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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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était confirmée. Les observations du majordome
recoupaient celles de Lambert sur la mélancolie du vicomte.
L'affection que, d'évidence, il lui portait n'influait pas sur
son jugement. Enfin, son appréciation du caractère du
valet rejoignait la sienne propre. Nicolas devrait donc se montrer
d'autant plus circonspect avant de se forger une opinion définitive.
Il restait que l'influence de Lambert sur son maître était
patente et qu'il convenait de rechercher dans quelles directions,
favorables ou néfastes, elle s'était exercée.
Toutefois, rien n'indiquait que le laquais avait été
informé de la mort de son maître avant de gagner les
appartements du premier.

    Il ne lui restait
plus qu'à faire enlever le corps au plus vite, après
une dernière formalité préalable vider les
poches du mort. En essayant de ne pas trop fixer la face effrayante,
il procéda avec méthode mais sa récolte fut
maigre : quelques écus, une tabatière en argent vide,
un bout de ruban rose et une marquette de cire rouge. Dans les poches
du manteau déposé sur le lit, il recueillit un mouchoir
mouillé et non déplié et quelques grains d'une
substance poudreuse et charbonneuse que l'humidité n'avait pas
dissoute. Quant au chapeau, secoué et examiné sur tous
ses angles, il ne livra rien de particulier.

    Nicolas rejoignit
Bourdeau dans le couloir et, après avoir autorisé
Lambert à se retirer, il entraîna l'inspecteur dans la
chambre.
    â€“ Avez-vous découvert
quelque chose ?

    â€“ Enfant
gâté, serviteur louche et de mauvaise influence,
répondit Bourdeau. Il semble bien avoir appris la mort de son
maître de la bouche du majordome.

    L'inspecteur
conserve par-devers lui quelques observations, ignorant si elles
pourraient lui être utiles dans l'avenir.

    Puis les choses
s'ordonnèrent selon un rituel immuable. Le corps fut soulevé,
placé sur un brancard, recouvert d'une couverture brune et
emporté. Après un ultime examen des lieux et
l'extinction des chandelles du flambeau, Nicolas ferma la porte et
plaça les scellés avec du pain à cacheter, qu'il
signa soigneusement. La clef de la chambre alla rejoindre au fond de
ses poches les objets recueillis et le pistolet trouvé près
du cadavre. Il procédait sans trop penser à ce qu'il
faisait, comme un automate. Au cours de sa brève carrière
dans la police, les occasions s'étaient multipliées de
ces formalités dont il mesurait chaque fois le caractère
sinistre, celui du constat de fin d'un être humain.

    Il envoya Bourdeau
vérifier que la voie était libre et fit descendre les
porteurs en leur enjoignant de faire le moins de bruit possible. Il
espérait que le comte de Ruissec ne soupçonnerait rien
de ce départ. Il se souvint que les contrevents des fenêtres
de façade apparaissaient clos à leur arrivée à
l'hôtel de Ruissec. Les voitures de police stationnaient dans
la rue ; la rumeur du charroi ne franchirait pas les hauts murs de la
propriété. Il décida de laisser le silence
retomber et d'en profiter pour étendre le périmètre
de ses investigations. Il voulait découvrir le parc situé
à l'arrière du bâtiment principal, sur lequel
donnait l'aile où se développait l'appartement du
vicomte. Il laissa Bourdeau en faction et se fit montrer par Picard
la porte qui donnait sur l'extérieur.

    Le majordome lui
avait prêté une lanterne allumée, mais la lune
éclairait suffisamment. Il devinait sur sa droite l'aile qu'il
cherchait. La construction était d'une grande simplicité,
composée de deux niveaux, un rez-de-chaussée avec de
grandes portes cochères ovales laissant deviner des écuries
ou des hangars à voitures et un étage où se
trouvait l'appartement du vicomte. Tout était à
l'identique du corps principal, surmonté d'un comble mansardé
à double pente. Nicolas se dirigea vers le bâtiment. Il
ouvrit l'une des portes; une forte odeur d'écurie et de longs
hennissements de chevaux réveillés le renseignèrent.
L'entrée était pavée et, entre les deux portes,
poussaient en pleine terre des rosiers grimpants. Il s'accroupit et
considéra avec soin le sol sous les fenêtres du vicomte,
puis il se releva et éclaira le mur du faisceau de la
lanterne. Il demeura là un long moment, puis essaya

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