas vu, jeta-t-elle rapidement, à mi-voix. Cela vaut mieux. Cachez-vous vite dans la maison.
    Castel-Rajac, qui avait toujours peur qu’on le prive de son pupille, se hâta d’obéir, et de suivre le conseil de sa très fine amie.
    Il venait à peine de pénétrer dans le petit salon où se tenait d’habitude la duchesse, que celle-ci entra.
    – Je pense, mon ami, dit-elle simplement, que l’heure est venue de tout vous révéler, puisqu’un hasard vous a fait surprendre la vérité.
    – C’est exact. Madame ! répondit-il en baisant la main qu’on lui tendait. J’ai déjà été admis en présence du

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