Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
Vom Netzwerk:
Thoutmosis, c’en est une où
l’on glorifie Hatchepsout.
     
    *
    * *
     
    Thoutmosis trouva sa tante assise sur la
grande terrasse côté ouest que le soleil inondait de ses rayons orangés. Sur la
cime des palmiers se levait un grand disque rouge qui, tout à l’heure tomberait
en silence dans les feuillages obscurs pour laisser apparaître une lune ronde
et blanche à l’affût de quelques étoiles incertaines.
    Depuis plusieurs jours, Hatchepsout s’était
remise à l’étude de l’astronomie, étudiant son horloge stellaire tracée sur les
tables astronomiques.
    L’homme dessiné sur la table stellaire était
assis en scribe et représentait l’astronome. Son visage était entouré d’étoiles
indiquant la position exacte pour chacune d’elles à toutes les heures de la
nuit.
    En quittant le palais, Senenmout avait emporté
la lunette. C’était un appareil de visée astronomique d’une exceptionnelle
conformation qui permettait de distinguer les astres exactement là où ils
étaient placés. Il l’avait trouvé chez un vieil astronome de Memphis et en
avait expliqué le fonctionnement à la reine.
    L’appareil manquait, mais il restait à Hatchepsout
la table stellaire.
    Au dernier jour du mois de Paophi, l’étoile d’Orion
se trouvait au-dessus de l’œil gauche, et celle de Solthis au-dessus du coude
gauche. Aujourd’hui, premier jour du mois d’Hathor, les étoiles s’étaient
déplacées. Orion et Solthis se trouvaient au-dessus de l’œil droit.
    Hatchepsout observa le ciel et pensa qu’il n’était
pas assez dégagé pour qu’elle y vît les étoiles. Juste peut-être la tête du
lion et les constellations de l’eau positionnées en plein milieu de sa table
stellaire laisseraient apparaître une légère brillance.
    En attendant une nouvelle nuit d’insomnie,
elle regarda une dernière fois le disque rougeoyant tomber avec son élégance
habituelle sur la palmeraie du palais.
    Au bruit que fit la servante en entrant, elle
se retourna.
    — Le roi, Majesté.
    — Qu’il entre.
    Thoutmosis arrivait de son grand pas mesuré.
Hatchepsout ne put s’empêcher d’admirer sa prestance, son maintien, son allure
conquérante et fière sans trop d’arrogance, juste ce qu’il fallait de
suffisance pour se faire respecter.
    En le regardant s’avancer, elle se dit qu’il
était bien plus beau que son père, le deuxième Thoutmosis qu’elle avait épousé
pour donner un pharaon à l’Égypte.
    Son neveu et beau-fils à la fois – puisqu’il
était né de son mari et que le pharaon était aussi le demi-frère d’Hatchepsout –
ressemblait plutôt à son grand-père Aménophis.
    La reine devait admettre que ce jeune homme
qui s’avançait vers elle était d’un tempérament plus brillant que ne l’avait
été celui de son père qui, de son passage sur terre, n’avait laissé aucun fait
très marquant.
    — Mon neveu, depuis que tu es roi, tu te
fais de plus en plus séduisant.
    — Est-ce un compliment ou un reproche, ma
tante ? répondit Thoutmosis en s’inclinant devant elle.
    — L’un et l’autre. Tu le sais, je t’admire
et je te hais.
    Elle soupira et lui désigna le canapé d’osier.
    — Viens, installons-nous et discutons
avant que tu ne partes avec tes jeunes compagnons d’armes qui, enfin, vont
faire leur apprentissage sur un vrai terrain de combat et non plus en un lieu
de simulation. Fais très attention, les peuples du Nord sont des calculateurs
et des hypocrites. Ils n’ont pas la spontanéité, parfois très coléreuse, des
Nubiens et des peuples d’Afrique.
    Thoutmosis haussa les sourcils. La pharaonne
reprit :
    — Mitanniens, Syriens, Babyloniens, Juifs
sont des dissimulateurs. C’est ainsi qu’ils réussissent. Ne l’oublie pas. Ne
leur fais jamais confiance.
    Elle lui proposa une coupe de vin frais. Il
hésita. Étonnée, elle leva le sourcil.
    — Douterais-tu de moi ?
    Elle appela sa servante et lui tendit la
coupe.
    — Bois.
    La jeune fille but lentement et posa délicatement
la coupe vide sur le bord de la table d’albâtre qui leur faisait face. Puis, elle
regarda le jeune roi et lui sourit.
    — Ce vin est frais et délicieux,
fit-elle.
    Et elle repartit en silence pour prendre sa posture
d’attente, adossée contre la porte de la pièce.
    — Tu boiras donc en rentrant chez toi
puisque tu ne me fais pas confiance.
    — Cependant vous l’avez toujours eue,
Majesté, fit-il d’un ton ironique en saisissant sa

Weitere Kostenlose Bücher