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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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jeune roi, et j’avais déjà été frappé par l’extraordinaire ressemblance qui existait entre lui et l’enfant que j’ai reconnu pour le mien.
    – Inutile de vous celer plus longtemps que ce sont les deux frères. Je pense que vous vous doutez également de l’extrême gravité de la situation qui en résulte pour notre filleul. Ce secret terrible, d’autres peuvent l’apprendre. Il ne peut en résulter que des malheurs. Heureusement, Mazarin est au pouvoir, et veillera autant qu’il le faudra sur la sécurité de cet enfant !
    – Je comprends maintenant, dit pensivement le chevalier, la suprême adjuration du cardinal de Richelieu, lorsque je lui conduisis le petit Henry… « Veillez sur lui, m’a-t-il dit, car il se peut qu’un jour, de graves dangers le menacent… »
    – Oui, dit Marie de Rohan, Richelieu, lui, en avait pris son parti. Mazarin est tout désigné pour veiller sur lui. Mais ensuite ? Ne cherchera-t-on pas à abuser de cette situation, à substituer, par exemple, un faux roi au vrai ? Ne cherchera-t-on pas à agir sur la reine grâce à ce secret qui serait un scandale s’il venait aux oreilles du peuple ? Pauvre enfant ! Sa jeune tête est déjà accablée sous le poids d’une bien grosse responsabilité !
    – Soyez tranquille, ma chère Marie ! s’écria le Gascon. Pour ma part, je garderai jalousement cette découverte, et je n’en aurai que plus de zèle pour accomplir la tâche que vous avez bien voulu me confier !
    Il attendit que la reine soit repartie pour sortir à son tour. Henry, en le voyant, se jeta à son cou avec les marques de la plus grande joie.
    Ces quelques jours de congé passèrent comme l’éclair, puis le lieutenant dut rejoindre son poste.
    Par ses fonctions mêmes, il était appelé à voir assez fréquemment le jeune roi. Et plus il le voyait, plus il était frappé par ce caprice de la nature qui avait donné aux deux frères un visage identique…
    Quelque temps s’écoula. Castel-Rajac ne pensait plus guère à ce qu’il avait involontairement surpris dans le jardin de M me  de Chevreuse, lorsqu’un jour, il reçut un billet de sa belle amie :
    « Soyez ce soir à minuit à la petite porte du Louvre, disait la missive. Et laissez-vous guider par la personne qui vous attendra. »
    – Mordiou ! se dit le Gascon, intrigué. Voilà qui sent terriblement le mystère ! Cependant, je ne puis m’y tromper : il s’agit là de l’écriture de ma belle duchesse. On dirait à s’y méprendre un rendez-vous galant !
    Quoi qu’il en soit, Gaëtan attendit le soir avec une certaine impatience. Il fit sa toilette avec un soin inaccoutumé. La lune brillait déjà haut dans le ciel, lorsqu’il arriva à la petite porte du Louvre où il lui était enjoint de se rendre.
    D’abord, il ne vit rien. L’ombre était épaisse ; la lumière nocturne glissait seulement sur la Seine, et pailletait ses eaux d’argent.
    Tout à coup, il sentit que quelqu’un lui saisissait la main. À son tour, il serra les doigts qui le tenaient, et reconnut une main de femme.
    – Cordiou ! Madame, fit le jeune chevalier, qui êtes-vous et que me voulez-vous ?
    Mais la femme, qui était masquée, et qu’un long capuchon noir enveloppait de la tête aux pieds, la rendant absolument méconnaissable, se contenta de poser un doigt sur ses lèvres en signe de silence, et le fit entrer par la petite porte qu’elle venait d’ouvrir.
    Aucune sentinelle ne s’y tenait. Cette ouverture donnait directement sur les berges de la Seine.
    À la suite l’un de l’autre, et dans l’obscurité la plus profonde, ils grimpèrent un escalier aux marches hautes et étroites. Puis ils suivirent un couloir interminable. Ils firent tant de tours et de détours que Castel-Rajac, intrigué, se demanda si, vraiment, cette promenade n’avait pas pour but de l’égarer.
    Enfin, une portière fut soulevée. Gaëtan, ébloui, recula d’un pas.
    Il se trouvait dans un somptueux boudoir. De grands candélabres de bronze où brûlaient des bougies roses et parfumées éclairaient la pièce brillamment.
    Sur un divan, une femme, également masquée, et enveloppée aussi d’une mante noire, attendait.
    – Approchez, monsieur de Castel-Rajac ! dit-elle d’une voix harmonieuse, à l’imperceptible accent, qui fit tressaillir le chevalier.
    Il obéit, dominant son trouble. Celle qui l’avait amené s’assit dans un fauteuil.
    La dame masquée le regardait fixement. À

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