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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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hériterait de tous ses biens.
    – Votre grand-oncle réprouvait votre prochaine union avec Mlle de Malairie.
    – Vous l’affirmez ! De fait personne ne l’ignorait.
    – Pourquoi détestez-vous votre frère Charles ?
    – Je ne le déteste pas. Il m’est indifférent. Il s’est toujours plaint que je le maltraitais. C’est faux. C’était pour lui manière de se faire cajoler par notre mère. Il n’aurait tenu qu’à lui que nous soyons amis.
    – Revenons aux faits. Comment se fait-il, selon vous, qu’on ait retrouvé dans vos sacoches, outre le dernier testament de M. de Chamberlin, un document signé de sa main et le pendant de la paire de céladons qui se trouvait sur le bureau de sa chambre ?
    Il répondit en regardant Nicolas droit dans les yeux. Ce n’était là, songea celui-ci, aucunement la preuve d’une sincérité. Mille exemples prouvaient aisément le contraire. C’était le moyen le plus en usage pour assener des faussetés.
    – J’ignore tout de ce que vous avancez. Je n’ai rien dissimulé dans mes sacoches.
    – Bien. Comment se fait-il qu’on ait trouvé dans la chambre de Tiburce des empreintes de vos bottes ? Et d’ailleurs, où sont vos éperons ?
    – On les lui a retirés à son arrivée ici, dit Rabouine.
    – Monsieur, des bottes, j’en ai des dizaines de paires. On distribue celles qui sont usagées. Et une botte à ma pointure, vous en découvrirez plus d’une à Paris !
    – Ainsi vous niez tout de la réalité de ces constatations qui nourrissent contre vous bien des présomptions.
    – Bottes, papiers, vases, veaux, vaches, cochons, couvées, je n’en ai cure. Il paraît trop évident que vos gens ont ménagé cela contre moi pour m’impliquer dans des affaires qui me sont étrangères.
    – Vous ne savez que trop que cela est faux.
    – Monsieur, pour la dernière fois, je vous affirme que je suis innocent de ce dont on m’accuse.
    – Mais pour le moment, vous n’êtes accusé de rien. Nous causons.
    – Je vous donne ma parole de gentilhomme…
    – De gentilhomme, monsieur, dit Bourdeau. Où avez-vous vu jouer cela ? Un fils perverti de robin peut-être ?
    Rabouine n’eut que le temps de ceinturer le jeune homme qui s’était jeté sur l’inspecteur.
    – Monsieur, reprit Nicolas, la colère n’est pas bonne conseillère dans votre situation. Et votre attitude ne laisse pas d’augurer les risques dans lesquels votre violence peut vous précipiter. Reprenez votre calme. On va vous reconduire dans votre cachot. Réfléchissez-y. Nous nous reverrons bientôt. Sachez
cependant que nous n’avons contre vous rien de personnel et que c’est la justice du roi qui parle par nos voix.

    Nicolas et Bourdeau demeurèrent un long moment silencieux après la sortie du jeune Ravillois.
    – Quel est ton sentiment ? demanda Nicolas après un temps.
    – Un petit coq arrogant des plus crêté qui a le toupet de nous offrir les éléments pour le confondre.
    – C’est bien là ce qui m’inquiète. Et s’il était sincère ? Il faudrait vérifier les horaires. A-t-il eu la possibilité de revenir aux Porcherons durant la soirée ?
    – Je ne dis pas pour les bottes, il y a du vrai dans sa repartie, mais le testament, mais le céladon ? Que demandes-tu de plus ? Pour le parcours on va vérifier.
    Au moment où Nicolas s’apprêtait à répondre aux objections de l’inspecteur, le père Marie surgit, secouant la tête d’un air incrédule. Une dame, et ce disant il pouffait, demandait à parler sur-le-champ au commissaire, ayant de graves révélations à lui faire. Elle était d’ailleurs, affirmait-elle, fort connue de lui – et de tous, marmonna-t-il – et l’énoncé de son nom suffirait à l’introduire.
    – Est-ce le moment ? dit Bourdeau grondeur.
    – Et son nom ?
    – Tu n’imagines pas, c’est la Paulet, jeta l’huissier d’un ton dépréciateur.
    – Que veut-elle ? Tu vas perdre ton temps.
    – J’ai quelques raisons de ne la point congédier. C’est une vieille amie et ses avis ne sont point à négliger. On ne doit pas faire attendre les dames et surtout celle-ci. Fais-la monter.
    Un long moment après il y eut comme une rumeur de soufflet de forge, puis le bruit d’une démarche traînante précédant l’apparition d’une tour de tissus. Dans cette machine ils reconnurent l’ancienne tenancière du Dauphin couronné , pour l’heure maîtresse des lames et des arcanes du faubourg

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