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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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ajouta-t-il en étendant la main vers le vieux magasin, le voilà c’est là que vous trouverez la preuve de tout ce que je vous ai dit.
    Le major Lincoln resta un moment dans une attitude de profonde réflexion. Il est probable que son imagination lui retraça rapidement la liaison mystérieuse qui existait entre la misérable habitante de ce bâtiment abandonné et l’aïeule de Cécile, qui s’était montrée, comme il venait de l’apprendre, ennemie si implacable de son père. Il parut bientôt avoir pris son parti, et il ne tarda pas à le déclarer.
    – Je viendrai vous rejoindre, dit-il, car qui sait jusqu’où peut se porter l’audace des rebelles ? et nous pouvons ne pas trouver d’ici à longtemps l’occasion de nous revoir. Mais il faut d’abord que je reconduise Cécile dans Tremont-Street.
    – Lincoln, s’écria vivement Cécile, je ne veux, ni ne puis, ni ne dois vous quitter. Entrez, écoutez, apprenez tout ; mais sûrement il n’a rien à vous dire que votre femme ne puisse entendre.
    Ralph, sans faire aucune objection, leur fit signe de le suivre, et entra le premier dans le magasin d’un pas rapide, suivant son usage. Le trouble et le tumulte qui régnaient dans la ville n’avaient pas pénétré dans ce vieil édifice, qui semblait encore plus sombre et plus silencieux qu’à l’ordinaire. Tandis qu’ils marchaient avec précaution sur les bouts de cordes goudronnés qui avaient été dispersés la veille dans tout l’appartement, quelques gémissements étouffés, partant d’une des tourelles, les attirèrent de ce côté. En ouvrant la porte de cette petite chambre, non seulement Lionel et Cécile restèrent immobiles, mais Ralph lui-même parut hésiter à entrer.
    La mère désolée de l’idiot était assise sur un humble tabouret, raccommodant quelques mauvaises guenilles qui paraissaient appartenir à son fils. Mais, tandis que ses doigts s’acquittaient machinalement de la tache qui leur était imposée, ses sourcils froncés, ses yeux secs mais ardents, et le jeu des muscles de toute sa physionomie, annonçaient la violence des souffrances cruelles qu’elle s’efforçait de cacher. Job était étendu sur son grabat ; sa respiration était plus forte et plus pénible que la veille, et ses traits annonçaient les progrès rapides de la fatale maladie. Polwarth, assis à son côté, lui tâtait le pouls avec toute la gravité d’un médecin, et cherchait à s’assurer s’il devait se livrer à la crainte ou à l’espérance, en consultant à chaque instant les yeux à demi éteints de l’objet de ses soins.
    L’entrée soudaine de Ralph et de Lionel avec sa compagne ne pouvait même faire une bien forte impression sur un groupe ainsi occupé. Job jeta un regard languissant vers la porte, et ne parut même pas s’apercevoir que des étrangers venaient d’arriver. Un rayon de joie brilla sur le visage du capitaine en voyant Lincoln accompagné de Cécile, mais il reprit sur-le-champ l’air soucieux qui avait banni l’expression de satisfaction qu’on remarquait ordinairement sur sa physionomie. Abigaïl Pray laissa voir un plus grand changement dans son aspect ; elle baissa la tête sur sa poitrine, et fut saisie d’un tremblement universel en voyant Ralph paraître inopinément devant elle. Mais cette émotion violente ne dura qu’un instant, et ses mains reprirent leur humble occupation avec un mouvement aussi machinal qu’auparavant.
    – Expliquez-moi cette scène de douleur silencieuse, dit Lionel à son ami ; par quel hasard vous trouvez-vous dans ce séjour de misère ?
    – Votre question contient sa réponse, major Lincoln, répondit Polwarth avec gravité, sans cesser de fixer les yeux sur le malade ; je suis ici parce que la misère y règne, et que je cherche à la soulager.
    – Le motif est louable ; mais de quel mal est attaqué ce jeune homme ?
    – Les fonctions de la nature semblent suspendues en lui par quelque calamité cruelle. Je l’ai trouvé ici hier mourant d’inanition, et quoique je lui aie administré une nourriture aussi substantielle que pourrait le désirer le soldat le plus vigoureux, de la garnison, vous voyez que sa situation présente des symptômes effrayants.
    – Il a gagné la maladie contagieuse qui règne dans la ville, s’écria Lincoln en examinant Job plus attentivement. Quoi ! vous lui avez donné de la nourriture quand la fièvre était au plus haut degré !
    – La petite vérole n’est

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