Liquidez Paris !
compagnie allemande ne peut pas marcher sans chanter.
Je suis serre-file de droite et c’est à moi de commencer mais par deux fois je détonne.
Weit ist der Weg zurück ins Heimatland
50 weit, so weit
Die Wolken ziehen dahin daher Sie ziehen wohl übers Meer Der Mensch lebt nur einmal Und dann nicht mehr…
Long est le chemin du foyer
long, si long !
Les nuages passent et repassent Ils nous emportent vers la mer. Et l’homme n’a droit qu’à une vie, Une seule et puis c’est fini…
Que je me sens las ! Je suis las à mourir ! Mais je chante comme les autres. Un chant de marche, même si Ton n’en peut plus, ne doit-il pas être joyeux ?
Au nord, au sud, à l’est, à l’ouest, le soldat allemand meurt de la mort des héros, et les mères allemandes prennent le deuil avec fierté, s’il faut en croire le journal c Völkischer Beobachter. » L’histoire se répète : la jeunesse allemande meurt toujours en criant quelque chose : Vive l’Empereur, vive la Patrie, Heil Hitler. Les hommes tombent au son des tambours et des trompettes, et aucune mère, aucune épouse aucune sœur, ne pleure ses héros. Ce n’est pas de mise pour une femme allemande : on prend le deuil avec fierté.
Qui a parlé de brûlures au phosphore, de jambes sciées, de cervelles qui s’échappent, de ventres ouverts, d’yeux arrachés ? Un fou, un défaitiste, un traitre. Aucun héros ne meurt ainsi. On ne voit ça nulle part dans les livres d’histoire. Des uniformes rutilants, des braves qui marchent en chantant, des poitrines constellées de décorations, des drapeaux qui claquent des musiques militaires, et des milliers de mères qui se drapent dans des deuils pleins de fierté.
Seuls, les menteurs parlent de bétail humain se tordant dans la boue des tranchées, de mourants appelant leur mère en essayant de retenir leurs intestins dans leur ventre ouvert, de ceux qui maudissaient les responsables – ceux qui les envoyaient sous la pluie de feu et d’acier. Or, c’est ça la guerre, je le sais. Moi-même j’ai été un des soldats gris du front allemand.
DECOUVERTE D’UN DEPOT AMERICAIN
C ’EST une horde désordonnée qui rampe sur les bords de la route tout au long d’un bon kilomètre, tandis que passent à toute vitesse des voitures bondées.
– Y a des gens pressés de rentrer ! ricana Porta avec mépris. Les héros en ont assez à ce que je vois !
Trois chars légers précédaient deux grosses Mercédès dont les occupants (des officiers galonnés de rouge et des femmes stupidement fières) nous regardaient avec condescendance. La feldgendarmerie était là avec ses lourdes motos.
– Tenez votre droite ! criaient ces chiens en agitant furieusement leurs disques de circulation.
Evidemment nous ne libérions pas la route assez rapidement. Deux Horsch aux fanions rutilants nous couvrent de poussière ; des téléphonistes craintives nous font des signes d’amitié.
– Je t’emmerde ! grogne Heide. Les guerriers de l’arrière se tirent avec leurs poules.
Nous voyons maintenant ce qui rampe devant nous sur les bas-côtés de la route. Des blessés. Des estropiés ou des aveugles : tout le personnel d’une ambulance a filé et a laissé les grands blessés se débrouiller tout seuls. Ils n’ont même plus peur, les malheureux, tellement ils sont certains d’être liquidés quand l’ennemi arrivera. Les aveugles portent les amputés ; on prête aux camarades ses jambes et ses yeux.
Pendant des kilomètres, la misérable colonne s’est traînée sur la route ; les voitures d’état-major les dépassent à toute vitesse, leurs occupants,. hommes et femmes, détournant pudiquement les yeux.
L’Oberleutnant Löwe jura. Il se planta au milieu du chemin, juste devant une longue file de voitures militaires de luxe. La file ralentit, un commandant d’état-major se pencha à un carreau et menaça de conseil de guerre, pendant qu’un major de la feldgendarmerie, armé jusqu’aux dents, crachait aux pieds du lieutenant en lui collant sa mitraillette sur le ventre.
– Un mot de plus, abruti du front, et tu es mort !
L’officier d’état-major ricana, et dans un nuage de poussière, les voitures de luxe et les motos de la gendarmerie disparurent à l’horizon. Löwe hocha la tête et regarda un cadavre nu qui gisait dans le fossé.
– Feldwebel Beier, commande-t-il, vous postez vos hommes de chaque côté de la route, le S. M. G. un peu en avant. Sous-officier
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