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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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avait prononcé la bénédiction nuptiale sur la tête de la fille se prépara à dire les dernières prières de l’église sur les restes de la mère, et des invitations furent envoyées au peu d’amis de la famille qui restaient encore à Boston.
    Le soleil commençait déjà à se cacher derrière l’amphithéâtre de collines sur lesquelles on apercevait de distance en distance les travaux des hommes infatigables qui tenaient la place assiégée, lorsque les préparatifs pour l’enterrement de la défunte furent tous terminés. Les paroles prophétiques de Ralph s’accomplirent alors, et, suivant la coutume de la province ; on vit les portes de l’une de ses plus nobles demeures s’ouvrir à la foule avide et, curieuse qui pouvait y entrer et en sortir à volonté.
    La pompe funèbre, quoique honorable, n’avait pas cette solennité imposante que dans des jours plus tranquilles Boston n’aurait pas manqué de déployer dans une occasion semblable. Un petit nombre des habitants les plus anciens et les plus respectables, qui avaient eu des relations plus ou moins intimes avec la défunte, suivirent le cortège ; mais aucun pauvre ne s’y montra. Le caractère froid et égoïste de Mrs Lechmere les avait repoussés pendant sa vie ; leurs larmes ne l’accompagnèrent point après sa mort. La marche du convoi depuis la maison jusqu’à l’église fut calme, tranquille et régulière, mais elle n’offrit point de grandes démonstrations de douleur. Cécile s’était renfermée dans sa chambre pour y pleurer librement, et les personnes alliées de loin à la famille, qui s’étaient réunies au cortège, paraissaient n’avoir pas besoin de faire de grands efforts pour retenir leurs sentiments dans les bornes du plus strict decorum .
    Le docteur Liturgy reçut le corps suivant l’usage, sur le seuil de l’édifice sacré, et les paroles qu’il prononça étaient aussi touchantes, aussi solennelles que si l’âme de la défunte avait pris son vol vers le ciel, consolée par l’espérance et soutenue par la foi. Les assistants se pressèrent autour du cercueil pour écouter attentivement la voix du ministre, et le silence qui régna dans l’enceinte rendit cette scène lugubre plus imposante encore.
    Au milieu du petit groupe d’habitants de la colonie qui se trouvaient rassemblés, étaient mêlés quelques militaires qui, ayant connu la famille de la défunte dans des temps plus tranquilles, n’avaient point oublié de venir payer le dernier tribut à la mémoire d’un de ses membres.
    Lorsque le service fut terminé, le corps fut porté en procession jusqu’au lieu où il devait reposer à jamais. Dans ces funérailles d’où la douleur est bannie, auxquelles l’indifférence assiste seule, les dispositions sont bientôt faites, et rien ne retarde la marche de la cérémonie. En moins de quelques minutes les quatre planches entre lesquelles était renfermé tout ce qui restait d’une personne dans le sein de laquelle avaient fermenté tant de passions humaines, furent descendues au fond du caveau, et le corps alla pourrir à côté de ceux qui l’avaient précédé dans la nuit du tombeau. De tous les assistants, Polwarth fut peut-être le seul qui, par suite de ce lien sympathique qui l’enchaînait aux volontés capricieuses d’Agnès, éprouvât une espèce d’émotion qui fût en harmonie avec les circonstances. Toutes les autres figures étaient ce qu’avait toujours été celle de la défunte, froides, contraintes et étudiées.
    Le fossoyeur et ses aides avaient à peine commencé à replacer la pierre qui couvrait l’entrée du caveau, qu’une partie des assistants, et c’étaient les plus âgés, commença à s’éloigner et à donner l’exemple du départ. Tout en marchant au milieu des sépultures, ils s’entretenaient vaguement et sans intérêt de l’âge et de la famille de la femme dont ils venaient de prendre congé pour jamais. Ils semblaient insensibles à l’avertissement salutaire qu’une mort si soudaine aurait dû donner à des hommes qui foulaient aux pieds des tombeaux. Ils parlaient de la défunte, mais sans accorder une seule larme à sa mémoire ; quelques-uns faisaient leurs conjectures sur la manière dont elle avait disposé de ses biens ; aucun ne songeait à regretter qu’elle n’en eût pas joui elle-même plus longtemps. De ce sujet ils passèrent bientôt à d’autres qui les intéressaient plus particulièrement, et ils sortirent

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