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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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discuter avec un contact que j’entretiens au ministère de la Marine. Cent pas et quelques instants plus tard, j’apprenais que Villorgieux le janséniste et Rubelle l’oratorien possédaient des domaines en Louisiane. Et, si j’en crois ce proche du ministre de la Marine, ce sont de vraies et de bonnes affaires... Cette information a une grande valeur car son maître n’est autre que Jean-Baptiste Colbert 3 .
    Il s’agissait de terres agricoles dont la plus petite était plus grande que Paris. Dix fois Saint Albert ? C’était peut-être cela. Et vingt lieues par côté. Et deux cents esclaves qui travaillaient l’indigo, le blé et le coton, en échange de rien.
    — Mon correspondant m’en a parlé comme du Paradis. Chaque domaine possède une maison de maître et des troupeaux de bœufs. Le climat est propice, les esclaves dociles. Tiens ! ai-je pensé. Serais-je sur le point de brûler ? L’aimable informateur continua sa description et il donnait envie de rejoindre cette terre. Ainsi, par exemple, ajouta-t-il, un des domaines recèle une mine d’or. Ses yeux brillaient. L’argent, et aussi le cuivre et le plomb ! La Louisiane regorgerait d’autres avantages et, cherchant toujours mon mobile, je les ai explorés de fond en comble alors que vous suiviez la messe. Bientôt, j’en vins à poser tant de questions sur les merveilles du Nouveau Monde qu’on se trompa sur mes intentions. Mon interlocuteur me crut intéressé : « Soyez patient, glissa-t-il. Bientôt, il y aura de quoi placer son argent... » Ah ! L’argent. Quand on en a, n’est-on pas prêt à tout pour le faire fructifier ? Et voilà qu’au milieu de cet Eldorado, Villorgieux et Burelle resurgirent...
    Cherchant le profit, ces deux colons poursuivaient en fait d’autres projets. Le territoire se trouvant immense, et comme infini, il fallait organiser ce pays et depuis peu était née l’idée d’une compagnie chargée d’attribuer les terres et d’organiser les domaines. Si le roi acceptait, la compagnie bénéficierait alors de concessions qu’elle aurait le loisir de revendre ou de louer aux plus offrants. En clair, si la compagnie se créait, ses actionnaires ne tarderaient pas à mettre la main sur la Louisiane, et en toute discrétion.
    — Entendez-vous comme moi ? répéta La Reynie. On parlait de l’Éden et l’on m’annonçait que je pourrais, dans le futur, en acheter un morceau. Pour le jour où mon métier m’épuiserait ?
    Le lieutenant de police se pencha par-dessus la table :
    — Je ne connais pas de mobile plus tentant. L’argent ! Ajoutez-y la jalousie et vous avez trouvé pourquoi on a tué Villorgieux et Burelle.
    — Voulez-vous dire qu’ils s’intéressaient à cette compagnie ? demanda le marquis.
    — Ces deux-là en avaient plus que l’intention. Ils œuvraient auprès des proches de Louvois afin de se faire entendre du roi. Ils se voulaient comme les fondateurs d’un nouvel empire. Imaginez-vous ce que représente la Nouvelle-France, du Québec à la Louisiane ?
    — Louvois, sursautai-je. N’est-ce pas le nom qu’aurait prononcé le fantôme lors de son... apparition dans le Salon des Glaces ?
    — C’est exact, mademoiselle.
    — Serait-il associé au projet de la compagnie ?
    — Je ne sais pas. En revanche, j’ai appris pour finir que ce projet de compagnie se heurtait à l’hostilité des uns et à l’envie des autres. Le marquis du Chatel, ce banquier plus connu sous le nom d’Antoine Crozat, poursuivrait un autre dessein. Il voudrait convaincre le roi de créer une compagnie disposant du monopole du commerce avec la Louisiane. Épices, esclaves, or, cuivre, canne à sucre ! Bien sûr, je n’accuse pas. Mais l’argent, la jalousie, deux crimes tournant autour d’une poignée d’affairistes voulant s’enrichir dans les colonies... Hum ! Ce nez de policier que vous aimez scruter, mademoiselle, me disait que nous cernions l’affaire. On éliminait deux têtes encombrantes et l’on prévenait les autres en mettant en scène un fantôme qui mentionnait la Louisiane et livrait le nom de Louvois. Pour ceux qui étaient au courant, le message devenait clair. La compagnie serait, mais aux conditions fixées par les forts. Oui, au terme de mes déductions, je pouvais être fier de moi. Si je tenais le mobile, il suffisait de chercher parmi ceux qui œuvraient dans l’espoir d’un profit personnel. Et j’allais trouver le criminel...
    — Je vous félicite, s’exclama

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