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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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même que le fils de Mazarin lui avait voué une affection sans bornes, le fils de Louis XIII s’attacha à lui par les liens d’une réelle amitié. On eût dit que les deux fils de la même femme n’avaient pour lui qu’un même cœur.
    Aussi se prit-il à les aimer autant l’un que l’autre. D’ailleurs, en grandissant, la ressemblance s’accentuait encore, et quand Gaëtan quittait Henry pour aller retrouver Louis, il lui semblait que c’était le même qu’il avait devant lui. Sauf peut-être qu’Henry avait plus de douceur et Louis plus de volonté. Le premier semblait être fait pour devenir un parfait gentilhomme, et l’autre, pour devenir un grand roi.
    La belle duchesse de Chevreuse, tout en poursuivant sa vie de cour et s’acquittant de toutes les obligations mondaines que lui assignait son rang élevé, n’oubliait pas son ami. Une rencontre fortuite, le hasard d’un instant, avait suffi pour lier ces deux cœurs d’une indestructible amitié.
    Gaëtan, dès qu’il pouvait avoir une permission, s’échappait pour rejoindre son cher Henry qui devenait un fier jouvenceau, habile aux armes et à l’équitation. M me  de Chevreuse s’arrangeait pour l’y rejoindre elle-même, et c’étaient quelques instants enchantés que Castel-Rajac passait au milieu des deux grandes affections de sa vie.
    Hélas ! Il est écrit que jamais le bonheur complet ne peut être de ce monde !
    La haine, la rancune, la basse envie n’avaient point désarmé. Le chevalier de Durbec veillait.
    Tant que le cardinal Mazarin fut au pouvoir, il resta dans l’ombre. Il savait qu’il aurait affaire à trop forte partie, et que le chevalier de Castel-Rajac et son fils adoptif se trouveraient toujours hors de ses atteintes.
    Mais, lorsque le jeune roi atteignit ses vingt ans, Mazarin mourut.
    Cet événement affecta profondément le chevalier, et la duchesse elle-même, qui perdaient de la sorte un puissant allié. Certes, la reine Anne d’Autriche restait, et ferait l’impossible pour protéger la destinée de son fils aîné. Mais comme elle l’avait dit au Gascon lors de la mystérieuse et unique entrevue qu’ils eurent, quelques années auparavant, le cœur d’une mère n’est pas toujours assez fort pour préserver des embûches de la vie !
    Au grand étonnement de la Cour et des princes, ce fut un roturier, le fils d’un marchand drapier, homme de confiance du cardinal, Jean-Baptiste Colbert, qui fut désigné par le moribond lui-même pour le remplacer…
    Anne d’Autriche s’inclina. Elle connaissait la finesse de l’Italien, et savait que s’il lui recommandait ce garçon, c’est qu’il avait déjà su l’apprécier et distinguer en lui les qualités qui feraient de lui un premier ministre digne de continuer la grande tâche entreprise par Richelieu et son successeur.
    Castel-Rajac et Marie de Rohan apprirent cette nomination avec une certaine appréhension, quoique sans crainte bien définie. Après tout, Colbert ignorait tout. Il suffisait de tenir le jeune Henry soigneusement en dehors de la Cour, et de l’entourage du jeune Roi.
    Lorsque Durbec apprit la mort de Mazarin, et la nomination de Jean-Baptiste Colbert, une idée diabolique commença à germer dans sa cervelle.
    Il y avait à peine quelques jours que Colbert était entré dans ses nouvelles fonctions, quand l’officier de service lui annonça un visiteur, qui attendait dans l’antichambre et insistait pour le voir, disant qu’il avait une communication de la plus haute importance à lui faire.
    Le fils du marchand de drap de Reims était un petit maigrichon, qui n’avait ni beauté, ni distinction, ni fière allure. Mais son regard, son front, éclatants d’intelligence, laissaient deviner tout le génie que cette enveloppe d’apparence si ordinaire renfermait.
    Il releva la tête à cette annonce, et, sans lâcher sa plume, ordonna :
    – Faites entrer !
    Deux minutes plus tard, le chevalier de Durbec, obséquieusement plié en deux, faisait son apparition.
    Colbert le dévisagea. Du premier coup d’œil, il le classa : c’était un de ces hommes intelligents, mais prêts à tout, même aux plus viles besognes, pourvu qu’en échange, ils reçoivent profit ou récompense.
    – Vous avez sollicité une entrevue. Monsieur, entama le ministre, en disant que vous aviez un secret important à me confier. Je vous écoute.
    Le ton était poli, mais tenait à distance. Durbec accentua sa courbette.
    – Monsieur,

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