Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
Vom Netzwerk:
les postes ; et le petit nombre d’officiers isolés qu’il voyait le regardaient approcher avec un air de précaution inquiète, comme s’ils eussent craint de trouver un ennemi dans chaque personne qu’ils rencontraient.
    Les portes de la maison commune de la province étaient ouvertes, et, suivant l’usage, gardées par des sentinelles. Lionel, en passant, reconnut le grenadier à qui il avait parlé là soirée précédente, et qui était en faction à la porte du gouverneur.
    – Votre expérience ne vous a pas trompé, mon camarade, lui dit-il en s’arrêtant un moment, nous avons eu une chaude journée !
    – C’est ce qu’on nous a dit aux casernes, répondit le grenadier. Notre compagnie n’a pas marché, et nous avons à faire double faction cette nuit. J’espère que la première fois qu’il y aura de la besogne, on n’oubliera pas ma compagnie. Il eût été à désirer pour l’honneur de l’armée qu’on l’eût mise en campagne aujourd’hui.
    – Et pourquoi pensez-vous ainsi, mon vétéran ? On n’a rien à reprocher aux troupes ; elles se sont bien conduites ; mais il était impossible qu’elles fissent tête à une multitude armée semblable à celle qui les attaquait.
    – Il ne m’appartient pas de dire qu’une troupe se soit bien ou mal conduite ; mais quand j’entends dire que deux mille hommes de troupes anglaises ont tourné le dos, ou ont marché au pas redoublé devant la canaille de ce pays, je voudrais que mon régiment y eût été, ne fût-ce que pour voir de mes propres yeux ce spectacle déshonorant !
    – Il ne peut y avoir de déshonneur quand il n’y a pas d’inconduite.
    – Il faut qu’il y ait eu de l’inconduite quelque part, Votre Honneur, sans quoi une pareille chose n’aurait jamais pu arriver. Réfléchissez-y bien, Votre Honneur, la fleur de l’armée ! Il faut que quelque chose ait mal été, et, quoique j’aie vu la dernière partie de l’affaire d’une haute montagne, à peine puis-je croire que cela soit vrai.
    En terminant ces mots, il secoua la tête, et se remit à marcher sur le terrain dans lequel il était circonscrit, comme s’il ne se fût pas soucié de parler plus longtemps de ce sujet humiliant. Lionel continua son chemin en réfléchissant sur ce préjugé fortement enraciné, qui avait appris à cet humble satellite de la couronne d’Angleterre à regarder avec mépris toute une nation, parce qu’on la croyait courbée sous le joug.
    La grande place où il avait passé le soir de son arrivée était encore plus silencieuse que de coutume, et le tumulte qui régnait ordinairement à cette heure dans les cabarets voisins ne se faisait pas entendre. La lune n’était pas encore levée, et Lionel marcha d’un pas rapide sous les arcades sombres du marché, en se rappelant qu’un homme auquel il prenait tant d’intérêt attendait alors son arrivée.
    Job, qui le suivait en silence, traversa le pont avec lui, et courut ensuite en avant pour lui ouvrir la porte du vieux magasin. Lionel trouva la grande pièce qui en formait l’entrée aussi sombre et aussi vide qu’à l’ordinaire ; mais il vit briller une lumière à travers les fentes d’une cloison en bois qui en séparait la chambre occupée par Abigaïl Pray dans une des tourelles, et il entendit qu’on y parlait à voix basse. Supposant qu’il y trouverait le vieux Ralph et Abigaïl causant ensemble, il se retourna pour dire à son guide d’y entrer, et de les prévenir de son arrivée. Mais l’idiot avait aussi entendu les voix qui parlaient dans cette chambre, et son oreille, plus adroite qu’on ne l’aurait supposé, avait sans doute reconnu les interlocuteurs ; car, à l’instant où Lionel voulut lui parler, il partit avec une vitesse qui surprit le jeune major, et qui ne se ralentit que lorsqu’il se trouva sur le marché.
    Abandonné ainsi par son guide, Lionel s’avança avec précaution, et chercha à tâtons la porte de l’appartement ; mais la lumière le trompa, car, au lieu de lui indiquer la porte, elle le conduisit à une fente de la cloison, par laquelle il vit encore une fois, sans le vouloir, une de ces entrevues qui annonçaient une liaison singulière et mystérieuse entre la riche et respectée Mrs Lechmere, et la misérable habitante du vieux magasin. Jusqu’à ce moment, la rapidité des événements et la foule de réflexions qui s’étaient présentées à son esprit depuis vingt-quatre heures l’avaient

Weitere Kostenlose Bücher