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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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encore, sa mère resta coite puis
reprit le rythme de sa respiration.
    — Il a été enlevé ! articula-t-elle.
    — Il s’est réveillé ligoté dans un
chariot à côté de Nedjar. C’est Sennefer qui a tout organisé. Je pense qu’en
accord avec les autres conseillers ils ont voulu priver Hatchepsout de son plus
grand protecteur.
    Séchât s’était ressaisie. Elle se jeta contre
Djenani et l’embrassa avec fougue.
    — Oh ! Mes enfants ! Il me
semble que je renais. Mon sang circule à nouveau et ma tête se remet à
fonctionner normalement.
    Elle se tourna vers son fils.
    — Rekmirê, il faut trouver Satiah et le
lui apprendre. Nous allons fêter cet événement qui m’ôte un poids considérable.
Cachou, accompagne-le et revenez tous les deux avec elle. Pendant ce temps, je
vais préparer un repas digne de cette nouvelle. Djenani, tu nous raconteras
tout.

 
CHAPITRE XII
    Bercée par les ombres des sycomores et des
acacias en fleurs, la grande chambre de Mérytrê fourmillait de monde.
Dignitaires, compagnes, servantes, s’affairaient autour d’elle et menaient
grand tapage. Il faut dire que tout s’annonçait sous les meilleurs auspices et
que les visages étaient détendus. Les dieux d’Amon avaient prédit un enfant
mâle et le vieil Antef qui, pour cent débens d’or, n’aurait pas voulu manquer l’instant
où l’on annonçait le sexe de l’enfant, était aux côtés des médecins qui
attendaient à l’extérieur.
    Quand une partie des dignitaires fut arrivée,
on annonça la venue d’Hatchepsout. Escortée de Nebetta, la Grande Nourrice
Royale, Séchât et sa fille Satiah, Baki l’épouse d’Amennheb, le Chef des
archers parti en expédition aux côtés de Thoutmosis, la pharaonne Hatchepsout
passa devant l’assemblée avec plus de dignité que d’enthousiasme au cœur, tant
elle redoutait ce petit mâle.
    Le vieux visage d’Antef qu’elle croisa au passage,
creusé, ridé, aux joues décharnées et au crâne nu ciselé de ridules violacées,
lui lança un regard à la fois cynique et satisfait. Le vieil homme escomptait à
coup sûr l’arrivée d’un garçon pour mettre définitivement fin au règne d’une
femme qui, disait-il, abusait des pouvoirs qu’un seul pharaon, unique maître de
l’Égypte, avait le droit d’utiliser.
    Passant devant lui, elle jeta ses yeux froids
et déterminés sur Antef et fixa son regard qui n’avait plus de couleur tant il
était usé. Immobile, rejetant ses maigres épaules en arrière au prix d’un gros
effort, mais refusant toute inclination du buste, il soutint hardiment son
regard en étirant ses lèvres minces dans un rictus qui ressemblait à un mauvais
sourire. Hatchepsout y répondit par une immobilité complète, la tête assez
haute encore pour braver l’Égypte entière. Chacun put y voir le violent
désaccord qui les opposait.
    Suivie par les dignitaires qui l’accompagnaient,
elle pénétra dans la chambre de sa fille avec ses compagnes. Un instant, elle
observa Mérytrê qui paraissait confiante. Allongée sous les draps de lin, elle
était entourée de ses suivantes qui s’écartèrent aussitôt pour la laisser s’approcher.
    Nebetta, la Grande Nourrice Royale, choisie
non pour allaiter l’enfant qui devait naître, car ce titre prestigieux n’avait
aucun rapport avec l’allaitement que fournissaient les braves et bonnes filles
de campagne engagées à cet effet pour nourrir les enfants royaux, se tenait
courbée de façon étrange.
    Séchât qui observait depuis quelque temps la
position curieuse de Nebetta, pour le moins indigne d’une noble dame, se tourna
vers Hatchepsout qui, les mains posées sur le front moite de sa fille, la
regardait aussi. Elles échangèrent un coup d’œil inquiet. Puis, voyant Nebetta
se redresser, elles reportèrent à nouveau leur attention sur Mérytrê qui
commençait à geindre.
    Entraînant Satiah avec elle, Séchât se retira
silencieusement dans un angle de la pièce où d’autres femmes s’étaient déjà
installées pour ne rien perdre du spectacle de l’accouchement royal. La mère
était vêtue comme elle aimait le faire depuis quelque temps, d’une robe assez
ample, de la couleur limpide du ciel égyptien, retenue sur le côté droit par
une fine bretelle. D’un air posé, elle observait l’assemblée.
    Sa fille, dans une attitude réservée, se
tenait auprès d’elle. Un fourreau blanc, étroit, translucide, dessinait à
merveille ses jeunes formes qui

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