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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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marquer à ce point la différence
qu’elle offrait avec Satiah qui se tenait derrière, un peu plus éloignée ?
    La perruque royale aux vautours surmontée des
symboles du dieu Amon ne se portait qu’aux cérémonies officielles. Or, un
départ en guerre était considéré non pas comme un rituel sacré, mais comme une
fête à laquelle participait le peuple, le pays entier.
    Quand Thoutmosis répondit au signe de sa jeune
épouse, il vit que Satiah s’avançait. Avait-elle cru que le geste s’adressait à
elle ? Il la regarda. Elle était rayonnante. Tellement plus belle que
Mérytrê ! Sa robe bleue, étroite, qui moulait ses hanches fines et sa
poitrine ronde lui donnait une allure de déesse. Il imagina son visage, trop
éloigné pour qu’il en distinguât les traits. Mais, il savait que ses yeux
rieurs étaient tristes et que sa bouche fraîche et pulpeuse appelait déjà son
retour.
    Elle agita la main avec fougue. Il hésita,
puis, levant son étendard à l’effigie du dieu Amon, il le balança lentement
dans l’air ocré qui promettait d’être chaud.
    Combien de fois en avaient-ils parlé de ce
geste distinctif qui n’appartenait qu’à eux seuls ! Satiah remuait les
bras, les mains, le corps. Tout bougeait, basculait, s’obscurcissait. Et,
bientôt, le char de Thoutmosis s’éloigna, ne laissant qu’un petit point
dérisoire aux yeux mouillés de Satiah.
     
    *
    * *
     
    Ce fut au soir de ce départ que Séchât
attendit Neb-Amon. Keptah ne l’avait pas vu de la journée, ce qui pouvait
paraître assez normal compte tenu des changements d’habitude en un tel jour de
fête.
    Séchât y vit tout de même une anomalie préoccupante,
sachant qu’il n’était pas dans les usages de son époux d’aller bâiller
béatement devant les défilés de l’armée.
    Elle supposa plutôt une difficulté d’ordre médical
qui l’avait retenu quelque part dans la ville. Et elle attendit l’aube
suivante.
    Mais, le matin qui suivit accentua ses
premières inquiétudes : Neb-Amon ne vint pas et la journée se passa dans l’angoisse
la plus totale. Pourquoi n’avait-il pas averti Keptah pour lui laisser les instructions
nécessaires à la bonne marche de l’hôpital ? C’est ainsi qu’il procédait,
à l’ordinaire, lorsqu’il s’absentait plus ou moins longuement.
    Au troisième jour, Séchât se rendit chez
Néhésy. Mais le Chef des Polices ne l’avait ni vu ni approché. Il attendit
cependant quelques jours encore avant de déclencher des recherches.
    La nuit, Séchât ne fermait plus l’œil et des
cauchemars commençaient à envahir ses esprits. Elle demanda une audience privée
à la pharaonne et fut aussitôt reçue. Impuissante, Hatchepsout partagea son
angoisse, sachant que sans Neb-Amon à son côté, elle pouvait tout craindre de
ses ennemis.
    Néhésy déclencha une enquête.
    Des chiens furent envoyés aux quatre coins de
la ville. Avant de les lâcher, les maîtres-policiers leur faisaient renifler un
vêtement du médecin. Les molosses, gros comme un veau naissant, au museau noir
agressif, à la mâchoire impressionnante, fouillaient la ville et revenaient le
soir sans avoir pu trouver le moindre indice qui puisse mettre les policiers en
alerte.
    Sur l’ordre d’Hatchepsout, les fouilles
avaient été étendues aux villes avoisinantes. L’enquête ne donnait rien et
Néhésy commençait à perdre courage.
    Il fallut à Satiah toute l’affection qu’elle
portait à sa mère pour que celle-ci trouvât un peu de repos. Pourtant, elle
refusa d’abandonner l’école et poursuivit ses cours. Triste de la voir aussi malheureuse –
un état d’esprit qui la surprenait, car elle ne l’avait jamais vue abattue à ce
point – Satiah décida de concrétiser une idée qui lui martelait la tête
depuis qu’elle avait soigné le cheval de Thoutmosis.
    Elle se rendit à l’hôpital du palais pour y rencontrer
Keptah. Fort heureusement, celui-ci dirigeait l’hôpital avec beaucoup de
compétence, même s’il n’avait pas encore acquis la maîtrise complète de son
maître.
    — Ton père ? jeta Keptah quand il
aperçut la jeune fille s’avancer vers lui. Ton père ne peut être loin.
    Elle secoua la tête lentement de droite à
gauche.
    Le jeune assistant de Neb-Amon était un garçon
de vingt-cinq ou vingt-six ans environ. Satiah le dévisagea un instant, sans
arrogance et sans hostilité. Il paraissait évident que l’idée de son beau-père
n’avait pas été de

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