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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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leurs gestes interfèrent. Oui, monsieur, il y
a là plusieurs complots. Un complot privé, que
j'appellerai une vengeance contre le comte de Ruissec. Un complot
occulte, que j'appellerai une conspiration politique contre la vie du
roi et, enfin, un complot d' intérêts ou plutôt le
mouvement intéressé d'une grande dame qui, afin de
préserver sa position et protéger qui vous savez,
manipule des êtres sans consistance.

    â€“ Voilà
encore Le Floch qui bat la campagne ! s'écria Sartine. Les
romans de chevalerie dont vous me confiâtes un jour avoir
charmé votre enfance vous remontent à la tête !
Je veux bien qu'il y ait complot, mais ne mélangez pas tout.

    â€“ Je ne
mélange rien, monsieur, répondit Nicolas avec un peu
d'agacement. Le comte de Ruissec appartient à la coterie du
dauphin. Il parie sur l'avenir. Bien sûr, l'héritier du
trône est très éloigné de ces trames ; on
se dissimule sous son ombre. Dans des conditions qui restent
mystérieuses, le comte est partie prenante dans une
conspiration destinée à faire disparaître le
souverain. N'0ubliez pas qu'il demeure hanté par sa haine du
roi qui, jadis, lui a barré la carrière. Sachez aussi
qu'il était parvenu à convaincre son fils, lieutenant
aux gardes françaises, de l'aider dans ce complot. Enfin,
ancien protestant, il épouse par conviction, ou par ambition,
les vues du parti dévot. Ce parti le protège des
conséquences de ses actes passés qui pourraient
compromettre sa place à la Cour.

    â€“ Encore
votre imagination !

    â€“ Vous
plairait-il, monsieur, d'entendre le vidame Gilles de Ruissec que
j'ai fait extraire de la Bastille ?

    Sans attendre la
réponse de Sartine, Bourdeau fit entrer le prisonnier. Il
était d'une pâleur extrême, mais toute son
attitude témoignait d'une détermination nouvelle.

    â€“ Monsieur,
dit Nicolas, voulez-vous répéter à M. le
lieutenant général de police ce que vous m'avez confié
ce matin ?

    â€“ Certainement,
monsieur. Je n'ai plus aucune raison de dissimuler la vérité,
puisque mon père est mort.

    â€“ Pourquoi
refusiez-vous de parler jusqu'alors ?

    â€“ Je ne
pouvais me justifier qu'en l'accusant. J'étais soupçonné
d'avoir assassiné mon frère. En fait, le jour de sa
mort, j'ai tenté de voir ma mère à Versailles.
Depuis des mois, Lionel paraissait perdu dans sa tristesse. Il a fini
par me confier, sous le sceau du secret, ce qui le minait. Notre père
l'avait entraîné dans une conspiration. Il était
persuadé que c'était folie et qu'il y perdrait et
l'honneur et la vie, et que notre famille ne s'en relèverait
pas. Ma mère s'apprêtait pour accompagner Madame
Adélaïde à Paris à une représentation
de l'Opéra ; elle n'a pu me recevoir et m'a donné
rendez-vous le soir même, à Grenelle, dans son
appartement. Je ne sais pourquoi, quand elle est arrivée, elle
a cru que j'étais responsable de la mort de mon frère.
J'ai fini par la convaincre et la faire changer d'idée. Elle a
décidé de demander conseil à la police. Je
n'avais pas d'alibi. Plus tard, je ne savais quelle hypothèse
prévalait. C'est Lambert qui m'a indiqué que la police
songeait à un meurtre. Je n'avais alors aucune raison de me
défier de lui, ignorant qu'il avait part à la
conspiration ; mon frère ne m'avait pas mis en garde contre
lui.

    â€“ Quels
étaient vos rapports avec Mlle Bichelière, actrice à
la Comédie-Italienne ?

    â€“ C'était
la maîtresse de mon frère. Sur le conseil de Lambert,
qui m'assurait qu'elle était bonne fille et ferait tout pour
me complaire, j'ai cru habile de lui demander d'affirmer que j'avais
passé la soirée avec elle. Sa réputation était
telle... Elle a refusé. Je ne savais plus que faire. Quand
vous êtes venu m'arrêter, je n'ai pu me résoudre à
parler. Ma mère était mon seul témoin, et elle
était morte.

    â€“ Je vais
vous poser une question décisive. Étiez-vous l'amant de
Mlle Bichelière ? On vous a vu souvent chez elle, rue de
Richelieu.

    â€“ Ceux qui
ont prétendu cela ont menti. C'était la première
fois que je la visitais. Et il avait fallu que Lambert m'en
persuadât.

    Sartine intervint.

    â€“ Quel était
le but de cette

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