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Liquidez Paris !

Liquidez Paris !

Titel: Liquidez Paris ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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L’avons-nous raté ? Non, il en sort un peu de fumée blanche. Nous retenons notre respiration en oubliant même de changer de position.
    Une flamme verticale qui monte vers le ciel, une explosion fracassante, des plaques de métal d’une tonne volent comme des fétus de paille. Le cinquième char brûle ; son commandant, torche humaine coincée dans la tourelle, hurle.
    – Blindés, marche ! commande le Vieux. En position près de la ruine. Tourelle sur deux heures. Visée 300. Char ennemi, feu !
    Le canon tonne, le sixième Churchill est touché, et Petit-Frère exige de sortir sur l’heure pour peindre les six anneaux de la victoire sur notre tourelle. Colère terrible du Vieux, mais Petit-Frère n’apprendra jamais la discipline ; Porta et lui battent tous les records de la désobéissance et ont donné la chair de poule à plus d’un officier d’état-major. Voilà justement que derrière nous les batteries Do entrent en action ; nous sommes sous un parapluie de feu, les fantassins s’abattent, l’ennemi nettoie la cote 109, et l’infanterie canadienne se bat, fanatisée. Il lui faut prendre chaque trou. Faute de mieux, un sergent nous jette des pierres ; la mitrailleuse l’abat, on rattrape un groupe qui est écrasé sous nos chenilles.
    Et puis le silence retombe. Les chars s’arrêtent. On n’entend plus que le crépitement des flammes. Toussant, les poumons douloureux, nous sortons des prisons d’acier, et Porta, le visage noir de fumée, s’élance vers une maison détruite d’où il ressort, les bras pleins de boîtes de bière. Sans même prendre le temps de respirer, il en avale deux de suite, et ses yeux luisent comme des billes blanches dans son visage de nègre.
    – Y en a toute une cave ! C’est leur bière de la victoire, et je vous jure que ça fait du bien !
    Petit-Frère pousse un cri, disparaît dans les ruines et revient avec dix boîtes qu’on ouvre à la baïonnette à même le chemin en chantant des chansons ordurières. Tout s’oublie, même la guerre, même les maisons qui flambent sous nos yeux.
    Mais tout à coup, une mitrailleuse crache et nous rappelle durement au présent.
    – Salauds ! crie Petit-Frère, tandis que Heide arrache la sûreté d’une grenade à main et la jette du côté de la cible.
    Un uniforme kaki se dresse, en feu, et tombe sous les rafales. Très malheureux, nous regardons la bière qui s’échappe de toutes les boîtes trouées. C’est ça la guerre.
     
    Les Résistants de Caen reçurent un jour l’ordre d’abattre le chef de la Milice, Lucien Brière, qui travaillait en liaison directe avec la police allemande et se trouvait être un ami personnel du chef de la Gestapo : le commissaire Helmuth Bernhard. Briëre avait provoqué l’exécution d’un grand nombre de Français.
    Ce fut le ferblantier Arsène qu’on chargea de l’affaire. En compagnie de trois camarades, il pénétra dans la maison de Brière, rue des Fossés-du-Château, et y jeta plusieurs grenades à main, mais l’attentat fut manqué. Les conjurés ne durent leur salut qu’à la fuite, et à leur insu, on confia la garde de la maison aux Waffen SS.
    Arsène se décida à agir seul en filant le commandant Brière un jour où il sortirait de sa demeure. Ce jour vint, et Arsène se posta au milieu de la chaussée pour descendre de face l’homme le plus haï de Caen. Il ne fallait pas qu’on puisse le prendre pour un vulgaire assassin.
    Brieve vit le danger mais trop tard ; il tenta de rebrousser chemin pendant qu’Arsène, qui courait derrière lui, le forçait à faire demi-tour, et de son parabellum, lui envoyait deux balles dans la tête.
    De toutes les fenêtres de la rue, les habitants avaient suivi la macabre scène. Avec le plus grand calme, Arsène sortit un appareil de photos et prit un cliché du cadavre car ces messieurs de Londres émettaient souvent des doutes sur l’exécution de leurs ordres. Puis il disparut.
    Lorsque trois jours plus tard, les funérailles se déroulèrent à l’église Saint-Jean, la Gestapo se rendit compte du volcan qu’était la ville. La foule qui encombrait les rues se mit à applaudir à l’apparition du corbillard et on entonna la Marseillaise.
     

A LA MANIERE D’HEMINGWAY
     
    EN Normandie, il n’existe pas de front continu. Pendant des heures, on part en reconnaissance sans rencontrer l’ombre d’un ennemi ; on traverse des villages dont les habitants se doutent à peine qu’une guerre

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