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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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retrouva dans l’enfilade de pièces encombrées d’œuvres d’art. La somptueuse porte s’ouvrit et il pénétra dans le bureau de l’empereur. Ce dernier, en le découvrant, lui adressa la parole avec colère, mais, étant donné l’état de sa voix, il ne cria pas, au contraire, il chuchota presque :
    — Te voilà, Gemellus ! Je te cherche depuis ce matin. Où étais-tu ?
    — Avec le préfet du prétoire, César. Étant donné que tu ne peux plus chanter, j’ai pensé que je pouvais être plus utile auprès de lui.
    — Tu pensais mal. Jusqu’au concours, tu es mes oreilles, pas les siennes. Et après aussi, si je le décide !
    Néron était très agité. Toutefois, Lucius n’était pas vraiment inquiet. Il paraissait plus contrarié que véritablement en colère contre lui.
    — Tu peux de nouveau chanter ? Je ne l’aurais jamais cru. C’est une véritable bénédiction des dieux !
    — Évidemment non ! Tu n’entends pas comment je parle ? Mais il n’y a pas que le chant pour lequel j’ai besoin de toi. Je veux que tu entendes aussi ma poésie.
    — Rien ne pourrait m’être plus agréable !
    — Je viens de composer un chant en l’honneur de la chevelure blonde de Poppée. Je pense que tu seras heureux de l’entendre. Cela te rappellera ta propre épouse.
    — Crois bien que j’en suis touché…
    Néron se mit donc à réciter avec le filet de voix qui lui restait… Lucius apprécia la qualité des vers, même s’ils lui semblèrent un peu maniérés. Il assura pourtant l’empereur qu’il n’avait jamais rien entendu de plus beau. Ce dernier en parut ravi.
    — Ce que tu me dis est important car, en plus des morceaux officiels, j’ai l’intention d’en interpréter plusieurs de ma composition. Penses-tu que cela plaira au public ?
    — Il en sera enchanté.
    — Tu es certain ?
    L’empereur adressa un regard craintif à Lucius. Il n’avait jamais paru aussi peu sûr de lui.
    — Je vais te faire une confidence, Gemellus. C’est le public qui me fait le plus peur, plus encore que les juges. J’ai peur qu’il soit tiède, réservé…
    Lucius avait encore dans les oreilles le déchaînement des applaudisseurs à mains creuses, à mains plates et avec les pieds. Il se retint de sourire.
    — Il sera enthousiaste, César, je te le promets !
     
    Les jours qui suivirent, Lucius fut convié à des récitations poétiques du même genre. Il n’était pas tout le temps auprès de l’empereur, mais celui-ci exigeait qu’il soit à sa disposition de jour comme de nuit et il n’était pas question pour lui de quitter le palais. À son grand déplaisir, il était plus que jamais exposé aux regards de la cour et faisait désormais preuve de la plus grande prudence. Il regardait sans cesse autour de lui lorsqu’il se déplaçait et refusait toutes les invitations, de peur d’être empoisonné.
    La voix de Néron ne tarda pas à se rétablir et les répétitions reprirent. Lucius s’acquittait de son mieux des étonnantes fonctions que le sort lui avait attribuées. Il avait fini par se prendre au jeu, essayant, par ses conseils, de faire progresser l’impérial élève et il lui semblait que c’était le cas, même si, un jour où il était en veine de confidences, Terpnus lui avait soufflé que l’empereur était « moyennement doué ».
    Enfin, la veille du concours arriva. Terpnus exigea que Néron cesse totalement de chanter pendant les vingt-quatre heures précédant la compétition, et l’empereur, de son côté, voulut rester seul pour se recueillir et prier les dieux. Lucius Gemellus était donc enfin libre et il s’empressa de retrouver Délia. Il tremblait qu’elle n’ait été déjà baptisée et qu’il n’ait pu honorer sa promesse. Qu’allait-il pouvoir lui dire dans ce cas ?
    Il la trouva à l’endroit où il l’avait vue vendre ses galettes, près du temple de Vénus Cloacine, la seule différence était que le jour avait remplacé la nuit. Elle l’aperçut et courut à sa rencontre.
    — Je suis si heureuse de te voir ! Tu es enfin rentré d’Ombrie ?
    Lucius ne comprenait pas un mot à ce discours, mais il avait toujours eu l’esprit vif. Il répondit sans se démonter :
    — J’en reviens. Qui t’a dit que j’étais là-bas ?
    — Tes parents.
    — Tu es allé les voir ?
    — Oui, je voulais t’annoncer la date de mon

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