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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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charlatanisme ne croira jamais que la diète puisse être un remède : la nourriture soutient le corps, c’est comme une jambe de bois. À propos, Shearflint, ayez soin de chercher dans les cendres les ferrures de la mienne, et remettez quelques nouvelles tranches sur le feu. Mangez, mon brave garçon, mangez, continua Polwarth se frottant les mains de plaisir en voyant avec quel air d’avidité Job prenait l’assiette qu’il lui présentait ; le second plaisir de la vie, c’est de voir manger celui qui a faim, car le premier est encore plus profondément enraciné en nous par la nature. Ce jambon vient de la Virginie, je le sens au fumet. Shearflint, trouveriez-vous quelque chose qui puisse servir d’assiette ? cette bonne femme doit aussi avoir besoin de manger, et comme c’est à peu près l’heure de mon souper, je ne vois pas pourquoi je n’en ferais pas autant ; il est rare qu’on puisse jouir en même temps de deux semblables plaisirs.
    Le bon Polwarth continua de parler ainsi jusqu’au moment où les soins de Shearflint lui eurent donné une occupation différente ; et le magasin dans lequel il était entré peu auparavant, en roulant dans sa tête des idées de vengeance, offrit l’étrange spectacle d’un capitaine des troupes de ligne de Sa Majesté partageant l’humble repas d’une pauvre femme et d’un idiot dans l’asile de la pauvreté même.

CHAPITRE XXVIII
    Messire Thurio, permettez, je vous prie, un moment ; nous avons quelques secrets à nous dire.
    SHAKESPEARE. Les deux Gentilshommes de Vérone .
    Pendant que les événements détaillés dans les deux derniers chapitres se passaient dans le vieux magasin abandonné où Abigaïl Pray avait établi son domicile, une scène toute différente avait lieu dans un grand édifice situé dans une rue qui aboutissait sur la place du marché. Comme c’était l’usage à cette heure de la soirée, les fenêtres de Fanueil-Hall resplendissaient de lumières, comme pour faire mieux ressortir les ténèbres profondes qui enveloppaient l’église voisine. Tous les environs de cette résidence privilégiée du représentant de la royauté étaient gardés par des hommes armés. C’est dans ce séjour favori que nous devons maintenant nous transporter pour reprendre le fil de notre narration.
    Des domestiques couverts de riches livrées militaires parcouraient les appartements avec la rapidité qu’exigeait la ponctualité requise dans leur service. Les uns portaient des carafes remplies des meilleurs vins dans la salle où le général en chef Howe venait de donner un festin aux principaux chefs de son armée ; les autres en sortaient chargés des débris d’un repas qui, quoique somptueux, se ressentait pourtant de la disette du temps, et avait été plus satisfaisant pour les yeux que pour l’appétit. Des soldats en négligé militaire promenaient leur inutilité dans les vestibules, et jetaient un regard d’envie sur la desserte de table, que les laquais qui servaient déposaient entre les mains de valets subalternes pour la placer en lieu de sûreté. Mais, malgré la vie et l’activité qui régnaient, tous les mouvements se faisaient en silence et avec régularité, et toute cette scène offrait une preuve évidente du mérite de l’ordre et de la discipline militaire.
    Dans l’intérieur de l’appartement vers lequel tous les regards semblaient se diriger comme sur un point central, rien ne manquait de ce que pouvaient désirer ceux qui s’y trouvaient rassemblés. Un excellent feu brillait dans le foyer de la cheminée ; le plancher mal joint était couvert par un riche tapis, et les croisées disparaissaient presque sous les plis des rideaux de beau damas qui les garnissaient. Tout y avait un air de recherche, quoique mêlée d’une sorte de négligence élégante. Tout, jusqu’aux moindres objets qui composaient l’ameublement, avait été tiré de ce pays qu’on regardait alors comme possédant le monopole de tous les arts qui peuvent embellir la vie. Ceux même qui attachent peut de prix à l’existence dans le moment du danger, aiment pourtant à en égayer le cours en se procurant toutes leurs aises, quand l’occasion le permet.
    Au centre de ce bel appartement était placée la table hospitalière de celui qui présidait au festin. Elle était entourée d’hommes portant les emblèmes d’un haut rang militaire, quoiqu’on vît çà et là quelques individus que leur costume plus simple et leur air

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