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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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là, fit Séchât en retenant l’ardeur
de son fils. Un lion sur le rivage est de mauvais augure. S’il nous suit jusqu’à
Bouhen, nous appellerons les chasseurs.
    Le fauve n’était pas loin et quand les embarcations
eurent longé les premiers champs de Bouhen, il se mit à faire un curieux
trajet, allant et venant nerveusement en balançant lentement sa queue et sa
crinière dorée.
    — D’où vient-il ? questionna le
garçonnet.
    — Du désert de Nubie, répondit Djenani.
Ils arrivent toujours aux alentours de Soleb. En principe, par temps de
sécheresse, ils se retrouvent par dizaines au-dessus de la boucle de la troisième
cataracte.
    Il se tourna vers l’enfant.
    — Ne t’aventure pas trop loin, ces grands
fauves sont dangereux. Ils attaquent quand ils sont contrariés. Et je pense qu’actuellement,
ils le sont.
    — Parce qu’ils ont soif ? s’enquit l’enfant.
    — Et parce qu’ils sont loin de chez eux,
donc inquiets et sur leurs gardes.
    Un grand rugissement les fit se retourner.
Satiah arrivait en hurlant et se jeta contre Djenani qui recula, tant la
violence du choc était grande.
    Ils virent Princesse, la lionne encagée, qui
bondissait sur le pont, sautait par-dessus bord et rejoignait le rivage
asséché.
    — Elle m’a heurtée et je suis tombée, fit
Satiah en se dégageant des bras de Djenani.
    — Mais qui lui a ouvert la cage ?
    — Je l’ai trouvée entrouverte et j’ai
voulu voir ce qu’il y avait d’anormal. La targette qui bloque l’ouverture était
arrachée.
    — Ce sont les rugissements du lion qui
ont dû la rendre folle.
    — Je ne comprends pas, dit Séchât, c’est
une lionne qui m’a suivie de son plein gré, lorsque j’étais dans l’une des
forêts du Pount. Elle ne supporte aucun mâle.
    Ils dirigèrent leurs yeux vers la berge et
virent les deux fauves s’approcher.
    — Il faut la rattraper, Maman.
    Djenani secoua la tête.
    — C’est impossible. Elle reviendra plus
tard ou elle partira avec ce mâle.
    Les deux fauves tournaient en rond, s’épiant,
s’observant, se reniflant. Le mâle rugissait doucement, la femelle grondait
sourdement, avançant et reculant. Ses reins puissants s’agitèrent, elle s’arc-bouta
sur ses pattes arrière et bondit sur le mâle qui s’esquiva.
    Une traînée de poussière chaude et sèche empêcha
de les voir quelques instants. Puis, ce fut à nouveau le spectacle des deux
félins qui se défiaient. À son tour, le mâle attaqua et la femelle bondit sur
le côté, l’évitant de justesse.
    — Princesse, Princesse ! hurlait
Rekmirê. Je ne veux pas qu’elle s’en aille.
    — C’est la vie, mon fils, murmura Séchât.
Si ce mâle ne la contente pas, elle reviendra.
    — Et s’il lui plaît ?
    — Ce jeu qu’ils pratiquent l’un et l’autre
m’a tout l’air d’être le résultat d’une profonde sympathie l’un pour l’autre.
    — Tu crois ? fit Satiah en prenant
la main de Djenani.
    Les deux enfants avaient totalement adopté le
jeune scribe. Il est vrai que sa culture était grande et qu’il cumulait avec
intelligence de multiples possibilités intellectuelles et de nombreux travaux
physiques.
    Séchât savait qu’elle pousserait Djenani vers
des sphères plus hautes dont il n’avait pas encore conscience. Elle le
testerait plus longuement à Bouhen, afin d’en savoir davantage sur ses diverses
compétences. Comment ce jeune homme, à peine sorti de l’adolescence – car
il avait à peine vingt ans – pouvait-il devenir un simple paysan ?
    — Qu’arrivera-t-il s’ils se plaisent ?
questionna encore Rekmirê.
    — Ils partiront ensemble et tu ne
reverras plus Princesse, répondit Satiah.
    — Vous oubliez une autre hypothèse, dit
Séchât.
    — Laquelle ? firent ensemble les
deux enfants.
    — Ma lionne peut fort bien revenir avec
un ventre rond et plein. Princesse est intelligente. Elle sait qu’elle pourra
élever son petit avec nous, sans risque de le perdre.
    Ils avaient les yeux rivés sur les deux fauves
et ils poussèrent un soupir partagé entre la peine, le doute et l’enthousiasme
quand ils les virent s’élancer dans le désert et courir côte à côte à en perdre
l’haleine.

 
CHAPITRE VI
    Revenu de Nubie pour les funérailles de sa
grand-mère Moutnéfer, le jeune Thoutmosis – bien qu’il fût réellement
peiné – ne pensait qu’à rejoindre son armée campée non loin de Bouhen.
    Avant son départ, la reine l’avait fait
demander en

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