Liquidez Paris !
quarante et un, ligne trois, signé du lieutenant-colonel d’état-major général Reibert. Et un lieutenant-colonel qui a ses entrées à l’état-major général sait de quoi il parle.
Le policier opine du bonnet. Etat-major général ! Ce sont les eaux profondes. Bas les pattes ! Les oignons d’Adolf. Etat-major générale. Hoffmann tourne au vert et tripote sa casquette. Un large sourire illumine le visage du lieutenant Löwe. Dans ces moments-là, il adore Porta. Le rougeaud devient remarquablement bénin. Cet Obergefreiter de blindés connaît le règlement, et Adolf n’a-t-il pas dit lui-même : « Le droit pour les petits comme pour les grands » ? Après tout, cet Hoffmann n’est pas un agent de la juiverie, et quant à ce Porta, il n’a pas l’air du tout de trembler devant l’état-major général !
– Porta, demande aimablement l’homme de la Gestapo, avez-vous envoyé la facture à l’Intendance du régiment ?
– Naturellement, déclare effrontément Porta.
– Il ment ! Il ment comme il parle ! hurle
Hoffmann. Ce cochon n’est pas capable de signer son propre nom, et ces bottes avec lesquelles ce bandit veut voler l’Etat, c’est du bien volé ! Mais ça va cesser ! Trois ans que je surveille ce voyou ! C’est lui qui a volé le café et le camion aux couvertures ! C’est un escroc invétéré, un malade mental, une tache sur l’honneur de la civilisation ! Arrêtez-le ! Chassez-le de la grande armée !
Le lieutenant Löwe partit d’un immense éclat de rire, auquel fit écho le capitaine Gickel, chef de la 1ere compagnie. Fou rire général. Porta sourit et claqua trois fois des talons.
– Herr Kriminalrat, je suis à vos ordres pour réfuter les invraisemblables accusations de mon supérieur. Nous avons des quantités de témoins, affirma le rouquin en montrant la salle d’un geste large.
– Creutzfeldt ! cria Hoffmann en se jetant désespérément vers Petit-Frère qui lui semblait un niais de choix. Ne me mens pas à moi, ton supérieur : oses-tu sous serment nier que ce dément n’a pas volé ces bottes dontil est si fier ? Il les a prises sur un mon américain et détrousser les cadavres est chose sérieuse.
– Au rapport Herr Hauptfeldwebel. Obergefreiter Wolfgang Ewald Creutzfeldt ne sait rien de cette histoire de cadavres dévalisés. Porta a acheté quatre paires de bottes au sergent-major du 177 e régiment d’infanterie, le jour où ils ont mis le feu au dépôt.
– Mensonge ! Faux serment ! gémit Hoffmann.
Avec un calme parfait, Porta exhiba une facture acquittée, signée du Stabszahlmeister Bauser, 177 e régiment d’infanterie.
Le rougeaud tambourina sur la table et but un verre d’eau.
Obergefreiter Porta, vous avez dix-sept Reichsmarks et vingt-quatre pfennigs à votre compte à la 5 e compagnie.
– Dans cinq minutes, trente-six pfennigs, corrigea Porta. Ce n’est pas que je soit pingre, mais le droit est le droit.
Le rougeaud acquiesça tout en jetant un mauvais regard vers Hoffmann.
– Hauptfeldwebel, voyez à acquitter cette somme au plus vite. Mieux vaut liquider cette question avant qu’elle n’aille plus loin.
– Il peut les avoir tout de suite ! gronda Hoffmann furibond en jetant l’argent vers Porta.
L’homme de la Gestapo commençait à s’intéresser au rouquin. Il y avait du style Krupp chez cet Obergefreiter, et devant ces gens-là, la juiverie internationale capitule.
– Plus de plaintes à formuler, Obergefreiter ?
– Si, quelques-unes, mais je ne vais pas prendre le précieux temps de monsieur le Kriminalrat maintenant que nous sommes revenus à la guerre totale.
– Il l’aura sa guerre totale, ce merdeux ! murmura Hoffmann. Il ne me connaît pas encore, mais il va apprendre ce que c’est que la discipline. J’ai perdu la foi dans la victoire, avec ce genre d’Obergefreiter, nous sommes finis, mais il va voir quand même.
L’homme de la Gestapo boit lentement son verre d’eau en espérant maintenant revenir au café. Dix sacs de café ! Une fortune ! Pas une seconde il ne doute que Porta ait pris le café, mais c’est un garçon rudement malin, et on peut oublier l’affaire si Porta accepte de lui en céder la moitié à lui-même. Cinq sacs rendent une cinquième année de guerre supportable.
– Je suis malheureusement obligé de revenir à ma première affaire. Le café, Porta. On dit que vous avez volé le café.
Porta secoua tristement la
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