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Liquidez Paris !

Liquidez Paris !

Titel: Liquidez Paris ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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civils, et même une fille qui est dans les toilettes doit ouvrir la porte pour montrer ses papiers. Ce spectacle laissa le gendarme parfaitement indifférent : dix ans à la Légion l’avaient endurci à tout.
    Cuisine. Ils fouillent « Saucisson Noir » en jetant un regard mauvais à la poêle qui crépite, puis ils montent au premier étage. Jean ne les intéresse nullement. On regarde sous les lits, de gros doigts brutaux tâtent les draps, les édredons, les canons des mitraillettes fouillent les vêtements des placards. On n’oublie même pas le garde-manger dans la cour. Dans une heure cesse la patrouille, va-t-elle revenir sans proie ? C’est impossible. Le Stabsfeldwebel a reniflé quelque chose.
    « Veste Rouge » lui tend un verre rempli d’un pernod glacé que l’homme repousse avec dédain. Ses hommes attendent en silence. Il tire de sa poche des papiers munis de photographies et regarde soudain avec attention quelques jeunes gens qui boivent dans un coin. En deux enjambées, il est près d’un garçon en veste grise fripée.
    –  Deutsche Feldpolizei. Ausweis bitte. (Gendarmerie allemande. Laissez-passer s’il vous plaît.)
    Trois hommes scrutent les papiers que tend le jeune homme.
    – Faux ! constate le Stabsfeldwebel. Je te cherche depuis deux mois. Ce soir tu sauras comment on traite les déserteurs. Qui t’a aidé ?
    – Moi, dit en se levant une jeune fille bien vêtue.
    – Doit être cinglée ! chuchote Petit-Frère.
    Malowski se retourne vers nous et nous foudroie du regard pendant que Barcelona administre un coup de pied à Petit-Frère. En ce moment, le moindre incident peut avoir les pires conséquences et c’est justement cela que cherche le Stabsfeldwebel. Pendant qu’on passe les menottes au déserteur et à la jeune fille, toute la fouille recommence, ce qui met « Veste Rouge » des plus mal à l’aise. L’instinct du Stabsfeldwebel lui dit qu’il y a encore autre chose à trouver et puis il hait les soldats du front. Cochons indisciplinés, chair à canon. La semaine dernière n’a-t-il pas fait arrêter un Oberleutnant décoré de la croix de fer ? Tout en pianotant sur son ceinturon, il s’avance vers nous d’un pas.
    Mais quelqu’un entre dans la salle. Pas de visage. Là où était le nez, un carré d’étoffe noire, des yeux sans sourcils, de la chair recuite. Autour du cou, la croix de chevalier et le cou lui-même est soutenu par un collier de cuir. Ce qui a été une bouche s’ouvre pour parler.
    – Vous ne saluez pas, Stabsfeldwebel ?
    Malowski blêmit. Un soldat au visage de ce genre et décoré de la croix de chevalier peut tout se permettre. S’il sort son revolver et vous descend sous prétexte qu’il a été insulté, personne n’aura le moindre doute.
    Malowski claque des talons et porte lentement la main à son front.
    – Mon Fahnenjunker : feldgendarmerie, patrouille 809. Patrouille selon ordre dans le XVIII e arrondissement. Un déserteur découvert avec la femme qui Ta aidé. Commandé par le chef de patrouille Stabsfeldwebel de la feldgendarmerie Malowski.
    – Merci Stabsfeldwebel. Vous avez fini je pense ?
    Le mort vivant salue de deux doigts à son calot. Les jambes à partir des genoux sont des prothèses, mais ça se voit à peine ; il a fallu des semaines d’une énergie surhumaine pour réapprendre à marcher, le bras gauche se compose de quatre crochets d’acier. Gunther cherche à mourir, tout le monde le sait. On lui a proposé de devenir officier dans la Waffen S. S. mais il ne veut pas abandonner les hussards noirs ; le régiment c’est sa vie, et sauf nous qui sommes ses meilleurs camarades, tout le monde tremble devant lui.
    Silence de tombe dans le bistrot enfumé. « Saucisson Noir » devient grise de terreur. Cette apparition insoutenable ne peut être qu’un diable de l’enfer, et toute la superstition de sa race lui glace le sang. Gunther mit une cigarette dans sa bouche sans lèvres, mais l’étoile rouge qui ornait l’étui d’or n’échappa pas à l’œil de Malowski. Gunther lui tendit l’objet avec ostentation : la faucille et le marteau en émail rouge se détachaient sur le fond d’or sous l’étoile.
    – Il est raide fou ! chuchota Barcelona.
    – C’est ça qui vous intéresse autant, Stabsfeldwebel ? Un souvenir de Stalingrad, nous protège. Gunther boit : il en oublie son visage cuit à l’huile et enlève une fille à Heide, une fille en robe jaune qui ferme les

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