Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
Vom Netzwerk:
porte, s’empressa de
ramasser.
    — Depuis le Grand Parenefer, il n’y a
plus aucun scribe de valeur dans cette école, jeta Séchât d’un ton
significatif. Ma fille n’a rien appris si ce n’est poser quelques hiéroglyphes
sur sa tablette d’écolière. Thoutmosis ne sait que lancer flèches et javelots,
conduire son char, pêcher, chasser et parler de sa future armée. Ses camarades,
d’ailleurs, n’en savent pas plus que lui. Hatty ! Est-ce là l’école où,
enfants, nous avons tout appris ?
    — Tu parles de me protéger contre mon
neveu Thoutmosis et tu demandes à l’éduquer ! Je ne comprends pas, Séchât.
    — Je demande à recréer l’école qui fait
défaut au Palais et qui comprend, actuellement, une dizaine de petits
analphabètes dont ma fille et la tienne font partie.
    Elle fit quelques pas nerveux dans la chambre.
    — Regarde Méryet, notre future danseuse
du temple. Elle en sait dix fois plus que tous ces jeunes, alors qu’elle n’a
suivi mes cours que par intermittence.
    — C’est vrai, admit Hatchepsout. Et je te
connais assez bonne pédagogue pour réussir, en ce domaine, un exploit. Mais
cela ne m’explique pas pour autant en quoi tu pourrais m’aider en cas de
difficultés.
    — Majesté ! répliqua Séchât en
arrondissant la bouche dans une mimique d’étonnement. Si je réside au Palais…
    — Tu me rapporteras tous les faits et
gestes !
    — Ce n’est pas ainsi que je vois les
choses. Je ne suis pas une espionne à ton service, Hatty. Je ne m’en sens
nullement capable. Ce n’est pas de ma compétence. Mais, par contre, je peux atténuer
certains propos virulents.
    À son tour, la pharaonne s’était levée et, dubitative,
arpentait la pièce de long en large.
    — C’est à prendre ou à laisser,
jeta-t-elle. Tu deviens Grande Scribe du Palais, tu diriges les classes de l’école
et en contrepartie, tu me rapportes chaque parole, chaque mouvement. Je veux
être tenue au courant du plus petit incident.
    — Ce n’est pas de mon ressort, murmura
Séchât.
    — Ça le deviendra. Je te l’ai dit, c’est
à prendre ou à laisser.
    Séchât s’était assise. Elle picora quelques raisins
noirs sans vraiment les goûter. Que pouvait-elle faire d’autre si, désormais,
elle voulait une vie de famille avec Neb-Amon, sa fille et son nouvel enfant ?
    — N’oublie pas, fit Hatchepsout pour la
convaincre, que ton futur époux est attaché, lui aussi, au Palais. D’ailleurs,
je compte le tenir prochainement au courant d’un projet de construction d’hôpital.
    — Un hôpital ! fit Séchât
abasourdie.
    — Un hôpital dont il prendra la
direction.
    — C’est inespéré. Le sait-il ?
    — Pas encore. Si tu acceptes ma
proposition en ce qui te concerne, je te laisse le soin de lui apprendre.
    Pâle de crainte, d’effroi et de plaisir, et
bien qu’elle se sentît incapable d’espionner, même pour le compte d’Hatchepsout,
Séchât se redressa.
    — J’accepte.
     
    *
    * *
     
    Satiah jeta un petit cri d’oiseau et s’approcha
de la cible.
    — Manqué ! dit-elle rieuse.
    Amtou lui jeta un regard sombre.
    — J’attends la flèche d’Amennheb,
rétorqua-t-il en s’approchant à son tour de la cible en spirales accrochée
entre les arbres.
    — Et celle de Thoutmosis ! répliqua
à son tour Satiah.
    Amennheb banda son arc et tira. La flèche vint
se ficher juste sous le point noir qui marquait le centre de la cible.
    — À toi, Thouty ! jeta Satiah enthousiaste .
    Jambes écartées, les pieds accrochés au sol, Thoutmosis
se concentra à son tour. Il prit une longue inspiration et, tout à coup, la
bloqua. La flèche qu’il s’apprêtait à tirer lui démangeait les doigts. Quand
elle partit, elle alla se ficher près de celle d’Amennheb.
    — Égalité, fit Satiah. Il faut
recommencer. Amtou, tu es disqualifié.
    Satiah jubilait. Tel un papillon volage et
inconséquent, elle aimait perturber de ses rires et de ses ordres la petite
équipe de garçons qui, à vrai dire, ne travaillait vraiment le tir à l’arc qu’en
présence du maître-archer.
    Mais, ce jour-là, Satiah avait réussi à s’échapper
de la présence quasi permanente de Maâthor pour retrouver les quatre
adolescents dans le parc ombragé de vieux sycomores où, chaque soir, ils s’amusaient
à tirer l’arc.
    Le perdant ne rétorqua rien et partit se
ranger sur la ligne extérieure qui délimitait leur terrain de tir. Amtou était
un jeune garçon,

Weitere Kostenlose Bücher