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Liquidez Paris !

Liquidez Paris !

Titel: Liquidez Paris ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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meurtrière se déroule à leurs portes. A un croisement de routes, il n’est pas rare qu’on s’arrête pour laisser passer deux voitures américaines, en reconnaissance elles aussi. Les occupants saluent, prenant visiblement notre lourd Puma à quatre roues motrices pour un de leurs chars.
    Lorsque avec beaucoup de précautions nous entrons dans Montaudin, il fait nuit. Pas une âme. La petite ville semble morte.
    – Tiens, un caboulot ! constate Porta tout joyeux. Allons voir s’il y a une soupe, j’ai tellement faim que ça me ronge de l’intérieur.
    On parque le lourd blindé sur la place, exactement comme un car de touristes en temps de paix, puis harassés, poussiéreux, de très mauvaise humeur, nous nous extrayons de notre engin en étirant nos bras vers le ciel noir. Bâillements à fendre l’âme. Depuis deux jours, nous sommes en reconnaissance.
    – Ce que je peux être fatigué ! gémit Heide. Ce diesel vous rend fou. Où est-ce qu’on peut bien se trouver ? Derrière les lignes, et quelles lignes ?
    Le Vieux se gratte la nuque et frotte le bout de son nez.
    – Ecoutez, jetez vos calots dans la voiture, c’est notre seul signe distinctif. Après tout, notre camouflage ressemble à celui des autres, et on ne sait jamais sur qui on tombe.
    – Je prends mon bon nagan dans ma poche, décide Petit-Frère qui empoigne le lourd revolver des commissaires russes. Si je vois un ami douteux, je lui colle un pruneau à la russe dans le cul !
    Tout le monde remplit ses poches de grenades à main grosses comme des œufs, on fourre les revolvers dans les poches poitrines, puis une arme chargée à la main, le légionnaire ouvre d’un coup de pied la porte du caboulot. Le local, éclairé seulement d’un faible lumignon, semble désert.
    – Salut patron ! Y a des clients.
    D’un doigt terrifié, Heide désigne une gigantesque silhouette en uniforme américain couchée les bras étendus sur le bar ; une bouteille de cognac et des verres brisés gisent par terre. L’homme doit être saoul comme une vache.
    – Un Amerloque ! chuchote Heide très nerveux. Filons, on est derrière les lignes américaines.
    – Crétin ! gronde Porta en suçant son unique dent. Pourquoi que le type se serait pas trompé d’adresse en atterrissant derrière le front d’Adolf ? Mais je m’en fous ! Même que ce serait Eisenhower, je veux une bouillabaisse et tout de suite. Petit-Frère, vois à nettoyer l’endroit, je veux manger en paix.
    Petit-Frère retrousse ses manches et sort de ses bottes une grenade à main : – Paré, dit-il. Je fais sauter le Q. G. s’il se montre.
    – Patron ! crie le légionnaire.
    Un homme entre deux âges, tout ensommeillé et vêtu d’une robe de chambre graisseuse descend pesamment l’escalier qui grince.
    – Encore des Américains ! grogne-t-il. A croire qu’il en pleut !
    – Patron, excusez le dérangement, dit poliment le légionnaire, mais est-ce qu’on pourrait avoir une soupe genre bouillabaisse ? Si vous manquez de personnel, on est là pour le coup de main.
    Stupeur de l’homme :
    – Vous êtes français ? Je vous avais pris pour des Américains.
    – Oui, Patron, on est de la 2 e D. B. en route pour Paris. Mes camarades sont des Allemands de la Légion étrangère.
    – Hurrah ! crie le patron qui repart quatre à quatre vers les hauteurs en se prenant les pieds dans sa robe de chambre. V’là les Français ! Vive la France ! Descendez tout le monde !
    – On dirait Noël, chuchote Petit-Frère.
    Des bouteilles poussiéreuses apparurent comme par enchantement. L’Américain ivre releva la tête et nous regarda d’un œil lointain ; sa grosse moustache ressemblait à la fourrure d’un chat mouillé, son uniforme était maculé de taches d’alcool.
    – Hello boys ! balbutia-t-il. Avez-vous du whisky ?
    Il retomba dans une mare de cognac et se mit à pousser des ronflements tonitruants.
    – Saoul comme une vache, expliqua le patron. A bu toute la nuit avec deux copains. Sont arrivés hier matin et vont sûrement à Paris ; les autres ont filé dans une jeep y a environ deux heures, mais celui-là a roulé sous la table.
    – Il n’y en aurait pas d’autres par hasard ? demande prudemment le légionnaire.
    – Non, il est seul. Ont vidé toute une caisse de whisky.
    L’Américain entrouvrit un œil, nous regarda, et se dressa soudain de toute sa hauteur. Il était presque de la taille de Petit-Frère. En titubant, il

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