L'homme au ventre de plomb
morte assassinée. Sans doute parce qu'elle savait
quelque chose et qu'elle souhaitait me le confier. Nous tenons, un
fil, et il nous mènera quelque part. Au fait, merci pour votre
aide, je commençais à me demander comment j'allais m'en
tirer.
– Pour une
fois, c'est Anchise qui a porté Enée !
– Avec cette
différence que vous n'êtes, Dieu merci, ni paralytique
ni aveugle !
Ils étaient
tous deux impatients de se retrouver au Châtelet pour examiner
les papiers trouvés par Nicolas. Ils durent réveiller
la garde et le père Marie afin de rejoindre leur bureau.
Bourdeau chercha une lentille de verre pour agrandir la vision des
deux documents trouvés dans le livre. Le premier était
un dessin avec des indications chiffrées. Il était
formé de petits carrés juxtaposés, l'ensemble
ressemblant à un U renversé ; le second, écrit Ã
la main, présentait des caractères minuscules comme
formés à la pointe d'une épingle.
Nicolas qui tenait
la lentille sursauta devant les mots qu'il déchiffrait : « À
la putain du roi... ». Il n'en croyait pas ses yeux.
C'était l'original, ou une copie, du pamphlet imprimé
que Mme de Pompadour lui avait montré à Choisy. Comment
ce texte se trouvait-il dissimulé dans un livre de la
bibliothèque du vicomte de Ruissec à Grenelle ?
Était-ce en relation avec ces informations que la favorite
s'était gardée de lui confier ? Voulait-elle le lancé
sur une piste dont elle avait déjà traversé les
arcanes.
Bourdeau poussa un
cri. À force de considérer le dessin dans tous les
sens, il avait fini par comprendre ce qu'il représentait. Il
le brandit.
– J'ai
trouvé, fit-il. C'est un plan, et pas n'importe lequel. C'est
celui du château de Versailles, avec les indications des cours,
des portes, des points de garde et des passages entre chaque
bâtiment. Voyez !
Le doigt de
l'inspecteur désignait des points sur le croquis.
– Tenez,
voilà le « Louvre » et là , la
cour des Princes et ici, l'aile des Ministres. Ce long rectangle,
c'est la galerie des Glaces, et là , l'escalier des
Ambassadeurs.
– Vous avez
raison! Et l'autre papier paraît être l'original d'un
libelle infamant que Mme de Pompadour a trouvé dans son
appartement ! Tout cela m'inquiète. C'est un complot, ou cela
y ressemble furieusement.
– Je crois,
dit Bourdeau, qu'il faut en informer sur-le-champ le lieutenant
général de police.
– Dès
demain matin, ou plutôt tout à l'heure. Jusque-là ,
allons prendre quelque repos. La journée sera rude. J'irai
enquêter à Versailles et vous serez mon œil aux
Théatins.
– Il ne me
plaît guère de vous laisser seul dans ces circonstances.
– Allons,
Bourdeau, il ne peut rien m'arriver à la Cour. Rassurez-vous.
Samedi 27
octobre 1761
Après
quelques heures d'un sommeil agité, Nicolas quitta très
tôt la rue Montmartre. Il voulait surprendre le lieutenant
général de police à sa toilette. Régulièrement
levé vers six heures, celui-ci aimait prolonger le début
de sa journée, déjeunant, lisant les premiers rapports
de la Cour et de la ville, recevant des émissaires couleur de
muraille.
Si vite qu'il ait
fait, Nicolas manqua son chef ; quand il arriva, son carrosse venait
de quitter l'hôtel de Gramont. Un commis l'informa que M. de
Sartine se rendait à Versailles pour s'entretenir avec M. de
Saint-Florentin. Il dormirait dans la ville royale, devant assister Ã
la messe et être reçu en audience par le roi comme
chaque dimanche. Nicolas demanda une voiture. Tout cela tombait
plutôt bien : son intention était d'enquêter Ã
Versailles. Il voulait y chercher des renseignements sur le vidame et
sur Mlle de Sauveté. Tous deux seraient à coup sûr
retenus à Paris par le service funèbre du vicomte et de
sa mère dans l'église des Théatins. Cela lui
laisserait le loisir de trouver Truche de La Chaux et de l'interroger
sous un prétexte quelconque. Il ne savait pas encore lequel,
puisque officiellement il nâ€
Chapitre VIII
La chasse de
madame Adélaîde
Pour le plaisir
des Rois je suis donné
De jour en jour, les veneurs me
pourchassent
Par les forêts. Je suis
abandonné
A tous les chiens, qui sans
cesse me
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