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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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élément.
    — Lequel ?
    — La pharaonne Hatchepsout.
    Thoutmosis crispa sa mâchoire inférieure et
eut un rictus de colère.
    — Encore elle !
    — N’est-elle pas toujours Pharaon des
Deux Égyptes ?
    — Pas pour longtemps, Neb-Amon. Nous
avons eu une explication la veille de mon départ. Elle sait que dès mon retour,
je réclamerai son abdication.
    — Elle refusera et vous le savez.
    — Peut-être n’aura-t-elle plus l’occasion
de contester.
    — Majesté, envisageriez-vous un acte
sordide que les dieux vous reprocheraient quand votre âme ira les rejoindre ?
    — Rien de tout cela, Neb-Amon. Car mes
fidèles et mes conseillers, ceux qui travaillent pour moi depuis que je suis
enfant, ont toujours agi dans mon dos en ce qui concerne mon élévation au
trône.
    — Ainsi, vous considérez que vous n’êtes
pas responsable de leurs agissements ?
    — Exactement.
    Neb-Amon frotta son menton entre son pouce et
son index. Depuis qu’il était prisonnier, il ne se rasait plus et une barbe
épaisse et brune parsemée de fils grisonnants foisonnait sur ses joues et son
menton.
    — Si je trahis la reine aujourd’hui, je
peux trahir demain mon roi. C’est un proverbe bien connu, Majesté.
    — Je l’ai déjà entendu en d’autres
termes, Neb-Amon. C’est Hatchepsout qui me l’a cité juste avant de partir. Elle
me mettait en garde contre les espions de toutes sortes. Mais, en réalité, jeta
Thoutmosis en soutenant le regard calme du médecin, qui te parle de trahir ?
Ton hôpital est sauvé par ton assistant, ta famille est rassurée de te savoir à
mon côté, la reine peut fort bien comprendre que tes aspirations de médecin
aillent vers les blessés de guerre.
    À nouveau, Neb-Amon se taisait. Ce jeune homme
avait des dons extraordinaires.
    — N’étais-tu pas médecin de Thèbes et n’exerçais-tu
pas ton talent auprès des pauvres êtres qui gisaient dans les rues et les
masures ? Serais-tu donc insensible devant un bras arraché, un pied
emporté par le glaive, un dos cisaillé d’un coup de poignard, une poitrine
percée par la pointe d’un javelot ? Resterais-tu indifférent, Neb-Amon,
devant une gorge tranchée, un crâne enfoncé ? J’ai une autre proposition à
te faire.
    — Je vous écoute, Majesté.
    — Laisse partir Djenani. Qu’il aille prévenir
ta famille et attends le premier combat. Après, tu rentreras si ton cœur te le
conseille.
    — Vous n’êtes pas qu’un homme d’armes, Majesté,
vous avez de la dialectique et de la diplomatie. Je crois que votre futur règne
ira très loin. C’est bon, j’attendrai les résultats de vos premiers combats.
     
    *
    * *
     
    L’affectation dans le corps d’armée de la
charrerie royale se fit rapidement et Sennefer changea aussitôt d’attitude
envers Neb-Amon. On lui alloua une tente fort confortable qu’il put partager
avec son serviteur. On lui apporta des remèdes complémentaires, des appareils
chirurgicaux, des linges propres, et tout contribua pour que la bonne entente
régnât au sein du camp. Ainsi l’avait décidé Thoutmosis.
    Neb-Amon dut reconnaître l’exceptionnelle
compétence du jeune homme à diriger son armée tout à la fois dans l’autorité, l’intelligence
et la justice.
    Debout, dans l’ouverture de sa toile de tente,
Neb-Amon vit arriver Djenani. Il lui tendit les bras.
    — Mon frère, dit-il, je suis heureux que
ce soit toi qui ailles prévenir ma famille. Reviens vite. Je ne sais encore si
je resterai. En tout cas, je t’attendrai.
    — Reste. Tu es fait pour soigner les
soldats.
    Neb-Amon se mit à rire. Il paraissait plus détendu
depuis qu’il savait que son ami Djenani avait la mission de partir pour Thèbes.
    — Je vais te remettre un pli pour Séchât.
Si en route, des incidents en provoquaient la perte, dis-lui que je pense
fortement à elle et que…
    Djenani l’observait en silence, un sourire complice
au bord des lèvres.
    — Dis-lui que les soldats sont des êtres
malheureux que l’on berne autant que les paysans qui n’ont jamais de terre à
eux et à qui l’on promet quelques aroures qu’ils ne reçoivent jamais.
    — Je lui dirai.
    — Embrasse mon fils et dis-lui que je lui
prépare une place auprès du roi. Mais, qu’il apprenne avec acharnement ses
lettres, ses sciences, ses mathématiques. Dis-lui qu’il doit être le plus
savant, le plus juste, le plus droit de sa classe.
    — Je lui dirai.
    — Djenani !
    Il tendit les bras à

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