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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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c’était de chagrin. L’un est mort le premier et l’autre ne l’a pas supporté. C’est plus beau comme cela, tu ne trouves pas ?
    Lucius regardait cet homme et cette femme qui leur souriaient calmement à tous deux et une pensée curieuse lui vint : il s’agissait de leurs époux disparus, qu’ils pleuraient l’un et l’autre. La mort les avait réunis, ils banquetaient dans l’au-delà et ils les regardaient manger dans le monde des vivants. Marcia était bonne et juste. Qu’aurait-elle dit en le voyant ainsi avec Délia ? Certainement de continuer à vivre, de choisir l’avenir et non le passé… Il détourna les yeux de la fresque et les posa sur sa compagne.
    — Il est beau aussi de vivre.
    Délia parut vivement touchée par ces mots. Elle réfléchit un instant, puis hocha la tête.
    — Tu as raison, c’est beau aussi…
    Ils se turent et continuèrent à manger leurs galettes en silence. Lucius ne savait pas ce qu’éprouvait Délia, mais elle était certainement tout aussi émue que lui. Deux repas, venant juste l’un après l’autre, étaient en train de changer leur vie, voire de la bouleverser. Il ne voulait pas savoir quels étaient exactement ses sentiments pour elle, tout ce qu’il savait, c’était que, tout comme chez Paul, un convive s’était invité à leur table : l’amour. Ils pouvaient lui dire de rester ou de s’en aller, mais il était là… La voix de la jeune femme le tira de ses pensées :
    — Viendras-tu à mon baptême ?
    — Si je le peux, certainement.
    Pour la première fois, Délia manifesta de la mauvaise humeur à son égard.
    — Comment cela, « si tu peux » ? Tes parents ne sont pas capables de vendre leur huile sans toi quelques heures ?
    Il était impossible de répliquer quoi que ce soit à une pareille question. Lucius réfléchit quelques instants, il ne voulait pas s’engager à la légère. Il décida finalement que, même avec Néron, il trouverait un moyen, n’importe lequel, mais il trouverait ! Il déclara :
    — Je viendrai.
    — Promets-le-moi !
    — Je te le promets.
    La jeune femme poussa une exclamation joyeuse et désigna à Lucius son lit de marbre.
    — Je vais dormir un peu. Même si ce n’est pas confortable, cela ne me dérange pas, je dors n’importe où. Tu peux faire pareil, si tu veux.
    Lucius, lui, avait besoin d’un certain confort pour dormir. De plus, après toutes les émotions qu’il venait de vivre, il avait tant de choses en tête qu’il ne se sentait pas le calme nécessaire au sommeil. Il eut beau se tourner et se retourner, prendre une position, puis une autre, il n’arriva à rien. Au bout d’un moment, n’y tenant plus, il murmura :
    — Délia, Délia ! Tu m’entends ?
    La jeune femme ne répondit pas. Elle s’était effectivement endormie. Pris d’une impulsion, il se leva et s’installa près d’elle. Il voulait simplement la tenir dans ses bras et la protéger, veiller sur elle, comme l’homme et la femme de la fresque veillaient sur eux. Mais à peine fut-il allongé qu’elle se tourna vers lui.
    — Lucius, il ne faut pas…
    Elle approcha son visage tout près du sien. Leurs lèvres se touchèrent. Elle répéta :
    — Il ne faut pas…
    Mais elle l’enlaça et le couvrit de baisers, disant tout doucement : « Il ne faut pas… » Lucius ne put résister davantage, il l’étreignit…
    Il ouvrit brusquement les yeux. Il faisait plein jour. C’était un rêve. Contrairement à ce qu’il avait cru, il s’était endormi tout de suite. Il se mit sur pied : Délia avait disparu. Elle avait emporté son panier, seules restaient quelques miettes de galettes sur le sol et la table.
    Il demeura un long moment pour reprendre ses esprits, violemment troublé par ce qui venait d’arriver. Il ne pouvait plus se cacher les sentiments qu’il éprouvait pour la jeune femme, le désir qu’elle lui inspirait. Mais était-ce sa faute ? Elle était belle, il était jeune, c’était la nature qui le voulait ainsi. Il leva les yeux vers la fresque : l’homme et la femme le regardaient avec la même bienveillance, comme s’ils comprenaient et ne lui en tenaient pas rigueur.
    Lucius rajusta sa tunique et remit de l’ordre dans ses cheveux ébouriffés. Il ne devait pas s’attarder. La matinée semblait bien avancée, il devait aller trouver Tigellin, que son office

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