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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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constatée sur le corps du second mort que j’ai vu tôt ce matin. Mais ce n’était pas assez pour me décider. Je vous le dis donc sans vous faire perdre patience, le critère qui assied ma conviction, c’est l’odeur ! Ou plutôt le parfum du poison. Voilà qui a trahi le Convallaria majalis , le nom commun de cette plante n’étant autre que le muguet, la fleur préférée du roi. Est-ce lui que l’on vise ? Dans ce cas, oui, l’affaire devient diablement et gravement contrariante.

    À voir sa mine exaltée et cette main contractée sur la canne, je devinai que le marquis de Penhoët ne regrettait pas d’être là.
    — Ce métier est un art, glissa-t-il alors. Je prends plus de plaisir à vous écouter qu’à jouer aux cartes !
    Le lieutenant de police resta de marbre devant la flatterie :
    — C’est une exigence faite d’application et de méthode, monsieur le marquis. Mais je ne cherche pas les compliments et si vous n’étiez pas simple témoin, je pourrais prendre votre phrase pour une flagornerie.
    Penhoët se renfrogna.
    — Et l’apothicaire ? demandai-je. Avez-vous trouvé celui qui a concocté cette potion satanique ?
    — C’est son erreur. Car je sais que cette plante est peu employée. A-t-on voulu me provoquer en commettant une telle bévue ? Toujours est-il que je connais ceux qui fabriquent ce poison. Et, parmi eux, le meilleur.
    Il avança une main vers le crâne qui, posé sur le bureau, le regardait, et le caressa.
    — L’interrogatoire de ce manufacturier de bouillons noirs fut court. Avant de mourir, il n’a livré que deux noms. Et, voyez-vous, fit-il en se tordant la bouche, comme je me hâte moins depuis l’Affaire des Poisons, j’ai eu la prudence de parler au roi d’une affaire grave sans aller plus avant parce que je ne suis encore certain de rien. Tout indique néanmoins que le gibier est gros. Mais suivons-nous pour autant la bonne piste ? Il y a une affaire, mais laquelle ? Oui, mon nez de policier me dit de me méfier. Et vous allez savoir pourquoi.
    L’exposé du lieutenant de police Nicolas de La Reynie se résumait à cette phrase : pour trouver le criminel, chercher le mobile.
    — L’argent, le pouvoir, la passion, comptait-il sur ses doigts. Le crime se nourrit de nos vices humains. La jalousie en est un autre. Mais je préfère la haine. Non, mademoiselle ! N’ouvrez pas des yeux ainsi. Ces folies ne réjouissent pas mon esprit. Je parle en homme de métier. Le plus aisé à trouver, je vous dis, est le crime fondé sur la haine.
    Il souffla lourdement, affaissant les épaules :
    — Qui haïssait Villorgieux et Burelle au point de vouloir les empoisonner ? L’apothicaire m’avait donné le nom d’Antoine Marinvaud. C’est à lui qu’il avait vendu le poison.
    Il observa d’un œil narquois le marquis :
    — Cela vous dit-il quelque chose ? chuinta-t-il.
    — Voyons ! Marinvaud ? chercha le questionné. Attendez...
    Non. Il ne voyait rien, et il finit par s’en agacer :
    — Enfin quoi ! Ce nom ne me dit rien.
    — Quel dommage ! Vous auriez pu m’aider, murmura-t-il. Et vous, mademoiselle ?
    — Pourquoi devrais-je connaître ce Marinvaud ?
    — C’est la base du métier. Il faut poser cent fois, mille fois la même question. Et soudain, un œil s’illumine. Marinvaud... Mais je vous interroge ainsi, car je crois avoir compris que vous aimiez la Louisiane. Hein ! couina-t-il, au point même de vouloir le retour de La Salle. Non, non, ne jouez pas l’étonné, monsieur le marquis ! On me cherche, on me trouve et l’on me trouve même si on ne me cherche pas. Je sais pour ce faux bruit et j’en connais le dessein. Hélas, le fantôme a contrarié vos plans.
    Il me regarda d’un œil froid :
    — Allons, l’affaire semble oubliée. J’ai interrompu l’enquête, et le roi a d’autres soucis en tête pour vous en faire remontrance. Cependant, permettez-moi un conseil : ne jouez plus avec l’emploi du temps de Louis XIV.
    — Si le sujet est clos, fis-je sèchement, pourquoi nous torturer alors, monsieur le lieutenant de police ?
    — Il se trouve, reprit-il calmement, que la Louisiane est peut-être au cœur de cette affaire. Et je trouve un certain amusement à penser que vous avez usé de La Salle pour approcher le roi, pendant que d’autres fomentaient une machination dont le mobile se situe en Louisiane, complot qui, selon moi, est tourné contre le roi. Non, il n’y a aucun rapport entre vous et ces crimes, mais voyez combien le

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