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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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vrai,
je ne l'ai pas regardé avec suffisamment d'attention. Le
chapeau dissimulait son visage.

    â€“ Et le
lieutenant ?

    â€“ Un
lieutenant comme tous les lieutenants ; l'uniforme les rend
identiques et ils n'aiment guère les garçons bleus.

    â€“ Je vous
remercie, Gaspard. Nous en reparlerons. Bonne nuit.

    Il rentra et
demeura longtemps plongé dans ses réflexions. Ainsi, le
jour où le vicomte de Ruissec avait été
assassiné, un billet était adressé à
Truche de La Chaux par un inconnu – billet qui se trouvait
selon toute apparence, vers midi, dans les mains d'un lieutenant aux
gardes françaises, qui pouvait parfaitement être le
vicomte. Y avait-il un lien avec le crime ?

    Il ressortit
soudain dans le couloir pour appeler Gaspard. Celui-ci réapparut
sur-le-champ.

    â€“ Mon ami,
il faut tout me dire. Ce billet que vous avez porté à
Truche de La Chaux...

    â€“ Oui,
monsieur.

    â€“ Comprenez-moi
bien, la chose est d'importance et je saurai reconnaître...

    Il agita une
nouvelle pièce d'or.

    â€“ L'avez-vous
lu ?

    Gêné,
Gaspard se tortillait. Toute son insolence s'était dissipée.

    â€“ Ben oui,
il n'était pas scellé, juste plié. Je n'ai pas
cru...

    Il avait l'air
piteux et rajeunissait à vue d'œil : un gamin pris à
voler des pommes.

    â€“ Faute
utile peut recevoir pardon, dit Nicolas souriant. Que disait-il ?

    â€“ C'était
un rendez-vous d'avoir à se trouver, dès réception
du papier et après l'avoir détruit, devant la pièce
d'eau du char d'Apollon. J 'ai cru qu'il s'agissait d'une intrigue
amoureuse.

    â€“ Bien. Et
que fit le lieutenant ? Je suis sûr que vous avez discrètement
veillé à le savoir.

    â€“ Il fit
comme moi, le lut, et même plus, puisqu'il le réduisit
en morceaux et se précipita dehors.

    Nicolas lança
la pièce d'or, qui fut attrapée au vol. Quand il revint
dans l'appartement, un valet déférent avait dressé
une petite table. sur laquelle il découvrit un pâté
de venaison, deux perdreaux et une bouteille de champagne rafraîchi,
sans compter quelques mignardises sucrées. Il fit honneur à
ce festin et, après avoir lu une petite heure, découvrit
la chambre toute prête et le lit bassiné. Au sein de ces
voluptés, il s'endormit paisiblement sans penser aux
événements du jour ni à ceux qui l'attendaient
les jours prochains.

    Dimanche 28
octobre 1761

    Il se réveilla
fort tard et, après une rapide toilette, dans un petit cabinet
dont il admira l'agencement, déjeuna d'un chocolat servi par
un valet impavide. Il lut une heure ou deux, puis appela Gaspard qui
attendait dans le couloir. Truche de La Chaux serait de service dans
la grande galerie et Nicolas en profiterait pour voir passer le roi
se rendant à la messe.

    Il fut étonné
par la masse bruissante de la foule. Dans la galerie des Glaces et le
salon de la Guerre, les assistants étaient rangés du
côté des fenêtres. A partir de la salle du Trône,
ils étaient contenus dans l'intérieur des pièces,
afin de laisser le passage de l'enfilade des portes. Il fut placé
par Gaspard non loin de l'endroit où le souverain sortirait de
ses appartements d'apparat. Il se retrouva au milieu des courtisans
et des nobles de province venus voir leur maître. Les glaces de
la galerie multipliaient la foule et la faisaient paraître
immense. Nicolas vit le roi sortir et ne regarda plus rien d'autre.

    L'étiquette
voulait que chacun se tint immobile. On ne devait pas s'incliner, il
fallait maintenir la tête droite. Ainsi, le roi était vu
de tous et voyait chacun. Quand il passa devant Nicolas, son regard
brun perdu dans le vide se fit plus vif, et le jeune homme put croire
avoir été remarqué et reconnu. Il en fut tout à
fait convaincu, une fois le cortège passé, par l'espèce
de cercle bavard et curieux qui se forma autour de lui. Cela ne
l'arrangeait guère : il ne devait pas se faire remarquer. Il
se fondit dans la foule, espérant que Gaspard le retrouverait.
Effectivement, il fut bientôt tiré par la manche par le
garçon, qui le mena, en se faufilant au milieu de la presse,
jusqu'au salon de la Guerre. Là, près d'un buste
d'empereur romain en marbre brun, il repéra un garde du corps
dans lequel il reconnut tout de suite l'homme

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