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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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tout le monde se met à rire,
plaisanta Baki. Mon pauvre Djéhouty, ton singe n’est guère joyeux aujourd’hui.
Que lui as-tu fait pour qu’il soit aussi triste ? Allons, tant pis, on
reprend.
    Djéhouty, le scribe, s’inclina devant Satiah,
la reine.
    — On dit que le peuple réclame votre
visage à la fenêtre du palais, Majesté, mais que vous devez mettre un masque pour
que vos sujets ne vous reconnaissent pas.
    — Un masque, dis-tu ?
    La reine leva les yeux au ciel.
    — Un masque ! Entends-tu Isis ?
Un masque ! Puis-je prendre le tien ? C’est le seul qui peut
satisfaire mon peuple. Oh ! Divine Isis. Donne-moi l’immortalité pour que
je triomphe de mes sujets.
    Thot lâcha soudain la main de Djéhouty et courut
au fond de la salle de classe. Puis, il rapporta un encrier qu’il tenait d’une
main. De l’autre, il plongea le doigt dans l’encre rouge et le passa sur son
nez, ses babines, sa tête.
    Ce fut l’hilarité générale et les élèves
eurent du mal à reprendre leur sérieux.
    — Tu dois redire ce texte avec plus de
conviction, Satiah. Le masque est un symbole qui reflète la transformation qu’Hatchepsout
doit effectuer dans son esprit pour ne pas se replier sur elle-même.
    — Croyez-vous que la pharaonne comprendra ?
fit le plus grand des garçons qui tenait le rôle du vil Nubien, traître et
serviteur à la fois.
    — Il faut que cette pièce de théâtre soit
comprise par tous les spectateurs qui la regarderont. Si les injustices sont
dénoncées et les valeurs morales récompensées, chacun s’y retrouvera. J’en suis
convaincue. C’est pourquoi, chaque rôle doit être joué avec conviction et
authenticité.
    Baki leva le sourcil qu’elle avait noir et
bien dessiné. C’était une jolie brunette d’un an plus âgée que Satiah, le corps
moulé comme celui d’une femme, mais les yeux malicieux comme ceux d’une
fillette. Moins hardie et moins spontanée que Satiah, elle était cependant plus
calculée et plus réfléchie et ne commettait pas les erreurs qui entraînaient si
souvent Satiah dans des colères insupportables.
    Baki était la fille de Pouyemrê. Promise à
Amennheb, futur chef des archers de Thoutmosis, elle était incontestablement l’amie
intime de Satiah. Toutes deux avaient été élevées au harem, ne s’étaient
pratiquement jamais quittées, avaient grandi dans le sillage de Thoutmosis et
de ses trois compagnons inséparables.
    — Maman, à quoi cela nous servira-t-il si
nous jouons la pièce en l’absence de Thoutmosis ?
    — Il n’est pas encore parti.
    — Tu plaisantes, maman. Le départ des
armées a lieu dans trois jours à peine.
    — Alors, vous la jouerez à son retour.
    Satiah fit la moue. Baki vint l’embrasser sur
la joue.
    — Allons, ta mère a raison. Nous jouerons
cette pièce lorsque l’armée reviendra triomphante. Je suis comme toi, Satiah, j’attendrai
le retour d’Amennheb.
    Djéhouty vint se planter devant Séchât et lui
sourit.
    « Ce petit, pensa-t-elle, a pris de l’assurance,
il est mieux dans sa peau depuis qu’il délaisse le vieil Antef qui s’est encore
tiré d’affaire avec la mort d’Hapouseneb. Il me faudra ajouter un acte à cette
pièce qui, sans en avoir l’air, retracera cette odieuse machination. »
Séchât soupira et se déconcentra quelques instants.
    Hapouseneb ! Les deux médecins du palais
avaient organisé ce meurtre avec Antef, Nekmin et le nain puis l’avaient
déguisé en accident. Ils avaient même momifié le corps du Grand Prêtre avant
que Neb-Amon puisse affirmer qu’il ne s’agissait pas d’un accident.
    Bien entendu, Nekmin avait aussitôt pris la
place suprême, encensé par tous les autres prêtres qui n’attendaient que le
couronnement du jeune Thoutmosis.
    Le procès d’accusation qu’avait intenté Hapouseneb
pour l’empoisonnement de Méryet avait été automatiquement annulé et faute de
preuves, l’enfant orpheline était restée au harem.
    Séchât regarda Djéhouty. Il avait presque le
même âge que son fils Rekmirê qui se tenait dans un coin de la salle, attendant
que son rôle arrive.
    — Que veux-tu, Djéhouty ?
    — Que l’on parle du retour des guerriers.
    — Oui, s’écria Rekmirê en sautant de
joie, que l’on parle du triomphe et des victoires qu’il va remporter, des
prisonniers qui viendront enrichir notre pays, des…
    — Mais, que voulez-vous dire tous les
deux ? Ce n’est pas une pièce où l’on célèbre

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