Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
Vom Netzwerk:
beauté n’est pas de nature physique ; non, c’est plutôt ce qui flotte au-dessus de sa personne. C’est comme une atmosphère, un souffle de grâce, de sublimité, de charme, de fraîcheur et de chasteté, et néanmoins de grandeur, qui est le plus saisissant en “Elle”. » En l’honneur du mariage de sa fille, on joue Le Rêve d’une nuit d’été où une princesse épouse un âne... Peut-être le jeune époux, l’archiduc Léopold, s’étonne-t-il du choix de cette pièce ?
    Élisabeth se trouve à un tournant de sa vie où elle éprouve plus que jamais le besoin d’être admirée et rassurée. Cette union, célébrée au début du printemps 1873, fait d’elle une grand-mère dès le mois de janvier de l’année suivante, et l’empereur prend l’habitude agaçante de parler de lui-même et de sa femme comme d’un « couple de gens rassis ». C’est là une image qu’elle rejette ; elle ne veut pas être « d’âge mûr ». Aux fêtes du Jubilé, célébrées pour le 25 e anniversaire de l’avènement de François-Joseph, elle doit revenir à Vienne ; et le public est frappé par l’aspect extraordinairement jeune des souverains, tous deux sveltes et droits, comme si les défaites et les humiliations des années passées ne les avaient pas atteints.
    En fait, l’année 1873 impose à l’impératrice la dure obligation de se montrer plusieurs fois en public et de prendre part à des solennités. Après le mariage de Gisèle, s’ouvre l’exposition internationale de Vienne, en mai. Les souverains européens sont conviés. De toutes les femmes portant la couronne, Élisabeth apparaît comme la mieux désignée pour incarner le concept de Majesté. À trente-six ans, elle est la plus séduisante, certainement aussi la plus belle. Mais il lui répugne de consacrer tant de temps et de peine à des cérémonies où elle discerne une si grande disproportion entre le déploiement de la pompe extérieure et la vanité des sentiments qu’il recouvre. « Que signifient, dit-elle, titres et dignités ? Ce sont des guenilles bariolées dont on s’affuble pour dissimuler ses petitesses... » De telles réflexions constituent de véritables attentats contre le noble édifice de la majesté habsbourgeoise. « Les gens ne savent plus que faire de moi, dit-elle avec résignation. Je ne réponds pas à l’idée qu’ils se font d’une impératrice et ils ne me pardonnent pas de jeter ainsi le trouble dans leurs convictions. Il vaut mieux, pour eux et pour moi, que chacun demeure de son côté. Je ne m’expose pas volontiers au désagrément de rencontrer ceux dont je ne suis ni devinée ni comprise. Puisqu’ils sont convaincus que rien n’est supérieur aux usages qu’on leur a enseignés, ce serait folie de ma part de vouloir les en dissuader. Chacun agit selon sa personnalité. Tout ce que je désire, c’est qu’on me laisse aussi la liberté d’être ce que je suis... Vivre en la compagnie des humains est si difficile ! » Et, comme frappée par un souvenir, elle ajoute : « Il faut, malgré tout, que je remercie Dieu d’être impératrice ; autrement, les choses iraient très mal pour moi... » Quelles tristes expériences Élisabeth a-t-elle donc vécues pour regarder sa couronne comme une sauvegarde ?
    En janvier 1874, elle se trouve à Munich pour la naissance de sa première petite-fille. La lettre qu’elle adresse à Rodolphe pour décrire le bébé de Gisèle n’est pas du style qu’envoie habituellement une grand-mère émue : « L’enfant est extraordinairement laid, écrit-elle, mais plein de vie – en fait, comme Gisèle. » Un sentiment que ne partage pas l’empereur François-Joseph. Mais malgré leurs malentendus et leurs froissements, il lui demeure courtoisement et profondément attaché. Souvent désespéré devant les mystérieuses complexités d’une âme qui, comme toute nature originale, demeure insaisissable à qui en diffère, il ne lui en conserve pas moins un respect inébranlable. On ne saurait se montrer un époux plus chevaleresque. Le bonheur de Sissi reste son voeu le plus cher.
    Lors du carnaval viennois, en février 1874, elle éprouve soudain l’envie de s’y rendre en cachette. Ce sera une apparition incognito. Plusieurs témoignages irréfutables attestent de l’épisode. Le jour du Mardi gras, a lieu un premier bal masqué dans la grande salle de la Société de musique. Il est le plus chic de tous. Tout le monde évoque

Weitere Kostenlose Bücher