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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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la carrière de sa mère, ses
questions plaisaient.
    — Reviendras-tu assez vite pour assister
à la pièce de théâtre que je monte avec ma mère ? Nous la jouerons à la
fin de la saison d’Akhit.
    Il l’embrassa dans le cou. Elle eut un petit
rire qui fit retourner son frère.
    — Rekmirê, reprocha-t-elle aussitôt, si
tu tournes à nouveau la tête, nous allons encore verser.
    Le garçon rougit un peu, mais le grand rire de
Thoutmosis le rassura et il décida de ne plus fixer que les jardins du temple
qui s’étendaient devant lui.
    — Thouty, quand serai-je ta Seconde Épouse ?
s’enquit Satiah d’un ton calme.
    — Peut-être quand je reviendrai. Nous
verrons ce qu’en pense le conseil.
    — Crois-tu vraiment qu’il a son mot à
dire ?
    Le char côtoyait à l’extérieur les grands pylônes
qui diffusaient une ombre assez dense, rafraîchissante après cette chaude
journée. La porte monumentale que l’on empruntait entre les deux gigantesques
colonnes menait directement au lac sacré.
    L’ombre des colonnes s’allongeait, se tordait,
se disloquait, se perdait dans les remous des labyrinthes de pierres et d’albâtre
où s’égaraient parfois quelques chats à la recherche d’un insecte.
    Plus loin, les deuxième et troisième pylônes
emportaient chevaux et prêtres – quand ce n’était pas le public lors des processions
sacrées – hors des regards indiscrets.
    À présent, ils entraient dans le domaine d’Amon,
strictement réservé aux religieux du temple.
    — Tiens, fit Thoutmosis en levant les
yeux, je ne savais pas qu’on réparait cette colonne. Qu’y fait-on ? Approche-toi
un peu, Rekmirê.
    Le chapiteau d’une énorme colonne était en
effet en réfection et des échelles en corde de papyrus étaient encore
accrochées à la pierre, supportant quelques planches en bois qui permettaient
de grimper jusqu’en haut. Le chapiteau du pylône avait été enlevé. Des pierres
gisaient au bas.
    Posées les unes à côté des autres, elles
offraient des inscriptions qu’il fallait rénover.
    — Ne vois-tu pas un corps allongé, là-bas ?
fit Thoutmosis en pointant son index.
    — Non.
    — Si, s’écria Rekmirê. Il y a un homme
qui dort.
    — C’est un garde qui se repose, Thouty.
Il vaut mieux rentrer à présent.
    — Un garde au repos, à cette heure
avancée de la journée ? Je n’en crois rien.
    Puis il sauta à terre et se dirigea vers l’objet
de sa curiosité. Un silence lourd tomba brusquement sur les lieux. Satiah sauta
à son tour et partit en courant rejoindre son compagnon.
    Ils restèrent quelques instants immobiles
devant le corps qui gisait à terre, la tête enfouie dans une mare de sang qui s’étalait
dans l’ombre rougie du pylône.
    — Qui est-ce ? murmura Satiah.
    — Il faudrait retourner le corps,
répondit le jeune homme.
    — Mais, c’est impossible. Neb-Amon dit toujours
que ce geste peut entraîner la mort d’un blessé.
    — Il est peut-être déjà mort.
    — Qu’allons-nous faire ? s’apitoya
Satiah.
    — Ne bouge pas d’ici. Attends-moi. Je
vais chercher du secours à l’intérieur du temple.
    Rekmirê avait mis les chevaux à l’ombre des
pylônes et rejoignait sa sœur. Elle était pâle et tremblante.
    — Je n’aime guère attendre près d’un
mort.
    — Il ne l’est peut-être pas, rétorqua le
garçonnet.
    — C’est étrange, tu dis exactement le
contraire de ce que vient de dire Thoutmosis.
    Satiah s’écarta de l’homme. Elle aurait voulu
être loin de ce corps étendu baignant dans son sang, loin de cette impression
désagréable de doute et de mort. Mais Thoutmosis arrivait, accompagné de deux
hommes dont un prêtre au crâne rasé portant une tunique longue.
    L’autre homme vêtu d’un pagne court avait un
affreux nez, long, gros et large qui mangeait tout son faciès imberbe et
violacé. Satiah pensa que l’ablation de ce nez devait faire une ouverture
béante dans un tel visage.
    Les hommes regardèrent la jeune fille et l’observèrent
longuement. Pourquoi perdaient-ils tout ce temps à la dévisager alors que
Thoutmosis était déjà penché sur l’homme étendu ?
    — Mais, c’est le Grand Prêtre ! fit
l’homme au visage disgracieux.
    — Que dis-tu ? fit l’autre homme.
    — Hapouseneb.
    Satiah se mit à crier. Hapouseneb ! C’était
impossible. Le Grand Prêtre ! Le Directeur de tous les religieux du temple !
Le Chef Suprême d’Amon !
    Le cri qu’elle

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