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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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jeune homme se leva, ôta son chapeau avec un air de respect, et répondit :
    – Il est vrai que nous venons des hauteurs, général, mais il faut avoir vu l’ennemi avant de battre en retraite.
    – Une cocarde blanche ! Eh bien ! Monsieur, puisque vous avez un grade, je suppose que vous ne faites pas ce mouvement sans y avoir été autorisé. À bas, Junon ! à bas, sotte !
    – Cette dame est arrivée à bord d’une chaloupe d’un vaisseau du roi, il y a environ une heure, Monsieur, et j’ai ordre de la conduire en sûreté devant le général qui commande l’aile droite.
    – Une dame ! répéta l’autre en passant la main sur un nez aquilin d’une force très-remarquable ; oh ! s’il s’agit d’une dame, il faut avoir toutes ses aises… Finirez-vous, Junon ? – Et tournant la tête vers un aide-de-camp qui était près de lui, il lui dit à voix basse : – Howe a voulu se débarrasser de quelqu’une de ses maîtresses, et il nous l’envoie comme un échantillon de modestie et de loyauté. Puis, s’adressant de nouveau à l’officier américain :
    – Monsieur, dit-il, vous avez très-bien fait de prendre des chevaux ; la seule chose qui m’étonne, c’est que vous n’en ayez pas pris six. Et comment vont les tranchées ?… À bas, Junon ! Tu devrais aller à la cour, animal importun, tu flatterais les ministres de Sa Majesté, et tes flatteries pourraient te valoir un ruban… Eh bien ! je vous demande comment vont nos tranchées ?
    – Elles sont creusées, Monsieur, et le feu des batteries attire tellement tous les yeux dans l’armée royale, que nos travaux seront entièrement terminés avant que le jour leur apprenne que nous nous en occupons.
    – Oh ! oui, dit le général, nous sommes forts pour creuser la terre ; je voudrais que nous le fussions autant pour les autres exercices… Miss Junon ; pour la dernière fois, à bas ! Ta précieuse vie est en danger !… Prends garde… Tu le veux… Eh bien… Il prit un pistolet et le tira sur le malheureux animal qui continuait à le caresser ; mais l’amorce ne prit pas. Se tournant alors vers ceux qui l’accompagnaient, il s’écria avec dépit : – Messieurs, si quelqu’un de vous veut me rendre le service d’exterminer ce quadrupède, je lui promets une mention honorable dans ma première dépêche au congrès.
    Un domestique siffla l’épagneule, et sauva probablement ainsi la vie de la favorite disgraciée.
    Le général s’adressant alors à l’officier américain, lui dit avec un air de dignité qui prouvait qu’il avait recouvré son sang-froid :
    – Pardon de vous avoir retenu, Monsieur, je ne vous retarderai pas plus longtemps ; il y aura de la besogne sérieuse sur les hauteurs avant le lever du soleil, et vous serez sûrement charmé de vous y trouver. À ces mots, il le salua avec un air d’aisance et de politesse, et se remit en marche, tandis que le chariot commençait aussi à s’ébranler. Mais tout à coup, comme s’il se fût repenti de sa condescendance, il se tourna sur sa selle, et s’écria avec le ton de sarcasme qui le caractérisait : – Capitaine, je vous recommande d’avoir un soin tout particulier de la dame {68} .
    À peine avait-il prononcé ces mots qu’il piqua des deux, et partit au galop avec toute sa troupe.
    Cécile n’avait pas perdu un seul mot de ce court dialogue, et elle se sentit saisie d’une froideur glaciale. Quand le général fut parti, elle dit à son compagnon en respirant à peine et d’un ton qui exprimait bien ses sentiments :
    – Et c’est là Washington ?
    –  Cela  ? s’écria le capitaine ; non, non, Madame ; Washington est un homme tout différent. C’est l’officier anglais à qui le congrès a donné le grade de général dans notre armée. On dit qu’il est aussi brave sur le champ de bataille que ridicule dans un salon. Cependant je dirai à son avantage, quoique je n’aie jamais pu comprendre son caractère, et qu’il soit fier et dédaigneux, que c’est un grand ami de la liberté {69} .
    Cécile laissa au capitaine le soin de concilier à sa manière ces contradictions apparentes du caractère de son officier supérieur, et se trouva fort soulagée en apprenant que ce n’était pas un pareil homme qui devait avoir quelque influence sur sa liberté. Le conducteur parut alors empressé de regagner le temps perdu, et, fouettant ses chevaux, les fit marcher avec une nouvelle rapidité. Le reste du temps

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