Liquidez Paris !
magnifique ? dit-il en rigolant.
– Seigneur ! soupira Gregor, ça peut devenir aussi gros que ça ? A dû prendre des siècles. Bon, allons-y. Par où est-ce qu’on entre ?
Petit-Frère exhiba un énorme marteau.
– Je lui fais son affaire. Juste entre les deux yeux. Sûr qu’il ne l’oubliera pas !
– Du calme, du calme, prévint le Vieux. Y doit y avoir des gens qui veillent.
La porte de l’appentis grinça à réveiller tout Malakoff. Un matou miaula. Nous tendons l’oreille… Mais non, il n’y a que la nuit et le silence. Tout le monde disparaît avec précaution dans l’appentis, Petit-Frère en tête, son marteau à la main. Soudain, un bruit de tonnerre de Dieu comme si mille seaux d’aluminium carambolaient dans un escalier. Cris et jurons ! Une torche s’allume… Petit-Frère surgit, couvert de la tête aux pieds d’une mixture immonde.
– Que je le pince seulement ce cul qui a fourré là cette auge !
Et il donne un coup de pied furibond à un seau qui rebondit avec un vacarme d’Apocalypse. Le légionnaire court vers la rue, revolver au poing… Bruit de bottes.
– Wer da ? Wer da ? hurle une voix avec l’accent de la Saxe.
– Un Saxon ! rugit Petit-Frère. Il arrive bien ! Attends un peu !
Deux soldats armés de carabines volent sur la chaussée, laissant seulement comme souvenir de leur présence un casque d’acier et un col arraché. Petit-Frère inondé de quelque chose de gluant devient dangereux, Porta est pris d’un fou rire. Le géant ramasse son marteau et jette un coup d’œil à travers la vitre de l’appentis.
– A moi maintenant. Non mais regardez-le ! Il dort ! Croit peut-être que la guerre est finie !
Eclair du marteau dans la pénombre… Un hurlement sauvage ! Tout le monde détale. Moi je m’aplatis derrière la soupente, mais les cris aigus continuent. Barcelona et Heide s’enfuient dans la rue ; le légionnaire saute sur un petit mur et se met en position, mitraillette au poing. Les cris aigus alternent avec les jurons de Petit-Frère… Mais voilà de lourdes bottes qui arrivent au pas de charge : ce sont deux pionniers et un sous-officier.
– Voleurs ! crie le sous-officier. Haut les mains !
Les événements se précipitent. Le sous-off disparaît Dieu sait où. Appels, cris de douleur, jurons… Un des pionniers essaie de s’enfuir.
– Au secours ! Au secours ! Assassins !
Une carabine vole et l’atteint à la nuque. Il tombe. Le coup part en l’air. Grand éclat de rire de Porta.
– Quelle bande de pisseux ! Déranger des gens tranquilles, grogna Petit-Frère assis sur une truie géante qui semble morte. Il gratte l’animal derrière l’oreille.
– Courageuse fille, tu t’es bien battue.
– Quelle quantité de purée de pommes de terre avec des dés au lard ! rêve Porta qui commence à palabrer sur son plat préféré.
Mais le temps presse. Avec mille difficultés et autant de criailleries, nous arrivons à traîner l’animal dans la rue.
– Tiens donc convenablement sa patte, me recommande Porta d’un air agressif.
– Mon ex-général aurait dû voir ça ! dit Gregor qui riait tellement qu’il en pleurait. Est-ce que je vous ai raconté le jour où moi et le général…
– Oui, oui, on la connaît, et puis pour l’instant on a des choses plus importantes sur les bras. S’agit de transporter ce cochon, les gars, et c’est lourd !
Trois d’entre nous arrivent à soulever la truie et la hissons sur nos épaules. Départ au pas cadencé. Mais un ouvrier, son sac sur l’épaule, nous croise et nous regarde avec stupeur. Porta lui fait cadeau d’un revolver et d’un paquet de cigarettes. L’homme se met à rire et montre son poing fermé.
– Front rouge !
– Si tu veux Franzose ! Moi, Joseph Porta, Obergefreiter dans l’armée d’Adolf et ami personnel de ton grand-oncle à Moscou.
On repart, ça a l’air d’aller pas mal. Hélas, près de la porte de Vanves, le cochon vacille, nous échappe, et roule juste devant les roues d’une voiture Kübel montée par un capitaine qui porte des galons jaunes d’une largeur ahurissante sur sa casquette.
Le capitaine saute de la voiture :
– Qu’est-ce que c’est que ça ? crie-t-il avec un grand coup de pied au cochon.
C’est Gunther qui sauve la situation. Il claque des talons.
– Mon capitaine, sous-officier Gunther Sœst du commando du nettoyage des rues se porte présent. Nous sommes en train de
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