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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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petit pour son âge, au teint pâle et aux boucles châtaines qui
retombaient sur des yeux bleus et clairs.
    Il prit le parti de s’asseoir et d’attendre.
Certes, le tir à l’arc n’était pas son jeu favori. Il préférait la lecture et l’écriture,
bien qu’à l’école du Palais, les plaisirs des jeux sportifs vers lesquels se
tournait Thoutmosis se cultivaient plus volontiers que renseignement général.
    Amennheb et Thoutmosis se placèrent côte à
côte sur la ligne tracée au sol. Saisissant l’un et l’autre l’arc en bois d’acacia,
ils fixèrent la plaque de bois tendue sur l’arbre et sur laquelle des spirales
rouges tournaient autour d’un point central noir.
    — À toi, fit Thoutmosis.
    Comme toujours, il tirait sa flèche après
celle d’Amennheb.
    — Attendez, cria Satiah.
    Les deux adolescents abaissèrent leur arc.
    — Pourquoi voulez-vous tirer à vingt
mètres ? C’est trop facile, vos flèches vont de nouveau se frôler.
    — Et alors ? fit Amtou de mauvaise
humeur en se relevant.
    — Nous n’allons pas pouvoir les
départager, fit Satiah têtue. Il faut placer la cible à quarante mètres.
    Amennheb exulta.
    — Elle a raison. Tirer à vingt mètres est
un jeu d’enfant.
    En quelques enjambées, Satiah fut auprès de la
cible et, la décrochant avec vivacité, elle courut la placer vingt mètres plus
loin.
    Sa courte tunique bleue laissait apparaître
ses jambes nues, longues, sveltes et son buste dénudé, comme tous ceux des
fillettes de son âge, offrait en son centre juste deux petits points délicats
que l’adolescence n’avait pas encore mûris.
    Joyeuse, légère, elle virevolta autour d’un
gros figuier qui tendait ses énormes branches au-dessus du sol un peu asséché
par la chaude journée. L’air écrasait impitoyablement la poussière.
    Avisant, à sa hauteur, un branchage touffu qui
relevait sa courbe feuillue un peu plus que les autres, elle y suspendit la
cible.
    — Là, c’est parfait, fit-elle,
satisfaite.
    Amennheb se concentra. Une grimace étira sa lèvre
supérieure, puis bandant les muscles de ses bras, il tira.
    Sa flèche manqua le but, mais vint se placer
juste au-dessus du point noir. Comme toujours, celle de Thoutmosis vint se
ficher juste en dessous, là où la première spirale venait se fondre dans le
point central.
    Avec Amennheb, Thoutmosis avait pris le parti
de rester bon joueur. Mais, tout autre adversaire qui lui faisait perdre la
face le rendait mal à l’aise.
    — Tu seras mon capitaine des archers,
fit-il en passant ses bras sur les épaules de son compagnon. Je n’en veux pas
un autre. Avec toi, nous évincerons tous nos voisins envahisseurs, qu’ils
soient Syriens, Libyens, Crétois ou Nubiens.
    — Et le Mitanni ? s’enquit Amennheb.
Ne comptes-tu plus en faire l’objet de ta première expédition guerrière ?
    — Pas que je sache, répliqua Satiah.
Thoutmosis dit que c’est en Nubie qu’il exercera ses armées.
    Amtou eut l’air étonné et Satiah regarda Thoutmosis.
Puis, elle rehaussa le buste et se donna un air important, baissant
dédaigneusement les yeux sur ses compagnons à qui elle apprenait, soudain, un
élément essentiel.
    — Et peut-être plus bas encore.
    — Au Soudan ! jeta Thoutmosis.
    — Et tu viendras à Bouhen. Je t’y
recevrai comme le futur pharaon que tu seras, s’écria Satiah explosive. Tu
verras des étendues de buffles et des colonies entières d’oryx. Je te montrerai
comment le ciel, au-dessus du Nil, change de couleur entre la première et la
dernière heure de Rê et pourquoi les poissons sont plus argentés.
    Amtou et Amennheb haussèrent les épaules.
Quand Satiah commençait à nuancer de lyrisme son vocabulaire pour éblouir
Thoutmosis, ils savaient qu’ils n’avaient plus leur place auprès de leur
compagnon. Thoutmosis s’en aperçut et chassa Satiah de la main.
    Mais l’adolescente n’eut pas le temps de s’en
offusquer, car Maâthor, sa nourrice, s’approchait d’eux.
    — Satiah, dit-elle d’une voix fluette, ta
mère est arrivée et demande à te voir.
    La trentaine bien passée, Maâthor n’était pas
sans charme. Plutôt grande, bien que parfaitement proportionnée, elle s’habillait
avec un charme discret, sentait la myrrhe et le jasmin et, de ses grands pieds
qu’elle passait soigneusement au henné, effleurait le sol aussi légèrement qu’une
libellule.
    Satiah se rua sur elle.
    — Où est maman ?
    — Elle t’attend au

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