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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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cette expédition martiale ?
    – Elle avait l’humeur extrêmement belligérante.
    – Vous a-t-elle parlé de l’infanterie légère, ou de quelqu’un qui servît dans ce corps ?
    – Votre nom a été prononcé en effet, reprit Lionel d’un air un peu railleur ; elle a fait entendre que les poulaillers allaient courir de grands dangers.
    – Ah ! c’est une fille incomparable ! Ses plaisanteries les plus piquantes sont d’une douceur infinie. Il est certain que celui qui a formé son caractère n’y a pas épargné les épices ; il en a mis au moins une double dose. Oh ! que je voudrais qu’elle fût ici avec nous ! Cinq minutes de clair de lune pour un homme amoureux valent tout un été de soleil brûlant. Ce serait un coup de maître de l’attirer dans une de nos expéditions romanesques. C’est que je suis toujours le même, voyez-vous, toujours disposé à prendre tout par surprise, femmes et fortifications. Que font maintenant les compagnies restées dans la ville, votre artillerie et vos dragons, vos ingénieurs et votre état-major ? Ils ont tous le bonnet sur l’oreiller et ronflent à qui mieux mieux, tandis que nous, nous jouissons ici de la quintessence de la vie. Que ne donnerais-je pas pour entendre chanter un rossignol !
    – N’entendez-vous pas ce whip-poor-will {38} solitaire dont les cris plaintifs semblent déplorer notre approche ?
    – Fi ! c’est trop lugubre et par trop monotone ; j’aimerais autant manger du porc frais pendant un mois. Mais pourquoi nos fifres ne nous jouent-ils pas un petit air ?
    – Jolie manière de tenir notre expédition secrète, après toutes les précautions qui ont été prises pendant la journée ! reprit Lionel ; votre enjouement l’emporte cette fois sur votre prudence. Je n’aurais pas cru que vous vous fussiez trouvé dans un tel accès de gaieté à la veille d’une marche longue et fatigante.
    – Nargue de la fatigue ! s’écria Polwarth ; nous allons seulement prendre position aux Collèges pour protéger nos fourrageurs. Nous allons à l’école, Lionel ; figurez-vous que ces havresacs contiennent nos provisions d’écoliers, nos cahiers et nos livres, et, avec un peu d’illusion, vous pouvez vous croire encore enfant.
    Il s’était opéré un changement total dans l’humeur de Polwarth, lorsque, au lieu des pénibles idées qui étaient venues l’assaillir à la première nouvelle d’une expédition nocturne, il s’était trouvé assis sur une bonne barque dans une position qui lui semblait tenir presque de la volupté, et il continua à parler sur le même ton jusqu’à ce que les barques fussent arrivées à un endroit où le rivage s’avançait en pointe dans cette partie de la baie qui baignait la partie occidentale de la péninsule de Boston. Les troupes débarquèrent alors, et furent formées de nouveau en peloton avec toute la diligence possible. La compagnie de Polwarth fut placée, comme auparavant, à la tête de la colonne d’infanterie légère, et eut ordre de suivre un officier d’état-major qui, monté à cheval, allait en avant à quelque distance. Lionel dit à Meriton de suivre avec les chevaux la même route que les troupes ; et se plaçant à côté du capitaine, il partit avec lui au signal donné.
    – Ah ! nous serons bientôt à couvert dans l’antique Harvard, dit Polwarth en se frottant les mains et en montrant du doigt les humbles bâtiments de l’université ; tandis que vous vous repaîtrez cette nuit de belles réflexions, moi je ferai un repas plus subs… Et bien ! ce quartier-maître est-il aveugle ? Quel chemin prend-il donc ? Ne voit-il pas que les prairies sont à moitié couvertes d’eau ?
    – Avancez, avancez, infanterie légère ! s’écria la voix rauque du vieil officier de marine qui les suivait à cheval à peu de distance ; la vue de l’eau vous fait-elle peur ?
    – Nous ne sommes pas des rats d’eau, dit Polwarth.
    Lionel le saisit par le bras, et, avant que le capitaine interdit eût le temps de revenir de sa stupeur, il fut entraîné au milieu d’un marais d’eau stagnante, où il enfonçait jusqu’à mi-jambe.
    – Prenez garde que vos réflexions ne vous coûtent votre brevet, lui dit son ami, tandis que Polwarth barbotait au milieu du marécage ; voici un incident qui du moins pourra figurer avec avantage sur le journal de votre campagne.
    – Ah ! Lionel, dit Polwarth avec une sorte de regret comique ; je crains

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