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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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mort !
    – Mais enfin ce hausse-col peut-il servir à nous mettre sur la voie ? demanda Agnès d’un ton d’impatience.
    – Ah ! s’écria Polwarth en tressaillant, je crois que je commence à entrevoir le mystère. Le misérable qui a eu le cœur de tuer un homme avec lequel il avait bu et mangé a pu aisément le dépouiller après sa mort. Vous avez trouvé ce hausse-col près de la cheminée du major Lincoln, dites-vous, belle Agnès ?
    – Dans les cendres, comme si on l’y avait jeté dans quelque moment de détresse.
    – J’y suis, j’y suis, reprit Polwarth en frappant dans ses mains et en parlant entre ses dents ; il faut que ce soit cependant cet assassin dont je parlais, et la justice aura son cours à présent. Fou ou non fou, il sera pendu comme du bœuf fumé pour sécher en plein air.
    – De qui parlez-vous d’un ton si menaçant, Polwarth ? demanda Agnès d’une voix douce et insinuante dont la jeune malicieuse connaissait bien le pouvoir, et qu’elle savait employer à propos.
    – D’un infâme, d’un hypocrite, d’un scélérat qui s’appelle Job Pray ; d’un drôle qui n’a pas plus de conscience que de cervelle, et pas plus de cervelle que d’honneur ; d’un traître qui mangera aujourd’hui à votre table, et qui demain vous mettra sur la gorge le couteau que vous lui avez prêté pour l’aider à assouvir sa faim. C’est ce mécréant qui a moissonné la fleur des braves, la gloire de l’Irlande !
    – Il faut alors que ce soit au milieu d’une bataille, dit Agnès ; car quoiqu’il manque de raison, Job a été élevé dans la connaissance du bien et du mal. Il faudrait qu’il eût été frappé cruellement du sceau de la réprobation divine l’enfant qui, né à Boston, n’aurait pas reçu de sa mère des principes d’honneur et de vertu.
    – Permettez-moi, belle Agnès, de ne point partager votre admiration pour des principes grâce auxquels on peut se livrer paisiblement à l’œuvre importante de la déglutition, puis l’instant d’après tourner ses griffes contre son camarade.
    – Mais qu’est-ce que tout cela a de commun avec l’absence de Lionel ?
    – C’est une preuve que Job Pray est venu récemment dans sa chambre, car quel autre que lui y eût apporté le hausse-col ?
    – C’est une preuve en effet des relations singulières qui existent entre le major Lincoln et l’idiot, dit Agnès en réfléchissant ; mais cette circonstance ne nous donne aucune lumière sur sa disparition. C’est d’un veillard que ma cousine parlait dans ses phrases incohérentes.
    – Je gagerais ma vie, belle Agnès, que si le major Lincoln est parti mystérieusement cette nuit, c’était ce garnement qui lui servait de guide. Je les ai trouvés plus d’une fois en conférence intime ensemble.
    – Eh bien donc, s’il est assez faible pour abandonner une femme telle que ma cousine à l’instigation d’un fou, il ne mérite pas une seule de nos pensées.
    Agnès devint rouge en prononçant ces paroles, et la manière dont elle détourna la conversation prouvait qu’elle ressentait vivement l’injure faite à Cécile.
    La situation particulière de la ville, l’absence de tous ses parents, engagèrent bientôt miss Danforth à écouter les offres réitérées de service du capitaine, et elle finit par les accepter. Leur conférence fut longue et confidentielle, et Polwarth ne se retira que lorsque les premiers rayons du jour commencèrent à paraître. Au moment où il partit pour retourner chez lui, on n’avait encore reçu aucune nouvelle de Lionel, et il devenait certain que son absence était l’effet d’une volonté marquée. Le capitaine se mit donc en devoir de donner sur-le-champ les ordres nécessaires pour l’enterrement de la défunte. Il avait combiné d’avance avec Agnès tous les arrangements à prendre en pareil cas, et il ne lui restait que les embarras de l’exécution. Ils étaient tombés d’accord ensemble que l’état de siège de la place et certains mouvements qui se faisaient déjà dans la garnison leur commandaient de ne différer les obsèques que le temps strictement nécessaire pour les apprêts de la pompe funèbre.
    En conséquence, des ordres furent donnés pour que le caveau des Lechmere, dans le cimetière de la chapelle du roi, fût ouvert sans différer, et cette bière fatale, dernière enveloppe des morts, fut apportée dans la maison de deuil. Le même ministre qui si récemment encore

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